Si l’on se rappelle bien le grand coup de torchon opéré par Elon Musk sur les cadres woke de la plateforme à l’oiseau bleu, il flotte encore sur l’Europe un parfum de censure systémique, pour parler comme les cancel culture.
En Belgique, menées par des petits malins, des brigades de trolls se rassemblent pour dénoncer les individus dont ils ne chérissent pas les opinions. Au final, l’algorithme suit la tendance délatrice et désactive le compte montré du doigt. Et c’est ici que les Romains s’empoignèrent.
Alors que Rome disposait justement d’une structure pour le moins décentralisée organisée autour de places fortes aux 4 coins de l’Empire, l’Empire Musk de la liberté d’expression est solidement ancré au Texas après avoir fui la côte Ouest et San Francisco. Hélas, loin de Rome, les barbares font plus facilement la loi.
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Surtout en Europe où les « démocrates » jouent de moins en moins la carte de la liberté d’expression, ensevelie sous les certitudes d’une von der Leyen ou, voici quelques mois, des leçons de morale du poudré Breton. Les activistes belgo-belges du contrôle de la pensée ont depuis vite compris qu’il suffisait de signaler plusieurs fois le même compte pour parvenir à le faire disparaître.
Mésaventure académique
C’est ce qui est arrivé au professeur Marc Reisinger, psychiatre renommé et académique reconnu qui, fort de sa liberté d’expression (accessoirement garantie par la charte des droits de l’homme et de la femme issue de sa côte, c’est du second degré), n’a jamais eu la langue dans sa poche mais s’est vu dénoncer par une escouade de penseurs uniques : pouf ! Terminé le compte X.
Le problème provient du fait que si l’algorithme fonctionne rapidement, les voies de recours sont, comme celles du Seigneur, impénétrables. Pour les plaintes officielles, il est possible d’écrire… aux Etats-Unis. Mais où ?
La presse américaine et même Grok, l’IA d’Elon, sont incapables de donner une adresse conventionnelle. Après Austin (TX), ce serait à Bastrop, une bourgade à quelques dizaines de kilomètres que le siège se situerait. Pour envoyer un recommandé, de préférence en anglais, c’est plutôt limite : les seules coordonnées disponibles sont 865 FM1209 Bastrop, TX 78602, États-Unis. Copiez cela dans Google Maps et vous trouverez… un endroit un peu lunaire composé de différents commerces en relation avec les autres compagnies du milliardaire : Boring Company, SpaceX, … Pas sûr que BPost puisse assurer le retour de l’accusé de réception.
Digital mess
Outre l’issue peu probable d’une plainte par écrit, les frais éventuels d’avocat, l’accusation plus que fantaisiste « d’activités non éthiques » (pourquoi pas contre-révolutionnaires tant qu’on y est ?), les voies de recours par formulaire digital demeurent, elles aussi, autant de vaines initiatives.
Aujourd’hui le constat est simple, la présence digitale est effacée en quelques heures, mais la résurrection d’un compte peut prendre jusqu’à plusieurs mois. Même Donald Trump s’en souvient.
Si l’Europe devait servir pour une fois à quelque chose, ce serait à juste titre d’imposer aux grands maîtres de la vie digitale un certain nombre de procédures de sauvegarde et de recours. En e-commerce, lorsque vous vendez des sucettes dans l’Union européenne, vous devez être identifié auprès de la TVA (directement ou indirectement) pour n’importe quelle transaction.
Il n’est pas normal que ce qui est obligatoire pour le commerce des sucettes soit totalement facultatif pour la gestion de votre identité numérique sur une plateforme. Ce serait en tout cas autrement plus intéressant que de cliquer des milliers de fois pour accepter des
« cookies ». Et ça clouerait le bec aux initiatives grégaires des véritables adversaires de la liberté d’expression.
F.L.
