Large attente populaire concernant l’enseignement
Selon l’UNICEF, sept millions d’enfants ne sont pas scolarisés au Congo. Ne pas en déduire que les autres seraient scolarisés de façon satisfaisante, car le niveau d’enseignement est globalement affligeant, mais l’espoir reste permis.
Aux carences logistiques s’ajoutent des pratiques du corps professoral qui entravent l’accès à l’éducation. En raison de celles-ci, la nouvelle ministre de l’Éducation nationale, R. Malu, a lancé une circulaire fixant des règles à respecter. Évidemment, tout cela est aggravé en zone de guerre : deux mille écoles fermées ou détruites. Cependant, il faut souligner qu’en dépit de tout, il existe une forte attente sociale quant à la nécessité de mettre les enfants à l’école. De nombreuses familles s’endettent même pour cela. L’enseignant gratuit est le fer de lance du Chef de l’État, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo ; il entrera dans l’Histoire le jour où il aura accompli cette œuvre.
Cette circulaire ministérielle révèle en miroir des pratiques d’enseignants. Ceux qui exigent des dollars devront se résoudre à être payés en monnaie nationale. Ceux qui, arbitrairement en cours d’année, exigent des fonds, des « acomptes », se le voient interdire. Les abus financiers sont fréquents. Concrètement, cela se traduit par des enfants refusés à l’école jusqu’à ce que leurs parents s’exécutent. En principe, cette circulaire a réglé ce problème ; en fait, c’est incertain. L’an dernier, le ministre précédant avait pris la même position mais en vain. Des mots ! De l’incantation ! Pas de suivi ! Et l’impunité en prime ! Cette fois-ci, comme l’an dernier, une grève d’enseignants impayés a failli empêcher la rentrée scolaire. Lorsque l’État n’assume pas les coûts de l’Éducation nationale, les carences s’expliquent, au moins en partie.
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La même circulaire interdit aux enseignants d’imposer leurs fournisseurs aux parents ; qu’il s’agisse des uniformes, des tenues de gymnastique ou des fournitures scolaires. C’est dire l’existence d’ententes et de rétributions parallèles sur le dos des enfants et leurs familles. Sans parler des prébendes perçues pour obtenir des résultats aux examens. Près de trente millions d’enfants sont concernés. Pour nous faire une idée, sachons qu’en termes de nombre de scolarisés, cela correspond à trente fois la Belgique en manque de véritable secteur éducatif. Parmi eux, huit cent mille sont orphelins. Un drame humain d’une ampleur énorme. Autre interdiction révélatrice, il n’est plus autorisé d’exiger des frais de confirmation d’inscription. Tout était, et demeurera probablement, prétexte à soutirer de l’argent aux parents, du chantage à l’éducation.
Le Congo est le pays de tous les défis. Il est gigantesque, potentiellement richissime et tout y est à entreprendre. L’espoir est là. L’initiative privée émerge. Des banques offrent des crédits aux parents pour financer les études des enfants. Aujourd’hui, c’est embryonnaire, mais demain le volontarisme individuel prendra enfin de l’ampleur et palliera le déficit récurrent du secteur public. Un indice d’activité prometteuse, entre autres : à Kinshasa, place Royale, se tient la Foire du Livre scolaire, en réalité cette fois-ci trois ou quatre vendeurs dont les étalages se trouvent au sol, le signe positif d’un début.
Mais le défi de l’enseignement est majeur. Grant Leaity, représentant de l’UNICEF en RDC, l’a relevé : « La scolarisation et le maintien à l’école des enfants sont influencés par une multitude de facteurs externes, comme la disponibilité de l’eau, l’hygiène et l’assainissement au sein de l’école, la nourriture et des fournitures scolaires de base pour les enfants par exemple. De même, les mariages d’enfants, les grossesses précoces et les violences représentent des freins à la scolarisation et au maintien à l’école. Les filles sont plus susceptibles de se rendre à l’école quand elles ont leurs règles si de l’eau salubre est accessible, ainsi que des installations sanitaires adaptées ». Vaste programme. Bref… Espérons !