De Strasbourg à Bruxelles, toujours plus de contraintes !

L’isolation d’un bâtiment semble rationnelle. Mais elle n’est pas toujours opportune pour les bâtiments existants. Or Bruxelles-Strasbourg s’apprête à l’imposer par voie réglementaire. Bruxelles-Capitale, plus fervente encore que l’UE, vient de le faire !

La frénésie législative qui s’est emparée des députés européens conduit à une inflation de réglementations dans tous les domaines, à des mesures liberticides dont on ne mesure pas encore tout l’impact sur la vie des citoyens, contrairement aux agriculteurs qui commencent à comprendre que Bruxelles-Strasbourg contrôle leur vie.

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Le 12 mars, le Parlement européen a adopté sa position sur la révision de la directive sur la « performance énergétique des bâtiments » (PEB). Adoptée en 2002, elle a été renforcée plusieurs fois. Après l’étiquetage des appareils électriques pour indiquer leur catégorie de performance énergétique, il a été jugé utile d’informer de la même manière le locataire ou l’acheteur d’une maison sur la performance énergétique de celle-ci. Mais ce qui était à l’origine une information est devenu une contrainte insupportable, chère et liberticide. L’UE compte 180 millions de logements, dont la grande majorité a été construite il y a plus de 50 ans et une grande partie il y a plus de 75 ans. La transformation de ces logements en habitations économes en énergie est d’un coût prohibitif et prend des décennies avant d’être rentabilisée. Puisque les citoyens n’ont pas réalisé les économies d’énergie escomptées, l’UE va les y obliger en leur imposant davantage de contraintes.

Décarbonation et promotion du vélo

Cette punition prise dans le cadre du Pacte vert exige que tous les nouveaux bâtiments soient exempts d’émissions à partir de 2030 et que ceux occupés ou possédés par les autorités publiques le soient à partir de 2028. Étrangement, dans la révision de 2010, les mêmes dates étaient respectivement 2020 et 2018. Les repousser de 10 ans indique un échec que l’on tente de cacher. Pourtant, il suffit d’être un peu attentif pour observer combien de bâtiments publics ont encore des fenêtres à simple vitrage. J’en ai toute une collection. Faites ce que je dis, pas ce que je fais…

Cette révision a été adoptée par 376 voix pour, 199 contre et 46 abstentions. Presque tous les écologistes de tous les partis de Belgique francophone ont voté en faveur de ce cauchemar (Arena, Bricmont, Chastel, Lambertz, Lutgen, Tarabella). Seul Botenga du PTB a voté contre. Ries n’a pas pris part au vote.

Cette législation liberticide mettra la pression sur les petits propriétaires qui seront contraints de rénover des bâtiments alors qu’ils n’en ont pas les moyens, d’autant plus que la durée d’amortissement ne leur permettra pas de rentabiliser leur investissement. Les députés de Strasbourg sont restés sourds et aveugles aux besoins de ceux qui, au prix des sacrifices d’une vie, ont pu acheter leur propre maison et doivent encore dépenser de l’argent parce que des écologistes de tous les partis veulent bien inutilement décarboner le monde. 

Matteo Salvini, vice-premier ministre d’Italie, a posté sur X « Encore une folie européenne. Nous avons besoin d’un changement de cap pour réviser la directive, renvoyer la gauche à la maison et amener une nouvelle majorité de centre-droit à Bruxelles ».

Même si les écologistes sont à la manœuvre, il est tout de même surprenant que le mot « vélo » soit utilisé 27 fois dans cette directive concernant les bâtiments. En 64e position sur une liste de 66 définitions (!), les députés européens ont établi cette définition : « “emplacement pour vélo” : un emplacement réservé au stationnement d’au moins une bicyclette ». S’ensuit une série de dispositions, parfois absconses. Par exemple : « Les États membres peuvent adapter les exigences concernant le nombre d’emplacements de vélo à prévoir en application des paragraphes 1 et 2 pour des catégories particulières de bâtiments non résidentiels auxquels l’accès ne se fait généralement pas à vélo ». Si vous voulez rire - ou pleurer - de ce à quoi les députés européens passent leur temps, le texte est disponible sur ce lien : https://www.europarl.europa.eu/doceo/document/TA-9-2024-0129_FR.html#title2

L’excès de zèle bruxellois…

La région de Bruxelles a adopté avant Strasbourg des dispositions encore plus répressives. Le ministre bruxellois de l’Environnement, Alain Maron (Ecolo), a adopté un plan de rénovation de la Région de Bruxelles-Capitale. D’ici 2033 et 2043, respectivement 250 000 et 750 000 logements devront avoir fait l’objet d’une rénovation énergétique. Des amendes seront imposées à qui ne rénove pas. Vu le nombre d’immeubles gérés par des copropriétés à Bruxelles, on peut imaginer les conflits entre copropriétaires puisqu’il est déjà difficile de se mettre d’accord sur des choses simples. Tout le monde n’est pas prêt à jeter l’argent par les fenêtres pour se donner bonne conscience et rêver de sauver la planète. 

Le chapitre XI de mon livre « Énergie, mensonge d’état » est intitulé « la solution merveilleuse, mais illusoire de l’efficacité énergétique ». La recherche de l’efficacité énergétique n’est pas gratuite, elle nécessite des investissements qui ne sont réalisés que parce que de l’énergie est utilisée. C’est ce qu’on appelle l’effet rebond. On croit économiser d’un côté, mais on dépense de l’autre. Dans Science-Climat-Énergies, j’ai montré à quel point tout cela est illusoire. Le concept qui compte dans la politique énergétique n’est pas la consommation par mètre carré de logement comme le prétendent ces directives, mais l’intensité énergétique, c’est-à-dire la quantité d’énergie consommée par unité de PIB (kWh/€). Mais cela devient trop compliqué pour les députés européens de Strasbourg. Et ceux de Bruxelles aussi !