Les élections truquées au Venezuela rappellent que la République islamique d’Iran soutient le régime socialiste vénézuélien, qui est virulemment antisioniste.
Lors des élections présidentielles vénézuéliennes de 2018, Nicolás Maduro avait été réélu avec 67,8 % des voix. Les résultats avaient été largement contestés par l’opposition et plusieurs pays, qui avaient dénoncé des fraudes et des irrégularités dans le processus électoral. L’abstention avait été élevée, atteignant environ 54 %, ce qui a également soulevé des questions sur la légitimité du scrutin.
Élections de nouveau contestées
Ce 28 juillet, l’homme fort du pays a fait moins bien. Nicolás Maduro a été réélu pour un troisième mandat de six ans avec 51,2 %. Comme en 2018, l’opposition a contesté les résultats, accusant le gouvernement de fraude et d’irrégularités. Malgré les doutes et les critiques de la communauté internationale, Maduro a célébré sa victoire avec ses partisans, promettant « la paix, la stabilité et la justice ».
Cette victoire est difficilement crédible. Les politiques socialistes infligent des souffrances incompréhensibles au peuple vénézuélien. Depuis l’arrivée au pouvoir de Maduro en 2013, le Venezuela a connu une crise économique et politique majeure qui a poussé des millions de Vénézuéliens à fuir le pays. Selon les données de l’ONU, quelque 4,9 millions ont fui la crise entre 2015 et 2020, ont fui la famine, la violence et la répression. Le plus grand déplacement de personnes en Amérique latine représente environ 15 % de la population du pays.
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Comment, dans une situation aussi déplorable, la population pourrait-elle choisir de continuer à vivre dans la misère ? Le secrétaire d’État américain Antony Blinken a exprimé de « sérieux doutes » sur les résultats de l’élection, déclarant : « Nous avons de sérieuses inquiétudes sur le fait que le résultat annoncé ne reflète pas la volonté ou le vote du peuple vénézuélien ». L’Union européenne s’est contentée d’appeler à la transparence en donnant accès aux résultats détaillés.
Ces résultats ont même été contestés par des leaders de la gauche latino-américaine, tels que Luiz Ignacio Lula (Brésil) et Gustavo Petro (Colombie). Le président chilien Gabriel Boric a qualifié cette réélection de « difficile à croire […] depuis le Chili, nous ne reconnaîtrons aucun résultat qui ne puisse être vérifié ». Il convient de noter que Jean-Luc Mélenchon, le leader de LFI, n’a exprimé aucun soutien public à Maduro, ce qui contraste avec ses positions précédentes dans lesquelles il défendait ouvertement le chavisme.
La révolution bolivarienne
Le chavisme ? Oui, Maduro est l’héritier politique d’Hugo Chávez, le militaire vénézuélien qui voulait instaurer le socialisme bolivarien, non seulement au Venezuela, mais dans toute l’Amérique latine, puis dans le monde entier. Grâce aux gigantesques réserves de pétrole de son pays, Chávez s’imaginait devenir le maître du monde. Avec 301 milliards de barils, soit 18 % du total mondial, le Venezuela possède les plus grandes réserves prouvées de pétrole brut au monde, loin devant l’Arabie saoudite qui en possède 267 milliards.
Chávez pensait avoir un rôle à jouer dans la géopolitique de l’énergie, et donc dans la géopolitique mondiale. Il avait endossé le rôle de bienfaiteur des pays souffrant de la hausse des prix du pétrole. Pour narguer George Bush, qui avait imposé des sanctions à son pays, il avait soutenu le programme nucléaire iranien et il se pavanait avec le premier ministre de la République islamique d’Iran de l’époque, Mahmoud Ahmadinejad.
Maduro allié de la République islamiste d’Iran
La république chiite a félicité Maduro pour sa réélection, car il mène une politique fondée sur le principe selon lequel les ennemis de mes ennemis sont mes amis. Il s’est rendu à Téhéran en juin 2022 pour la deuxième fois où il a été reçu par le Guide suprême de la révolution islamique, l’ayatollah Khamenei, qui a souligné que la résistance est le seul moyen de faire face à la pression américaine. Il a également fait l’éloge de Maduro pour sa position antisioniste, la qualifiant de courageuse. Le président vénézuélien a remercié la République islamique d’Iran d’avoir aidé son pays dans sa lutte contre la pression américaine.
Naturellement, Maduro doit faire preuve d’allégeance. L’ancien syndicaliste a critiqué le gouvernement israélien pour sa réponse militaire aux attaques terroristes du Hamas. Dans une émission de télévision qui lui est consacrée (« Con Maduro + »), il a déclaré que « les racistes et les suprémacistes du sionisme veulent aujourd’hui en finir avec le peuple palestinien, et ils veulent en finir avec tous les peuples arabes, avec tous les peuples musulmans. Ils ont semé une idéologie de haine et de rage, ils la sèment depuis 75 ans avec le soutien de l’Occident ». Et d’ajouter : « Attention, hommes et femmes des États-Unis et d’Europe, ils ont semé une idéologie plus dangereuse que l’idéologie nazie. D’abord contre le peuple palestinien : razzias, extermination, génocide, bombes atomiques (sic), puis contre les peuples arabes, tous les peuples musulmans. Et puis ils voudront s’en prendre à nous, aux chrétiens, aux catholiques ». Maduro, qui n’est pas étranger à la contradiction, se présente comme un catholique, mais défend les extrémistes religieux iraniens.
L’Occident n’a pas besoin du pétrole du Venezuela, et encore moins de celui de la République islamique d’Iran, grâce à l’abondance du pétrole partout dans le monde, y compris chez le voisin du Venezuela, le Guayana (voir PAN du 15 décembre 2023). Si le monde veut jouir d’une plus grande paix, il est urgent de recadrer l’Iran et Maduro. Qu’attendent nos dirigeants ? Que le Venezuela perde toute sa population, contrainte de fuir un pays pauvre, mais aux immenses réserves de pétrole ? La « malédiction du pétrole », expression historique utilisée pour décrire les souffrances de la population dans de nombreux pays producteurs de pétrole, est très vraie pour ces deux pays anti-israéliens. Quant à Israël, grâce à sa production de gaz naturel, il s’est affranchi de la peur des pénuries d’énergie et prospère, contrairement au Venezuela et à la République islamique d’Iran.