Grincheux a la fâcheuse habitude de souvent regarder LCI, la chaîne Info en continu de TF1, qui reste probablement une des chaînes les plus barbantes de la TNT. Les divers plateaux d’’experts orientés sont relativement intéressants, mais régulièrement interrompus par de fort longues coupures publicitaires répétitives. Analyse.

Quand la télé vous regarde

Carglass, Lidl, Renault, Comme J’aime, Groupe Verlaine, Sector Alarm, Homiris, Toyota, Midas, Allianz, Samsung, Peugeot, Leclerc, et quelques autres encore, inondent les consommateurs abrutis de messages aussi récurrents que parfaitement assommants, avant de revenir aux choses sérieuses si vous ne vous êtes pas déjà endormis. Je me demande souvent si je regarde la télévision ou si, finalement, c’est elle qui me regarde !

Réclames Vs publicités

La télévision reste un des principaux vecteurs de la publicité B to C (Business to Consumers) depuis qu’elle a déserté la presse quotidienne ou hebdomadaire, pour son plus grand malheur, privée de cette manne financière alors que le nombre de jeunes lecteurs s’est réduit comme une peau de chagrin. Les jeunes ne lisent strictement plus rien, considérant que les réseaux sociaux suffisent largement à leur information indigente. De mon temps, on ne parlait pas encore de « publicité », mais plutôt de « réclame », une réclame qui serait souvent interdite aujourd’hui tant elle pouvait être raciste, sexiste, addictive, voire stupide. 

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Pour vendre de l’électroménager, la mère de famille standard était évidemment mise à toutes les sauces ; la bière, l’alcool, la cigarette étaient chaudement recommandés ; le médecin fumait uniquement des « Camel »; les bébés pouvaient se raser les joues imberbes avec des « Gilettes Safety ». Vous feriez cela aujourd’hui, vous seriez en prison dans les 48 heures. Mais on ne parle plus de « réclame », anoblie en « publicité », elle-même détrônée par le « marketing », lui-même devenu « marketing ciblé », bientôt robotisé par l’IAG, Intelligence Artificielle Générative.

Vous avez dit progrès ?

Que de progrès depuis Adam et Eve, tous deux nus dans le paradis terrestre, en admiration devant un beau pommier qui produisait, sans aucune publicité tapageuse, la fameuse « Pink Lady » que cet imbécile d’Adam aurait soi-disant croquée au lieu de draguer Eve, la ravissante jouvencelle qui s’offrait innocemment à lui. C’est du moins une des nombreuses fables que nous raconte la Bible qui se refuse à décrire le péché originel comme un rapide accouplement bestial dans son paradis imaginaire. Bien au contraire, Grincheux a la faiblesse de penser qu’Adam a probablement cédé à tant de séduisante nudité gracieusement offerte tout en croquant peut-être une « Pink Lady » juteuse, le fruit défendu, après avoir consommé la vierge consentante.

Eve était-elle consentante ? C’est la question qui se pose ? Elle conduirait aujourd’hui Adam, potentiel pervers sexuel wokiste, devant nos tribunaux de la moraline collective. Eve n’ayant déposé aucune plainte pénale 8000 ans après les faits, cette affaire regrettable peut être classée sans suite alors qu’elle reste pourtant la genèse évidente de tous nos malheurs actuels.

A coup de pognon !

Mais, revenons-en à ces publicités insupportables sur LCI, plus particulièrement sur celle de la grande surface Leclerc qui dépense 530.000.000 d’euros en 2022 pour nous expliquer qu’il est moins cher que tous ses concurrents, nommément désignés. Pour info, Lidl aurait aussi dépensé la bagatelle de 555.000.000 d’euros en 2022 pour affronter directement Leclerc…  C’est ce que l’on appelle la publicité comparative, une des récentes trouvailles géniales, régulées par le Parlement Européen qui ne raterait jamais une telle opportunité de se distinguer. En plus de son budget de publicité stratosphérique, Edouard Leclerc campe littéralement sur tous les plateaux de télévision pour expliquer sa défense implacable du pouvoir d’achat de sa clientèle. Avec son sourire carnassier, cet épicier rapace m’insupporte tout particulièrement. Merci, Seigneur, de ne pas avoir installé un magasin Leclerc dans mon environnement immédiat. 

On compare quoi, au juste ?

Curieusement pourtant, je vérifie dorénavant mes tickets de caisse en me demandant vraiment comment ce boutiquier d’Edouard Leclerc pourrait, à qualité égale, me faire gagner un euro sur mon unique caddy hebdomadaire acheté chez Delhaize. Le pain y est parfait, la boucherie est excellente, les fruits et légumes sont frais, toutes les marques de produits sont disponibles, la proximité est totale, le parking assuré… Que demander de plus ?

Moralité, la publicité comparative de Leclerc est coûteuse, stupide, ordinaire, ennuyeuse comme son patron évangélisateur dont l’hypocrisie affable, toute mercantile, ne suscite qu’une méfiance naturelle. Il est plus que temps de privilégier la qualité au juste prix, qui n’est pas le « prix chinois », et de lui rester fidèle quand on l’a trouvée car elle devient de plus en plus rare.

Grincheux a rempli, remplit, remplira demain son caddy chez Delhaize (franchisé ou pas !). Au diable, « Leclerc est le moins cher »… Vous, c’est vous qui voyez !!!

Grincheux