Lundi 9 septembre, premier conseil communal de l’automne (ou presque) et 46 pages (ordre du jour et suppléments) de turbo-décisions destinées à rattraper 2 mois d’été durant lesquels l’écolo-progressisme fait traditionnellement ceinture sur ses dépenses. A telle enseigne que même le bourgmestre semble avoir un peu maigri.
En affaires courantes, ce qui devrait normalement être le cas à 3 semaines des élections, la majorité de Bruxelles-ville parvient tout de même à s’engager pour près de CHF 9,5 millions à destination de l’UCI (Union Cycliste Internationale et pas ‘Fédération internationale du cyclisme’ comme le pavoise l’ordre du jour) pour l’organisation des Championnats du Monde de Cyclisme de 2030 dans notre belle capitale.
Monsieur Boulier n’est pas compteur
Première bourde, les documents du conseil communal indique que ces 9,5 millions de francs suisses, payables en tranches à partir de septembre 2025, ne représentent « que » € 9,6 millions d’investissement... Un petit tour sur Boursorama aurait averti l’auteur du pensum officiel que cette somme en francs suisses représente plutôt ... 10.165.000 €, soit une différence de 7 %.
Les budgets sont en déficit, certes, mais est-ce une raison pour refuser d’appliquer les principes élémentaires du calcul mental aux cours de changes internationaux ?
Enfin, voilà toujours 10 briques que le MR n’aura pas. Et hop !
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Le temporaire à vil prix
Au fil des décisions, pointons encore la somme rondelette de 8.493.425,00 EUR hors TVA, soit au total 10.277.044,00 EUR, TVA de 21% comprise pour un « marché public de travaux ayant pour objet la construction d’une salle de sport temporaire, sur le site du stade Vander Putten, sis boulevard de l’Abattoir, 50-51 à 1000 Bruxelles ». Le mot important, cette fois, c’est
« temporaire » ... Et, par la même occasion, encore 10 patates vaporisées.
Constantinople et la blague du sol souple
Poursuivons : les revêtements vont apparemment être remplacés dans « les bâtiments communaux du domaine public de la Ville de Bruxelles, dans les bâtiments communaux du domaine privé et dans les bâtiments de la Zone de Police Bruxelles Capitale-Ixelles », soit une dépense de 4,3 millions à laquelle il faudra ajouter différents travaux de serrurerie pour la modique somme de 726.000 €. Et 5 millions de plus en goguette alors que, si l’on ne se trompe pas, la police de la zone Bruxelles-Ixelles aurait dû occuper son nouveau bâtiment, le fameux De Ligne, depuis belle lurette... Comme chacun sait, la lurette attendra 2028, au mieux. Et pour le confort des pandores, on remplace le vinyle à grands frais. Enfin... aux vôtres surtout.
Et voilà, en trois coups de cuiller à pot, 25 millions (1 milliard de francs belges comme disait ma chère mère) d’impôts vite dépensés, auxquels on ajoutera une kyrielle de petits coups de pouce aux asbl diverses et variées qui émaillent la liste civile du pouvoir socialiste.
Bruxelles à la Prévert
Au hasard, attardons-nous sur les 17.000 € accordés à l’asbl High Her pour son programme « Money Academy » : des sessions de formation pour les femmes destinées à les aider à se lancer dans l’entreprenariat. Le site de l’asbl le précise, normalement ce cycle coûterait 1.800 € mais grâce à ses sponsors (Belfius et Bruxelles-ville), cela ne coûte plus que ... 300 € aux participantes qui voudraient s’ouvrir aux arcanes de la négociation financière et aux secrets du « personal branding » (et l’importance de la posture (sic)) ...
Projet inclusif sans nul doute mais très capitaliste pour une majorité écolo-progressiste.
On le voit, la ville n’est pas sectaire, puisqu’elle accorde aussi 25.800 € aux antiquaires du Sablon pour l’organisation de leur Sablon Design Market. On n’y pense jamais assez mais il existe souvent moins nanti que nous, surtout dans l’antiquaille.
Avec l’octroi d’un autre subside, de 8.000,00 € cette fois, à l’asbl «Association du Quartier Bruegel et des Marolles» pour fleurir des pieds d’arbres (re-sic), on touche au poétique. Comme avec un train qui peut en cacher un autre, cette asbl est à ne pas confondre avec l’asbl «Association de commerçants du quartier Bruegel et des Marolles » qui reçoit, elle, un subside de 25.000,00 € pour « le maintien et le développement de son site internet, l’embellissement des rues, petites animations, les «Fêtes Bruegel» et son fonctionnement. Pourtant, pour les « Fêtes de Bruegel », un autre subside (de 2.500 €) est à nouveau versé à l’Association du Quartier Bruegel et des Marolles... Faute de frappe ou erreur d’aiguillage mais, en tout état de cause, ce sont plus de 35.000 € offerts aux têtes pensantes du quartier. Bravo, l’artiste.
Les communales en sonneront-elles le glas ?
On pourrait continuer à pointer ces dépenses des jours durant... Ainsi ces 500 €
offerts à Monsieur Clément Bourtembourg pour l’organisation de la fête de quartier Square Jean Jacobs (Késako ?) ou ce subside de 2.000 € envoyé à l’asbl Maison de quartier pour un voyage à Reims. Ou encore ces 3.500 €
pour l’asbl Clown Emoi, association fondée en juillet 2023, pour le projet trépidant du «Jeu des 7 rencontres clownesques»... Pour cette dernière, on pourrait aussi, légitimement, s’interroger sur l’absence de site web décrivant son activité ou s’étonner qu’elle soit installée à l’adresse du domicile de sa trésorière. Au hasard de notre lecture, sur ces quelques dizaines d’asbl, ce sont à nouveau 120.000 € qui ruissellent vers l’inconnu.
Ne pas confondre le doigt et la lune
A la lumière de la situation financière actuelle, chacun serait pourtant en droit de dénoncer la gabegie systémique dont pâtissent nos impôts. Quels que soient d’ailleurs le montant impliqué ou les motivations, bonnes ou mauvaises, d’un soutien financier à telle ou telle structure : a priori, tout projet semble légitime à quémander un soutien financier. Mais est-ce le rôle de Bruxelles-ville d’y répondre, a fortiori en situation de faillite virtuelle ?
Plus prosaïquement, chaque citoyen ne serait-il pas bien avisé d’exiger aujourd’hui une réponse claire à cette ultime question : n’est-il pas temps que la caste politique arrête d’incarner cette espèce de Père Noël dégénéré, Frankenstein de la tirelire, créé pour assurer une base électorale reconnaissante et assurer les résultats des prochaines élections ?
La particratie, les « carrières » politiques, l’absence de responsabilité financière, le népotisme d’appareil et le fait du Prince sont les véritables cancers de nos démocraties européennes. Pas Elon Musk, ni Donald Trump !
Foster Laffont