« Tardif budget estival fait déficit à l’hiver vespéral » 

Le 19 mai dernier, Philippe Close, ci-devant bourgmestre de la ville de Bruxelles « espérait toujours présenter un budget en juin ». Bel effort. Un budget 2025 à 6 mois du 1er janvier, même si la manœuvre est habituelle, que voilà un bel exemple de bonne gouvernance.
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L’adage paysan de la caste politicienne

Le 19 mai dernier, Philippe Close, ci-devant bourgmestre de la ville de Bruxelles « espérait toujours présenter un budget en juin ». Bel effort. Un budget 2025 à 6 mois du 1er janvier, même si la manœuvre est habituelle, que voilà un bel exemple de bonne gouvernance. 

L’amusant, c’est que non seulement la majorité PS-MR a déjà claqué l’argent des 6 premiers mois sur base des dépenses 2024 (les fameux douzièmes) mais que, alors même que le budget n’est pas encore voté (il devrait l’être lundi prochain, ce 23 juin), déjà une kyrielle de dépenses font leur apparition comme champignons après la pluie. Enfin, avant l’ondée pécuniaire dans le cas qui nous occupe. Pour demeurer dans la métaphore symbolique, si l’argent public était crocus, Bruxelles serait printemps.

Ce « budget » donc aura le mérite d’apporter une réponse à la question posée par un fin observateur de la vie politique bruxelloise : « Vont-ils augmenter les taxes communales ou réduire les dépenses ? » Le suspense n’est pas très élaboré.

Et si on tapait encore un peu sur la bagnole ?

Au moment d’écrire ces lignes, les documents financiers n’étaient toujours pas disponibles mais le libellé du point [73] de l’Ordre du Jour, savoir le « Règlement relatif à la politique communale de stationnement en espace public (mise à jour des tarifs) » livre une indication qui ne va pas dans le sens de la frugalité de nos très chers élus. Région bruxelloise tancée par Standard & Poor’s, ville de Bruxelles en proie aux difficultés financières… Tous les indices concordent pour une ville plus chère pour ceux qui la fréquentent, habitants ou visiteurs. Spécialement en voiture.

Côté dépenses, la machine fonctionne bien, merci pour elle et la liste des obligés en réception des assignats communaux ne fait que s’allonger. Le petit florilège qui suit devrait achever de convaincre les plus naïfs que non, décidément, la ville de Bruxelles n’a aucune intention de diminuer ses dépenses. 

La carte « santé » à 2,5 millions

On a beau être habitué et on a beau répéter que la somme des cautions accordées par la ville de Bruxelles aux entités de son pôle hospitalier frise l’indigestion, ce sont à nouveau 2.500.000,00 euros qui seront cautionnés à l’avantage de l’association d’hôpitaux LHUB-ULB (Laboratoire Hospitalier Universitaire de Bruxelles). Et c’est ING qui s’y colle cette fois. Des cautions à 100 millions de francs belges, comme dirait ma chère mère, c’est tout de même de l’argent. Même si en l’occurrence, il est garanti et pas (encore) dépensé. Question de calendrier sans doute.

Les emprunts du fantôme du Noël passé

Plus original, cette « consultation pour la « conclusion d’emprunts pour une dépense d’un montant de 127.114.635,92 EUR pour le financement du service extraordinaire afférent à l’exercice 2021 (sic) de la Ville ». C’est le Scrooge de Dickens qui fait main basse sur la capitale : emprunter de l’argent pour des dépenses d’il y a 4 ans, avouez que c’est encore plus pointu que Jérôme Kerviel à la Générale. J’ai aussitôt fait une proposition en ce sens à ma banque afin de couvrir mes errances de 2020 mais, à ce jour, ma demande est restée lettre morte.

Cinéma ? Cinéma ! 

Suit ensuite un joli subside de 100.000 € à l’ASBL Peymey, organistrice du célèbre BIFFF (Brussels International Fantastic Film Festival). Sans vouloir tirer sur l’ambulance, d’autant que cette asbl est l’une des rares à publier des comptes annuels (dernier en date 2023) posons-nous la question de savoir pourquoi verser 100.000 € de soutien à une organisation parfaitement rodée qui annonce environ 1 million de chiffre d’affaires et détient, toujours selon les chiffres publiés en 2023, plus de 350.000 € en caisse ? On sait que Close a de l’inclination pour le show-business mais quel est le sens politique de verser de l’argent public à une activité parfaitement rentable ?

Près de 1,2 million en soutien à BME

De son côté, Brussels Major Events est toujours sous perfusion. Ici encore, l’asbl a le mérite de publier des chiffres, ce qui est (très) loin d’être toujours la cas. Un chiffre d’affaires de 3,7 millions en 2023 et des coûts de 11 millions… Évidemment ça tangue. Heureusement, d’autres ressources viennent soutenir l’ange déchu de la galaxie Close, notamment les nombreux subsides de soutien de la ville de Bruxelles. On parle cette fois d’un subside de fonctionnement de 100.000 € accordé en sus des interventions de BME lors de la « programmation d’été » (340K€), le Summer Pop festival (et le Winter Pop) (360K€), le BXL Tour (150K€) et la Fête de la Communauté française (220K€)… Gageons que de nombreuses nouvelles manifestations et autant de subsides viendront s’ajouter d’ici au 31 décembre 2025.

Avec plus d’une douzaine de pages de ce type de dépenses décrites « sous réserve de l’adoption du budget 2025 par le Conseil communal et de son approbation par l’autorité de tutelle », le citoyen perçoit du flou, du festif et de l’inclusif. Il a surtout la preuve que cette génération politique n’a toujours rien compris. Ou fait très bien semblant.

FOSTER LAFFONT

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