Il semble que la manie du recomptage des bulletins de vote, apanage de nombreuses campagnes électorales US, ait cette année heurté de plein fouet les résultats de nos élections communales. Naturellement, ça se passe « op typisch Belgische wijze » :  on mégote, on moyennise, on recompte certains bureaux et pas d’autres mais force est de se rendre compte que l’on peut faire à Bruxelles aussi bien qu’à Miami. Pas dans les mêmes proportions cependant. Qu’à cela ne tienne, à Bruxelles-ville, c’est le MR qui paie l’addition : le MR Frédéric Waucquez (MR) perd son siège au profit de l’Ecolo Rajae Maouane.

Cela ne bouleverse pas (encore) la coalition prévue mais ça rend la bérézina Ecolo un peu moins « bérézinienne » et le triomphe MR un rien moins triomphant. Las, d’autres problèmes viennent s’accumuler presque 6 mois après un scrutin annoncé comme « historique » et « sans partage ». Et vu de plus près, cela ressemble plutôt à la redite d’une pièce déjà maintes fois rejouée. L’énorme nouveauté, cette fois difficile à masquer, c’est qu’il n’y a plus d’argent. Pas un penny, plus un kopeck et l’on pourrait poursuivre longtemps la liste aride des devises ainsi taries. Plus d’argent et pas de gouvernement. Ni à la région bruxelloise, ni au Fédéral. Elle est belle la vie d’artiste.

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A vot’ bon cœur, M’sieurs Dames !

Question grisbi, des banques historiques, ING et Belfius, ne cachent plus leur méfiance pour des villes wallonnes fort mal en point, où d’ailleurs, telle la mérule sur un bâti mal entretenu, les communistes du PTB ont fait leur apparition. Le défaut sur les emprunts russes de l’ère soviétique aurait-il laissé des souvenirs amers ?

Au cœur de la Région bruxelloise, les réactions en chaîne de la disette financière se multiplient : chantiers de voirie qui n’en finissent pas de se terminer, subsides supprimés en catastrophe puis rétablis, gel des dotations, déclarations désespérées de la Fédération Wallonie-Bruxelles... Il faut dire, Monsieur, qu’avant même que l’on ait entamé 2025, nos éminences savent déjà qu’il faudra 3 milliards pour combler le déficit budgétaire wallon et à peu près la moitié (en plus !) pour assurer les dépenses de la Fédération. On parle désormais de « stabiliser le déficit » pendant la législature pour espérer revenir à l’équilibre 5 ans plus tard. Et la dette ? Ah oui, la dette...

Exode et concurrence fiscale

S’il n’y avait que le poids du passé, peut-être serait-il possible d’envisager une courbe rentrante basée sur la bonne vieille augmentation des impôts. Sauf que le futur ministre-président Leisterh (MR) se rend compte aujourd’hui que la menace de la baisse des droits de mutations sur les transactions immobilières en Flandre et en Wallonie, va le priver d’une manne dès lors qu’il ne pourra pas faire autre chose que de s’aligner sur les tarifs de ses voisins. Car l’exode bruxellois, toujours nié par le bourgmestre Close et ses camarades progressistes, semble être une réalité que ni l’abattement fiscal pour les primo-acquéreurs ni les gadgets tels que la « ville à 10 minutes » ne semblent pouvoir enrayer.

A Bruxelles, avec une valeur moyenne de 554.137 € pour une maison (selon le baromètre de la Fédération des Notaires, et 284.775 € pour un appartement), plus du double qu’en province, il semble évident que le candidat acheteur sera tenté d’aller installer ses pénates là où les frais de mutation seront de 3% (Wallonie à partir de janvier 2025), voire 2 % (Flandre à la même date) plutôt que les 12,5 %. Un tarif que semble vouloir maintenir la Région envers et contre tous. Une taxe qui apparaît tout à coup pour ce qu’elle est : un racket de forbans. Et, pour paraphraser Warren Buffet, c’est quand les taux baissent que l’on voit qui se baigne sans slip.

Communes ? Allô Maman Bobo !

Au niveau communal, la situation n’est guère plus brillante, voire pire. Rien que sur Bruxelles-ville, nous nous faisions récemment l’écho des doutes des opérateurs financiers quant à la viabilité des hôpitaux bruxellois, tous adossés à la caution de la ville, elle-même en capilotade.

Cette situation maintes fois dénoncée par les conseillers MR, David Weytsman et Geoffroy Coomans de Brachène, notamment au cours de la dernière législature, comment va-t-elle être abordée au sein de la nouvelle coalition ? Et s’il n’y avait que ce dossier. Quid de la perfusion financière à bouillons continus de Brussels Major Events ? Comment vont évoluer les engagements Néo du plateau du Heysel ? Que faire avec le succès tout relatif du Temple de la Bière développé à grands frais au cœur de l’ancien bâtiment de la Bourse de Bruxelles ? Et la gestion des salles de spectacle du bourgmestre Close, pris d’une frénésie de rachats d’infrastructures événementielles avant le covid ? Sans oublier les hôpitaux, la rénovation des Palais du Heysel, les milliers d’asbl stipendiées par un clientélisme socialiste de bon aloi, le parc immobilier du CPAS (dont des centaines d’hectares de terres arables, on rêve) ... ?

On en passe et des meilleures mais il n’en reste pas moins que toutes les questions posées par le MR au cours des 6 dernières années demeurent d’une actualité sonnante et trébuchante. Pour essentielles qu’elles soient, ne pas y répondre et éviter de les traiter, rapidement, au cours de la prochaine législature ne relèvera plus de l’existentiel mais bien de l’existence même et de la crédibilité du MR et des Engagés.

On ne peut être à la fois corrosif dans l’opposition et sympatoches dans la coalition. Et comme dirait Macron, va falloir un moment expliquer aux gens ce qui est fait avec « tout ce pognon de dingue ». Le nôtre.