Une étude (*), publiée le 22 août dans la prestigieuse revue Science, passe au crible 25 ans de politiques publiques dans 41 pays du globe représentant 81% des émissions de gaz à effet de serre (GES) mondiales. Sa conclusion ? Sur 1500 mesures analysées, « seulement 63 cas de politiques performantes ont été identifiées ». Ce n’est pas un franc succès et pourtant, la presse traditionnelle n’en fait aucun écho. Soit les journalistes spécialisés et autres experts étaient toujours en vacances (LOL), soit ces conclusions ne correspondent pas à l’idéologie ambiante.
Les auteurs ont étudié les mesures - couvrant l’énergie, les transports, l’industrie et le bâtiment - prises « en faveur du climat » en se basant sur des données de l’OCDE. Ils ont écarté les imprévus biaisant les résultats, comme la pandémie. Les chercheurs en économétrie du climat ont ensuite cherché à identifier et retenir les choix politiques qui ont permis une réduction significative des émissions. Ils ont retenu les mesures qui ont permis de réduire les émissions de 4,5 % à 13 %. Ils ont alors constaté que seulement 63 - soit 4% du total - ont atteint leurs objectifs. Or, la réussite de ces mesures identifiées comme les plus efficaces donnent des indications significatives.
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Interdire ne fait pas recette
Les chercheurs démontrent que « l’interdiction des centrales électriques à charbon ou des moteurs thermiques ne se traduit pas par des réductions importantes des émissions lorsqu’elle est mise en œuvre seule », explique l’Institut de Potsdam pour la recherche sur l’impact du climat (PIK), qui a dirigé ces travaux avec l’Institut de recherche Mercator (MCC) de Berlin.
Autre constatation essentielle, dont nos politiques seraient bien inspirés de tirer les conclusions pratiques : subventionner les énergies vertes n’est pas la solution miracle. « Les énergies vertes nécessitent une consommation supplémentaire de combustibles fossiles, afin d’extraire les minéraux entrant dans la fabrication des batteries, des éoliennes et des panneaux solaires. Et lorsqu’elles ne peuvent pas assurer la demande d’énergie, le pays est obligé d’augmenter la production de ces mêmes combustibles fossiles ».
La solution : un mix
« Les cas performants n’apparaissent qu’avec un tandem de taxes et d’incitations tarifaires, combiné à un paquet de politiques bien conçues, comme au Royaume-Uni pour la production d’électricité au charbon ou en Norvège pour les voitures », poursuit le communiqué des chercheurs.
Le constat qui s’en dégage est que les gouvernements - au lieu de multiplier des mesures vertes à « effet de manche » pour des raisons purement partisanes - feraient mieux d’admettre ce qui fonctionne vraiment pour réduire les GES : « c’est la bonne combinaison de mesures qui est cruciales. Le succès tient dans une combinaison judicieuse de mesures politiques et d’instruments complémentaires ».
C’est l’étude la plus sophistiquée réalisée à ce jour. Les chercheurs espèrent que leurs travaux influeront sur les feuilles de route climatiques des pays signataires de l’accord de Paris qui doivent, d’ici février 2025, en transmettre à l’ONU une version actualisée pour tenter de limiter le réchauffement à 1,5°C depuis l’ère préindustrielle.
(*) « Climate policies that achieved major emission reductions: Global evidence from two decades », https://www.science.org/doi/10.1126/science.adl6547, 24 août 2024