Alors que la « ville monde », comme aime l’appeler le bourgmestre Close résonne encore de sa dernière fusillade, le citoyen a confusément compris qu’il n’est plus nécessaire de se déplacer à Kramatorsk, Gaza ou Tel Aviv pour prendre une balle perdue. Chacun peut le constater : le concept de la ville à 10 minutes, c’est carton plein.

Pas comme son entretien... qui évolue sur un horizon temporel bien plus distendu, où l’on parle en mois voire en années, avant d’envisager une quelconque solution. Bien sûr, comme le disait si bien Albert, tout est relatif et le politique s’acharne à donner l’impression de mettre en place des solutions pour repriser le tissu de la ville, souvent fort dégradé par ses usagers. Et plus spécialement en période pré-électorale.

Ainsi de « Fix my Street », ça vous parle ? Créature hybride entre la « théorie de la fenêtre cassée »* et NIMBY**, cet outil en ligne permet à tout un chacun de signaler un dysfonctionnement urbain afin que les services de la ville interviennent... au plus vite. Un concept qui fonctionne plutôt pas mal dans les pays anglo-saxons mais qui, chez nous, se retrouve sous la férule de Bruxelles Mobilité, autrement dit dans les rets du dogmatisme Groen de la ministre Elke Van den Brandt. Pour faire court, ça réagit aussi rapidement qu’un escargot frappé d’un coup de soleil.

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La fontaine des Engagés

Didier Wauters (Les Engagés), très remonté lors du conseil communal du 25 mars dernier et pris d’un amour soudain pour la fontaine sise Place de la Chapelle (Sablon), se demande si, un jour, cet ornement verra son éclairage rétabli. Une question facile mais qui, vous l’allez voir, vint remuer un peu de cette bonne vase dans laquelle baignent nos institutions depuis trop longtemps.

Après avoir rappelé ses interpellations de 2018, 2019 et 2023 au sujet de ces loupiotes en capilotade, quelle ne fût pas notre surprise (feinte mais tout de même surprenante) d’apprendre que le « plan lumière » (sic) des communes bruxelloises dépendait entièrement de Sibelga. Défaussement de courte durée puisque Sibelga (fusion d’Interelec, d’Interga et de Sibelgaz) est à 100 % propriété des 19 communes depuis 2012. Et on va vite comprendre que, quel que soit son nom, la qualité de la gestion publique n’est, une fois encore, plus à démontrer.

Tiens-toi à l’ampoule, je tourne l’échelle !

Dès lors pourquoi, warum, près de 6 années après le premier signalement, sur Fix my Street donc, le digne éclairage de cette « fontaine à obélisque de 1765 »***
 n’a-t-il toujours pas été rétabli ? Et ce malgré les 4.000 fonctionnaires de la ville de Bruxelles, « le plus gros employeur de la région » et... les 3.000 membres émargeant au registre du personnel de Sibelga, organisme essentiellement consacré à régler les problèmes électriques de la région?

Conseil communal oblige, ce n’est pas Elke qui plaidera son habituelle innocence du haut de son strapontin régional, mais bien une autre sainte-Nitouche de la mouvance Ecolo-Groen, cette engeance toujours si prompte à donner des leçons à tout le monde : l’échevin ès mobilité, le ci-devant Bart Dhondt, grand chambellan des rues à jeux et ordonnateur des saintes interdictions de circulation.

Première ligne de défense de cette incarnation la grande trouille malthusienne, le nombre de signalements « lumineux » est, faut-il le dire, très élevé : on parle de 2.300 plaintes par an. Certes mais avec un personnel comptant près de 10.000 individus, en comptant les équipes de choc des 18 autres communes, est-il vraiment nécessaire d’attendre plus de 6 ans pour changer 6 ampoules (oui, oui, faites le calcul...).

La normalité, camarade

Pipi répondit l’écho

« C’est tout à fait normal », nous endort le joueur de pipeau de la boucle apaisée. Alors, si c’est normal... bien sûr. Et d’insister à nouveau sur le suivi ininterrompu de ces nuisances par les services de la ville: « nous avons accès au fichier des pannes. De leur côté, les départements des espaces verts et de l’espace public suivent également les problèmes pouvant mettre en cause l’image de la ville ou créer des problèmes de sécurité. »

Oui mais, lui répond l’engagé Wauters, quid de cet éclairage spécifique ? « Nous n’avons pas été directement informés » répond Bart dans le plus pur style soviétique. Il est pourtant en mesure de préciser aujourd’hui que «les encastrés sont hors service », que « tout doit être remplacé » et, pour conclure sur l’incontrôlable aléa moral destiné à conforter son excuse branlante: « certaines personnes avaient l’habitude d’uriner sur place »... Un scoop.

Et en attendant ? « Le circuit a été déconnecté et une concertation devrait avoir lieu. » Une co-concertation, espérons-le, mais avec qui et pour apprendre quoi exactement ? Qu’il faut changer les ampoules par paire ou qu’il faut revoir l’étanchéité qui, apparemment, a pu arrêter la pluie mais pas l’urine ? Il faudra sans doute plus d’une réunion.

Quant aux signalements sur Fix My Street ? Disparus bien évidemment car, comme l’avait bien défini le Professeur Shadoko, l’inventeur de l’ouvre-boîte en conserve, « s’il n’y a pas de solution, c’est qu’il n’y a pas de problème. » Ga Bu Zo Meu.****

* Tolérance zéro ! Cette théorie, instaurée par les sociologues et criminologues George L. Kelling et James Wilson en 1982, s’est avérée essentielle dans la lutte contre la criminalité à New York.

** Not In My Back Yard : pas dans mon environnement !(littéralement : pas dans mon jardin).

*** Oui, Pan, c’est aussi de la culture générale...

**** Pour les connaisseurs.