Close expérimente le ressenti de la Wehrmacht

Visage d’une des 2 interpellations citoyennes du conseil du 25 mars dernier, Chérine Layachi est à la fois simple, charmante et efficace. Cette âme bien née a œuvré dans le social et poursuit aujourd’hui son évolution dans le culturel. Elle a même réalisé un film sur ce que vivent les malheureux habitants du quartier Stalingrad. Vous voyez ce bout de terrain à la manière du film « Le Chat » avec Gabin et Signoret, derrière le pont de la gare du Midi ? Au-dessus de l’extension du Métro qui sera peut-être achevée dans 15 ans.

Parmi celles et ceux qui avaient assuré, Close au milieu, croissant de bois, croissant de fer, que le chantier du nouveau métro serait bouclé fin 2024, fi-ni, pro-mis, pas un politicaillon pour se mordre les doigts. Et puis, ils sont cool à Stalingrad : on leur fracasse tout sur la tête et personne ne moufte.

Alors Chérine Layachi, douce égérie qui semble cocher toutes les cases pour qu’un PS professionnel comme Close lève l’oreille en truffant le doux parfum de l’électrice issue de la diversité... « Elle est des ‘nôtres’ » se disent-ils,
« laissons-la parler ». Même un peu plus longtemps que les autres, pourquoi pas ?

Il faut pourtant y regarder à deux fois et surtout bien écouter Mademoiselle Layachi. Car dans son interpellation au bourgmestre, celle-ci n’a pas mis beaucoup de fleurs au programme de l’envoi. 

Force et douleur

Sa voix de velours évoque la poussière, le bruit, l’absence de mobilité, les risques d’accident et aussi, avec un peu de pudeur, parce que personne n’aime reconnaître la réalité d’une telle infestation : l’invasion des rats dérangés par les Caterpillar et les pieux Franki.

Elle ne se plaint pas, Chérine Layachi, ni ceux qu’elle représente, des citoyens d’un quartier jeté dans l’impéritie des grands chantiers bruxellois. Elle ne met en cause ni les travaux, ni l’extension, bonne ou mauvaise, du métro : elle admet même que le politique décide. « On vous croit sur parole » aura-t-elle-même la candeur de déclarer.

En revanche, elle voudrait bien connaître la vision de ces décideurs qui les ont propulsés, elle, sa famille, ses voisins, leurs amis... dans 15 années d’enfer,
a minima, sans concertation, sans écoute... pendant une législature où l’on n’a jamais autant parlé en vain de co-construction et de consultation citoyenne.

She had a dream

Mademoiselle Layachi voudrait savoir, définissant les siens comme « des experts de leur propre quotidien », si les projets de ces Messieurs-Dames issus de la cuisse de Jupiter du suffrage universel auraient prévu, quelque part dans leurs cartons, une (toute) petite place pour parler de leur avenir.

En toile de fond, une question lancinante : comment recréer Stalingrad, avec ses liens forts entre les habitants, les palpitations des quelques 300 commerçants qui y vivent, avec fierté, depuis des dizaines d’années (« pas tous maghrébins mais maghrébins tout de même, qu’on se le dise »), avec ses salles de sport, ses écoles... ? Comment recréer, réinventer, ce quartier après le chaos du chantier. Pour qu’il ne disparaisse pas corps et biens.

Cynisme et sacrifice...

Entre deux regards à son portable, l’ami Close aime souvent déclarer qu’il est « responsable même si ce n’est pas de sa compétence. » On le croit sur parole : l’incompétence, il l’aura déjà prouvée à maintes reprises durant cette législature. Quant à sa responsabilité, elle vient se lover tout entière dans l’une de ses nombreuses autres antennes technocratiques : « notre boulot, c’est de trouver des solutions. »

Et, face à Chérine Layachi, les solutions du camarade Close tiennent en 3 coups de cuiller à pot : les sportifs du Palais du Midi vont trouver d’autres salles, les étudiants de Francisco Ferrer seront tous déplacés pour la rentrée 2025 au 33 Quai Willebroek (à plus de 3 km) et, comment dites-vous ?

...des commerçants ?

Si Close reconnaît, avec un cynisme sans égal, qu’il est lui-même étonné du côté « miraculeux » (sic) que des commerces survivent encore dans le quartier, il précise aussi que, « pour ceux-ci, on n’a pas de solution. On négocie les dédits (NDLR : pour les commerçants du Palais du Midi) afin que l’opération ne soit pas vécue comme une ‘expropriation un peu brutale’ (NDLR : lol de compétition) et on essaie d’utiliser des multiplicateurs pour tenter de compenser, à côté du dommage financier, le dommage moral. » En français dans le texte, tout est décidé et de retour, il n’y aura point.

« Votre temps n’est pas le nôtre »

Chérine Layachi écoute et entend : « Il y a peu d’engagements dans ce que vous dites. Vous travaillez déjà au démantèlement alors que la ministre de la Mobilité estime devoir attendre une étude avant de prendre la décision définitive. Ne serait-il pas d’autant plus intéressant d’avoir un espace de discussion ouvert, comme en Grèce antique, dans cette grande salle où je vois pas mal de sièges vides ? Notre temps, n’est pas le vôtre et je ne parle pas des élections.»

Séquence émotion : Chérine Layachi, citoyenne démocrate, vient de découvrir que Close, émanation de la particratie la plus accomplie, ne lui accordera jamais cet espace de discussion.

Sans doute pour les mêmes raisons qui faisaient dire à Staline que « les idées sont plus puissantes que les armes. Nous ne laisserions pas nos ennemis avoir des armes, pourquoi devrions-nous les laisser avoir des idées ? »

Le bourgmestre Close devrait se laisser pousser la moustache !