Où l’on apprend que le légaliste Close est également féru de linguistique.
Transparencia, c’est le poil à gratter politique – dixit le MR – qui monte qui monte, en exigeant toujours plus de transparence dans la vie publique. Pour faire court, reprenons la définition énoncée sur leur site
(www.transparencia.be) : « chaque citoyen a le droit de
demander des informations à toutes les autorités publiques et de recevoir des réponses. Transparencia aide chacune et chacun à effectuer toute demande d’accès à l’information et publie également en ligne toutes les demandes. » Là où ça devient drôle, c’est que Transparencia publie aussi les réponses, souvent gratinées, des différentes administrations.
Le rire jaune du sergent
La question lancée en séance par le narquois David Weytsman (MR) portait sur un sujet relativement simple : à partir du moment où Transparencia lançait un mouvement politique, Transparence, à l’occasion des dernières élections, ce dernier avait le droit de demander à la ville de Bruxelles, une liste de tous les électeurs. Ce qui fût demandé en date du 23 mars 2024. Et aussitôt refusé au « prétexte » – mot contesté par le bourgmestre avec une certaine virulence – que la personne censée faire cette demande devait être reprise sur la liste électorale, quod non. « Il n’y a pas eu d’autre réaction avant le 9 juin, date des élections, et avouez que c’est étrange de demander une liste électorale le jour de l’élection, ce qui a été refusé aussi. »
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Là où cela se corse…
De plus, une seconde faute formelle venait entacher la demande dans la mesure où celle-ci avait été envoyée au nom de « Transparency/Transparence »
or… point de liste Transparency adoubée pour l’élection. Et l’échevin Pinxteren, cette fois, de rappeler que « l’article 17 du code électoral précise que toute personne qui se présente peut recevoir la liste des électeurs… Si l’intéressé est présenté comme candidat à l’élection. » Bref, Transparency n’existait pas et le quidam qui avait osé demander la liste n’était pas sur Transparence. Quant à la demande effectuée le jour des élections dans les bureaux de Brucity, « le SPF Intérieur, au vu de la date et l’heure, a considéré qu’il n’y avait plus d’intérêt à recevoir cette liste. » Et Pinxteren (Ecolo-Groen) de renchérir, « le Monsieur (qui apparemment devait demeurer anonyme devant le conseil) a pris une photo de la fonctionnaire qui lui a répondu et sans son consentement. Cette image et le message qui l’accompagne, publiés sur internet, portent atteinte à l’image de la ville et diffament notre collègue. » Bref, le dossier se retrouve chez l’avocat de la ville (payé par vos impôts, en toute transparence).
Allez Claude Archer, on t’a reconnu !
Weytsman revient, assez goguenard, sur le fait que « ce ne doit pas être un candidat mais un représentant de la liste qui fait la demande de la liste électorale. Vous l’avez accepté pour tous les autres partis. Moi, on me dit que la demande a été faite par courriel et par envoi postal. Alors pourquoi ne pas fournir cette liste ? »
C’est à ce moment précis que Philippe Close perdit son flegme légendaire dans un échange déjà d’anthologie.
Close : « Monsieur Weytsman, vous l’avez entendu, ce monsieur n’était pas éligible. »
Weytsman : « J’ai bien compris que le parti avait fait la demande et que la personne qui l’a demandé n’était pas éligible. La demande devait en outre venir de Transparence et pas de Transparency. Vous ne voyez pas le lien entre Transparencia, Transparence et Transparency ? »
Close : « La loi, c’est la loi ; la liste des électeurs c’est important. Ne dites pas qu’on a trouvé quelque chose pour ne pas répondre, il y a une faute de procédure. »
Weytsman : « J’entends vos justifications ; cette décision passera donc devant le tribunal. »
Close : « On n’a pas reçu de plaintes au sujet de la liste des électeurs. Même si on a l’habitude avec ce monsieur, ses actions sont presque quotidiennes, ça nous amuse presque. La plainte dont nous parlons n’a rien à voir avec ce débat ; ça vous l’a compris ou on doit répéter ? Ce n’est pas ce qui sera abordé devant le juge. »
Oui, on a compris Philippe : la ville de Bruxelles a refusé de fournir la liste des électeurs au parti Transparence, pour 2 motifs futiles et lorsque Claude Archer, le fondateur de Transparencia, a utilisé ses techniques habituelles (visite sur place, photo et reportage web), la même ville de Bruxelles s’est fait un plaisir de saisir un avocat, aux frais du contribuable, pour défendre la vertu professionnelle d’un de ses agents. Légal, oui. Mais pas très transparent.
Foster Laffont