Que s’est-il passé le 6 avril 2022 dans le vaste bureau presqu’ovale de l’avocat Marc Uyttendaele ? Ce soir-là le soleil s’est couché à 20H23. Mais au-delà ? Ou avant cela ? Deux ans plus tard, l’une de ses stagiaires dépose plainte du chef d’atteinte à son intégrité sexuelle. Elle a démissionné le 8 avril 2022, signant un document synallagmatique faisant état d’une incompréhension sur sa rémunération. Ce jour-là, il ne faisait pas chaud et quelques gouttes de pluies étaient à craindre sur Saint-Gilles. La femme de 38 ans évoque que tout a commencé par le déboutonnage de son manteau. La stagiaire, engagée en février mais n’étant entrée « au service » du mentor qu’au début du mois d’avril, n’avait encore rien touché ni été touchée. Pas plus sous qu’au-dessus de son manteau. C’est alors que Uytti lui serait tombé sur le paletot.
Marc Uyttendaele est en colère. Son ex (collaboratrice) aussi. Elle a été recrutée après avoir travaillé en tant que juriste pour des institutions, dont l’une a fait appel au cabinet « Uyttendaele, Kennes, Gerard ». Elle avait donc précédemment été « au contact » de l’associé. Elle a prêté serment le 4 avril. Une relation interpellante a aussitôt démarré. Son patron échangera rapidement durant le mois de mars des messages privés durant les vacances de sa future recrue. Le jour de sa prestation de serment devant la Cour d’appel, il invitera même sa famille et ses amis présents au restaurant. Elle devait rejoindre une autre stagiaire engagée à la même période et qui travaille toujours dans l’association.
Le 6 avril, le manteau sur le dos, la stagiaire a ressenti des bouffées de chaleur. Elle évoque des touchés « par à-coups ». La main de Marc qui tenait la pipe passant ensuite en dessous de sa robe et de ses collants, avant de se saisir du soutien-gorge et de sa poitrine. Tétanisée, elle n’aurait cessé de lui demander d’arrêter de lui froisser la gabardine.
La plaignante qualifiée « d’aguerrie » par Jean-Pierre Buyle, intervenant à la redoutable défense, invoque avoir été choquée par la duplicité d’Uyttendaele qui a récemment déclaré sa flamme en faveur du droit des femmes. Après un attentisme justifié par la crainte pour son avenir professionnel et un ressentiment de honte.
Complotisme ? La réaction bondissante du spécialiste du droit constitutionnel a d’abord été inattendue. Par la voix de son propre avocat, Marc Uyttendaele a rétorqué « être au courant depuis un certain temps déjà d’une volonté de le déstabiliser en portant atteinte à son honorabilité ». Dans une interview plus longue de son conseil, il a ajouté un autre mobile aussi surprenant :
« cette plainte aurait été déposée juste avant les élections et on ne peut pas manquer de faire un lien ».
Pour en finir, Me Buyle vante la personnalité « joviale et empathique » du professeur de l’ULB, qui n’aurait pas du tout cette réputation dans le milieu académique. D’autres lui répondent que des étudiantes de son client n’ont pas toujours eu le même avis.
Un média croyait savoir qu’une autre plainte aurait été envisagée. Le Parquet, comme l’avocat de la plaignante, reste mutique. L’inspecteur Clouseau est sur l’affaire. Il a revêtu son imper. █