GRAVE INCURIE DE L’AMBASSADE DE BELGIQUE
La tentative de putsch l’a mis en lumière : les Belges ne sont pas protégés.
Dimanche dernier à Kinshasa, le Tournoi de Pétanque de l’Union des Français à l’Étrangers (UFE) a finalement été interrompu à la Maison de France. Une décision déchirante qui avait donné lieu à débat entre joueurs via Whattsapp, précieuse plateforme d’échanges en cas de troubles. Les Français avaient été alertés à temps par leur ambassade, eux ! Jean: « nous sommes déjà sur le terrain, Juliette et moi, c’est calme aux alentours, ville calme». Et le sarcastique de service: «Justement, peut-être trop calme ».
Charles partage une vidéo du boulevard du 30 juin, désert: «oui, c’est calme». Il annonce: « j’arrive ». Une autre vidéo montre un soldat abattu, les survivants se plaignant du mauvais traitement des militaires et brandissant l’ancien drapeau zaïrois en scandant: « Fatshi dégage ». Arnaud rappelle:
« les consignes de l’ambassade (de France) préconisent de rester chez soi ce matin, mais bon…». Charlène coupe court à ses velléités d’aller néanmoins tâter des boules: « moi, je fais demi-tour, trop de militaires à certains endroits, puis je suis malade et je ne pourrai pas courir, je reste chez moi ».
La décision tombe à 9h31’: report sine die du tournoi de pétanque, juste à temps pour organiser l’alternative, le pastis de fin de matinée en famille.
Vu d’Europe a posteriori, cet échange paraît déconnecté du réel; au contraire, c’est le comportement de ceux qui sont habitués à réagir sereinement en cas d’alerte. Pas d’alerte pour les Belges…
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Il s’agissait d’une tentative de coup d’État, à entendre le porte-parole de l’Armée, le Général Sylvain Ekenge. Pourquoi s’en être pris à Vital Kamerhe ? Les faits coïncident avec la date à laquelle Kamerhe devait normalement être élu président de l’Assemblée nationale. Or, son accession à la fonction avait été différée d’une semaine. Ignorance de ces putschistes maladroits ? Ils se sont ensuite dirigés vers le Palais de la Nation où le Président de la République ne loge plus. Bref, une double cible doublement manquée. À la tête des putschistes, Christian Malanga, abattu sur place, un réfugié politique jouissant de l’asile, à ce titre, aux États-Unis. Son parti ? L’United Congolese Party (l’anglicisation du pays). Son projet ? Un nouveau Zaïre. L’amateurisme de l’opération en dit long quant à la vacuité du personnage et de ses sbires: de dangereux incapables. À 4h30’ du matin, quelques dizaines d’hommes en tenue militaire donnent l’assaut; 6h30’, fin des échanges de tirs. Vers 10h., reddition. Parmi eux, des Américains et un Britannique, probablement de la diaspora congolaise anglophone mais aussi, assure ce porte-parole, «deux blancs». Prompte défaite. Nouveau Zaïre, tu parles. Le maréchal a dû se retourner en sa tombe.
Mais quid des expats ? Dès l’aube, tous les officiels concernés connaissaient, ou devaient connaître, l’existence d’une attaque militaire, situation grave par nature. Deux morts parmi les gardes du quasi-président de l’Assemblée nationale. Même les ressortissants japonais avaient été avertis avant 7h. du matin, directement par leur propre ambassadeur, Hidetoshi Ogawa. L’ambassade de France, soulignons-le, avait aussi prévenu ses ressortissants. Tout cela avant 10h. L’ambassade de Belgique n’en a rien fait; ça étonne quelqu’un ? Première alerte belge, à 14h48’ par ce vague sms: « Suite incidents cette nuit, zone Palais de la Nation et Pullmann fermée aux véhicules. Restez vigilants et évitez approcher barrages ». Un message tardif… sans risque pour l’ambassade et tant pis pour les Belges. Absolument rien auparavant. Ce n’est pas une faute isolée; d’autres Belges, en différentes circonstances de détresse, ont également pâti de l’inertie de nos ternes diplomates. Le soutien consulaire est une vaste blague. Y a-t-il quelqu’un à la tête du Ministère des Affaires étrangères ? Hadja Lahbib, qui n’en est pas à sa première faille, serait mieux avisée de veiller à la protection des Belges au Congo; à l’électeur de la sanctionner. Des mutations s’imposent. Pourquoi ne pas assainir l’ambassade en envoyant en zone tranquille nos si passifs diplomates et fonctionnaires, là où ils pourront se borner à trifouiller allègrement de la paperasse sans mettre les Belges en danger ? Côté congolais, saluons au contraire l’efficacité: le Chef de l’État a neutralisé les putschistes. Bon signe quoiqu’il s’avère in fine qu’ils étaient des guignols sans préparation. Maintenant, quid du suivi et des sanctions à l’heure où la peine de mort est à nouveau en vigueur ? Alors, Fatshi, tu pointes…
ou tu tires ?