Dommage que Philippe Close ne se prénomme pas Natacha, histoire de respecter un peu plus les dialogues du film culte éponyme. Entre éclats, froncements de sourcils et autres prises de paroles non autorisées, l’ambiance du Conseil communal prend une jolie couleur de fin de règne.
Au générique du MR en embuscade, Bertin Mampaka goguenard, David Weytsman didactique et Geoffroy Coomans de Brachène volontiers donneur de leçons... Des postures qui avaient l’art de faire sourire le PS. Mais ça c’était avant. A quelques encâblures du scrutin communal, les progressistes ont perdu leur second degré. Et le feu nourri des critiques touche tous les sujets.
« J’en ai rien à faire de votre pin’s »
Fêtes du bicentenaire de la Belgique ? Close un peu amer : « A part un pin’s, on verra ce que Monsieur Bouchez parviendra à dégager comme budget auprès de vos nouveaux amis fédéralistes. » Quoi, la N-VA n’aurait pas envie de casquer pour la fête ?
Budget mobilité des échevins ? Les langues se délient et, pour le prix d’un renoncement tout relatif à une voiture de fonction, certains n’ont pas hésité à faire rembourser leur prêt hypothécaire par le trésor public. Une vieille histoire déjà éventée en 2023 et qui réapparaît soudain fort opportunément pour dézinguer les écolos-socialistes et rappeler leurs petites manœuvres d’augmentation de leur fameux salaire « poche ». Weytsman trouve que tout cela « manque d’éthique ». Hellings lui rétorque que, sur ce sujet, « il a changé d’avis ». Ambiance.
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Sous la menace de la Walt Disney Company
Autre sujet, ce placement d’une œuvre d’art à 50.000 € représentant Picsou. On parle ici de la fameuse sculpture ‘(Casse-toi alors) pauvre canard !’ de l’artiste belge Sven ‘t Jolle, installée en avril dernier Place Sainte-Catherine. Coomans se demande si la ville a bien soupesé le fait que Disney pourrait attaquer la ville jusqu’en 2070, soit la date de la mort de l’illustrateur augmentée de 70 ans, délai habituel pour le respect des droits d’auteur. D’autant que, pour cette infraction aux droits de Scrooge McDuck (le nom original de Picsou), on ne pourrait écarter la possibilité d’un procès en contrefaçon (!).
Les sujets s’entrechoquent et la motion introduite par le conseiller Mourad Maimouni, ex-PS, sur le port des signes confessionnels dans la fonction publique ne vient pas adoucir les débats. A ce rythme, la putative majorité MR-PS ne semble pas totalement prête à vivre une législature énamourée jusqu’en 2030. En tous les cas, nous sommes très loin de la ville à 10 minutes, sereine et apaisée, fruit de la passion des rêves humides du bourgmestre.
(Bad) Business as Usual
En marge de ce feu de savane, les péripéties habituelles comme la disparition de plusieurs dizaines de poubelles publiques « parce qu’elles étaient trop souvent pleines » (sic), une passe d’armes entre les troupes du MR et la majorité sur l’opportunité de (trop souvent) placer du logement social à Neder-Over-Heembeek plutôt que de diffuser les projets dans toute la région et le constat, toujours selon le MR, que certains logements neufs mis en location par la Régie des Bâtiments s’avèrent être (beaucoup) plus chers que ce qu’offre le privé... Ce que même le conseiller Maimouni confirme par ailleurs. Un comble, parfaitement assumé par Close qui annonce alors que ces logements, ou du moins une partie, seront « socialisés » ...
Camarades socialisés ?
Pour ceux qui ont arrêté de suivre, « la socialisation des loyers des logements publics de la Ville de Bruxelles a pour but de permettre aux locataires de logements communaux d’être bénéficiaires d’un loyer social, à savoir un loyer calculé sur base de leurs revenus. Ce loyer ne pourra donc jamais excéder les 22% des revenus du locataire. » C’est l’explication que tout un chacun peut lire sur le site du PS. Et c’est la pirouette de Close sur le sujet. Si nos loyers sont trop chers, il suffit de permettre aux locataires de ne pas les payer dans leur totalité. Si c’est pas malin, ça !
Audi- Orbán-Sécurité… Close fait sa Kamala
Le PS a pourtant déjà pas mal de fers au feu : la disparition d’Audi, les bus hongrois de réfugiés et, dernière lubie en date, la proposition de Close de régionaliser la police parce que « le Fédéral ne fait pas son boulot ». Saupoudrez, secouez et vous obtenez les grandes lignes du programme électoral défendu par le PS : « enseignement, logement, propreté et sécurité. »
Tout va mieux que bien
Au-delà de ces vagues promesses, il est plaisant de constater que l’ossature du programme progressiste prend intégralement sa source dans les décisions issues des concepts de la bien-pensance social-démocrate.
C’est la triste rencontre de ces deux courants délétères : d’un côté, une politique d’appauvrissement de la classe moyenne matraquée une politique énergétique européenne inconséquente, une réglementation kafkaïenne, une taxation imbécile et un hubris de va-t’en-guerre idiot. De l’autre, un transfert forcené de populations culturellement imperméables, une justice à plusieurs vitesses qui protège le pouvoir, bannit la liberté d’expression mais libère les flagrants délits, un sentiment de n’être ni entendu, ni représenté, un ressenti de plus en plus prégnant qu’il faut se défendre des institutions plutôt que d’espérer encore qu’elles défendent le citoyen.
Un constat de fin de civilisation, ou du moins de fin de législation, qui nous ferait (enfin ?) oublier que nous sommes toujours le Royaume le plus taxé du monde.
Foster Laffont