On ne peut pas passer à côté: toute la France vit à l’heure de ces Jeux Olympiques qu’elle veut les plus prestigieux, les plus grandioses, les plus spectaculaires de l’histoire et il faut bien admettre qu’elle y met les moyens.

Il y a pourtant un cailloux dans la chaussure, Charles-Pierre Fredy, mieux connu comme baron Pierre de Coubertin !

Le baron doit faire son entrée au musée Grévin, ce qui semble une évidence à la veille des J.O. dans le pays de celui qui en fut l’inventeur dans leur version moderne. Et pourtant, c’est devenu l’un des sujets de polémique les plus gênants pour les organisateurs.

Il faut laisser ce crédit aux Français : ils furent à a base de la plupart des grandes compétitions mondiales : Jules Rimet pour la Coupe du monde de wfootball, Henry Delaunay pour le championnat d’Europe, Gabriel Hanot pour les Coupes d’Europe des clubs, etc. Le baron s’inscrit bien sûr dans cette prestigieuse lignée, mais on lui découvre aujourd’hui des défauts qui le rendent infréquentable. Il était colonialiste, raciste et misogyne.

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Il est vrai que certains de ses propos laissent peu de place au doute :  « Les races sont de valeur différente, et à la race blanche, d’essence supérieure, toutes les autres doivent faire allégeance» ou encore «Les Jeux olympiques doivent être réservés aux hommes. Une Olympiade femelle serait inintéressante et inesthétique.»

Première question: a-t-il vraiment tenu tous les propos qu’on lui attribue? Pas certain si on veut bien se souvenir que la plus célèbre citation qu’on lui prête (l’important n’est pas de gagner mais de participer) n’est pas de lui mais bien de l’archevêque de Pennsylvanie !

Seconde question: était-il vraiment raciste et misogyne ? Il y a plus d’un siècle, les réflexions qui paraissent aujourd’hui, à juste titre, sordides et nauséeux, étaient dans l’air du temps à l’époque où elles auraient été prononcées. Bonaparte a rétabli l’esclavage mais possède aux Invalides le plus grandiose des tombeaux. De Gaulle, l’autre plus prestigieux chef des Français, a déclaré notamment, sans provoquer de tollé: «La France est un pays de race blanche; si nous faisons l’intégration, si tous les arabes étaient considérés comme des Français, comment les empêcherait-on de venir en métropole, mon village ne s’appellerait plus Colombey les deux églises, mais Colombey les deux mosquées. »

Abraham Lincoln a aboli l’esclavage aux Etats-Unis, ce qui ne l’a pas empêché, peu avant  l’abolition, d’écrire «Je n’ai aucune intention d’agir contre l’institution de l’esclavage dans les Etats où elle existe. Et je m’engage à respecter la loi sur les esclaves fugitifs qui oblige les Etats abolitionnistes à les retourner à leurs propriétaires».

Il n’y a que les imbéciles qui ne changent jamais d’avis !

Voltaire, l’un des philosophes des Lumières les plus prestigieux a écrit dans son dictionnaire philosophique que l’homosexualité masculine est pour lui un „sujet honteux et dégoûtant”, un „attentat infâme contre la nature”, une „abomination dégoûtante”, une „turpitude” Ou encore : « En général, la femme est bien moins forte que l’homme, moins grande, moins capable de longs travaux ; son sang est aqueux, sa chair moins compacte » Ce qui ne l’empêche pas de reposer au Panthéon !

Tout ceci non pas pour défendre la mémoire du créateur des Jeux modernes, loin de là, mais pour contextualiser la mentalité d’une époque comme beaucoup refusent aujourd’hui de le faire parce que Hergé a dessiné des Congolais avec de grosses lèvres ou que les «Spirou et Fantasio» de Franquin ne mettent pas plus la femme en évidence que les « Tintin » d’Hergé.

Alors, la statue de cire du baron de Coubertin ira-t-elle rejoindre presque avant de naître celles de Pierre Palmade, Vladimir Poutine ou Gérard Depardieu dans les caves du musée ? Tout est possible quand on sait que Michael Jackson, pourtant accusé de pédocriminalité est toujours là ! Oui, le baron à sa place au musée Grévin comme… Voltaire, De Gaulle ou Napoléon Bonaparte qui y trônent.