C’est le redéploiement des troupes au boulevard de l’ « Empereur ». Le code secret du groupe pour sortir le PS de l’ornière : G8. Si la recette est artisanale, sans existence formelle, la levure est sexiste. Le président « boulanger » ne mise pas sur la parité pour faire lever la pâte. Exit le « social féminisme » qui a prévalu en campagne. Les ingrédients sont masculins pur jus !

Macho schisme

Ils veulent réinventer le parti socialiste et les noms sont connus, dévoile Le VIF. Paul Magnette aligne dans son équipe (une structure interne parallèle et non-statutaire) : Jamil Araoud, son nouveau chef de cabinet, Philippe Close, vice-président de Paul Magnette depuis que ce dernier préside le PS, Nicolas Martin, Frédéric Daerden, Ahmed Laaouej, Pierre-Yves Dermagne et Christine Morreal. Le casting compte trois Bruxellois pour cinq wallons (il faut récupérer le fief perdu), mais surtout, il n’y a qu’une seule femme ! Pas de Ludivine Dedonder, de Karine Lalieux, de Caroline Désir ou de Nawal Ben Hamou. Comme si l’inexistence statutaire d’un organe avait libéré l’
 « Empereur » des impératifs de parité que les statuts dessinent. Et pourtant, il y a à peine un peu plus d’un an, le fer de lance de la Gauche prenait la forme d’un congrès « Socialiste, donc féministe ! », organisé à grand coup de slogans médiatiques : « Il s’agit pour nous de préparer les nouvelles propositions du Parti en matière d’égalité femmes-hommes en vue des élections de l’an prochain. Le PS, déjà très à la pointe sur ces questions, se doit d’être aux avant-postes et de peaufiner son projet pour les futurs programmes de gouvernement. Nous en profiterons également pour réfléchir à nos propres structures et à la meilleure manière de garantir la parité en nos rangs, à tous les étages du Parti » (si c’est le chef qui le dit !).

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Une chaise vide de sens

Dans la foulée, Paul Magnette s’impose alors de ne participer qu’à des débats médiatiques auxquels participent autant de femmes que d’hommes. C’est ainsi que le 31 août 2023, l’« Empereur » refuse d’intervenir dans un débat des présidents de parti organisé par Le Soir, au motif que le plateau n’était pas composé égalitairement. « C’est pour nous une question de principe très importante, qui a fait l’objet de longs débats en bureau et d’un congrès longuement préparé », justifiait-il. « Nous ne souhaitons pas participer à des panels qui ne respectent pas la parité ». Dont acte. Le fauteuil réservé au PS était resté vide. S’en expliquant plus longuement, quelques jours plus tard, sur La Première, il enfonce le clou du prétendu sauveur de ces dames et récitera bien scolairement sa leçon apprise (petit copion visible pour ne pas se tromper, faut oser afficher ne pas connaître son dossier) : « Je pense qu’il n’est pas normal à notre époque, de voir un débat public où il n’y a que des hommes ou pratiquement. Cela pose un vrai problème de principe. Au PS, on a fait tout un travail sur ce que l’on appelle le social féminisme. Dans les médias, il y a 60% d’hommes et 40% de femmes, parmi les dirigeants économiques et politiques, c’est 65% et 35% et chez les experts, c’est 75% d’hommes et 25% de femmes » (une réalité, mais encore ?).

Féminisme Washing au compteur

Et de ponctuer valeureusement : « vous vous imaginez le message que cela fait passer implicitement ! ». On se l’imagine très bien. Cela sent même le vécu dans les rangs socialistes ! Aux dernières élections, sur les dix-neuf têtes de liste PS, seules six étaient des femmes, soit moins d’un tiers. Il n’y avait pas la moindre femme parmi les cinq têtes de liste du PS en Hainaut. La parité n’était pas atteinte non plus en province de Namur, ni pour l’Europe où c’est Elio Di Rupo qui était, par ailleurs, retenu comme tête de liste. Pour un parti qui se dit féministe, mention « peut mieux faire », si pas zéro pointé !

Force est de constater que le social féminisme de sieur Magnette n’aura été qu’un cheval de bataille de façade et pour un temps. L’« Empereur » aurait-il été tenté de séduire, par des discours de campagne mercantiles, une nouvelle génération de femmes en action ? En voilà une très vilaine pensée ! Objectivons. La question trouve sa réponse dans un chiffre qui doit être contextualisé dans les travaux d’une université d’été où ministres socialistes, députés, cadres et responsables de la communication ont eu accès à une étude relevant que l’électorat du parti rassemblait à peine 39% de femmes. Mais oui, mais c’est bien sûr ! Il y avait des votes féminins à aller chercher ! Bien essayé, mais c’est visiblement un gros raté ! Conclusions du ponte tirées, le chemin bien ordonné pour revenir au cœur du jeu politique ne sera probablement plus boussolé « féministe », preuve en est déjà la composition majoritairement masculine du tout frais G8 mis en place pour réfléchir pendant cinq ans…