Prenant comme chaque année mes vacances au Venezuela, dans un palais sept étoiles platine-diamant du régime offrant différentes commodités typiquement marxo-bolivarienne : piscine, sauna, esclaves, je me dirigeais comme tous les soirs vers mon jacuzzi préféré muni avec simplicité d’un Jéroboam de champagne millésimé, quand des bruits de conversation me parvinrent du vestiaire attenant :
- Pero, seigneur Orduro, pourquoi tu organises encore des élections ?!
- Parce que le Venezuela est une démocratie ! (rires gras)
Un troisième larron :
- Démocratie, dictature, … ne sont que des prénoms ! Du moment que la révolution bolivarienne est notre nom ! (éclats de voix).
M’interrogeant légitimement sur le caractère effectivement ‘privé’ du sauna que j’avais pourtant expressément réservé à ce titre, j’aperçois avec horreur les titulaires des trois voix en question apparaître dans le plus simple appareil dans l’enfilade qui mène au vestiaire ! Le président cubain me montre du doigt :
-Seigneur Orduro, je te présente Frodo Godefridi, il est journaliste !
Un temps d’arrêt. Monsieur Castrolle (président cubain) reste un moment interdit, comme si on lui avait désigné Jésus-Christ ou Elon Musk :
- Journaliste ? Tu veux dire journaliste comme… ?!
- Mais journaliste comme chez nous, hein ! Il est au « Monde éclairé », soutien le plus fervent de la Noble Cause islamo-gauchiste en Europe !
- Pfffuuiit…. Tu m’as fait peur ! Dès fois qu’il serait chez Breitbart ou à Doorbraak ! (rires épais)
Sur ces entrefaites, mes trois nouveaux amis ont glissé leurs horribles corps adipeux dans « mon » jacuzzi. Je suffoque.
- On est un peu à l’étroit, hein ? me glisse d’un air complice le président de la Bolivie — car c’est bien lui, le troisième larron, je l’ai reconnu ! — mettant la main sur ma jambe.
- Mais lâchez-moi… crapule ! (Ouïe !)
- Tu sais à qui tu parles ?
- Écoutez, je veux bien servir la Cause, mais il y a des limites !
Dans l’intervalle nous rejoint Jean-Luc Pétenchon, célèbre tribun antisémite français en comparaison duquel Darquier de Pellepoix était un modéré et Staline une sorte d’humaniste. Il se glisse avec élégance entre le seigneur Orduro et le président Castrolle. Mais c’est le Bolivarien qui l’interpelle :
- Monsieur, ici (me désignant), notre invité, nous assure qu’il sert la Cause ? Qu’en penses-tu, Jean-Luc ?
Jean-Luc, que je fréquente depuis des années, me fixe de ce beau regard à la fois détendu et bienveillant qui fait sa réputation. Une minute s’écoule, je sens ma dernière heure s’approcher. Puis, il lâche :
- Servir… dans servir, il y a serf, et servile. Es-tu — me demande-t-il — bien serf, et servile, Frodo ?
- Mais, Jean-Luc, je ne te permets pas ! Je suis quand même journaliste !
Un silence, puis des hurlements de rires de Castrolle, le Bolivarien et Orduro. Pétenchon, lui, reste sérieux ; et reprend bientôt :
- Quand l’un de tes collègues de rédaction, ce fils de truie, du Soleil et de la Lumière — air entendu et complice avec les trois autres — s’en est pris à ma charmante compagne faisant l’éloge des dirigeants du Hamas démocratique & résistant, qu’as-tu fait ?
- Mais, je ne suis que journaliste ! Que pouvais-je faire ?!
- Silence, goret ! (Pétenchon avance un doigt menaçant jusque sous mon nez)
Moi je représente la Nation ! Je suis la République ! LA FRANCE, C’EST MOI ! Toi, tu n’es rien, poussière d’asticot !
Les trois autres opinant du bonnet, dans un silence sépulcral, je crois utile de ne pas répondre. D’ailleurs je suis familier de l’humour bon enfant de Jean-Luc. Il reste dans la même position un bon cinq minutes, le doigt tendu sous mon nez, me fixant de ses yeux exorbités. Puis, comme touché par la grâce de sa vraie nature — qui est bonne — il se ravise et se détend, me lançant ce sourire charmeur qui le rend si irrésistible dans les milieux islamistes et hitlériens :
- Allez, va. Je te pardonne. Masse-moi les pieds.
Je m’empresse.
Frodo Godefridi,
Journaliste engagé au « Monde éclairé ».