Criminalité urbaine inouïe ; nécessité des exécutions de kulunas
La population est excédée, à juste titre : impossibilité de sortir dès l’obscurité tombée sans risquer d’être victime de violences graves ou d’être torturé puis tué. En novlangue à l’européenne, on dit que ce sont des jeunes ; au Congo, on nomme le réel : ce sont des kulunas (bandits).
L’opération Ndobo (hameçon) a permis d’en juger 300. Premier résultat, 172 de ces gangsters ont été condamnés à mort ; les autres à de la prison ferme de cinq à dix ans. La traque des kulunas se poursuit, car il y en a de nombreux autres, y compris des policiers et militaires. Ces derniers ne sont pas en reste pour commettre enlèvements et vols, entre autres exactions. Janvier s’achève par l’arrestation de 18 membres des forces dites de l’ordre, une qualification qui laisse songeur en ce cas : visites domiciliaires pour exercer leur activité en bande organisée, violences, vols de motos notamment, etc. La criminalité urbaine dépasse l’entendement ; un phénomène social, diraient pudiquement nos bobos relativistes, ces sordides fétichistes de l’euphémisme.
Les condamnés à mort ont été incarcérés dans des quartiers de haute sécurité en attente de leur exécution. Aux audiences, leur morgue criminelle avait disparu. Certains d’entre eux pleuraient, la belle affaire. Fini l’enthousiasme collectif des joyeuses séances d’amputation à la machette de doigts, de bras ou de jambes de leurs victimes congolaises. Face à ses juges, le kuluna a la trouille, indigne jusqu’au bout, et il comparaît hébété, pleurnichant, le minus. Cette ordure avait donné la mort par plaisir ; maintenant, son sort l’émeut. Trop tard ! Les kulunas qui sont poursuivis de la sorte le sont au motif qu’ils ont été pris en cas de flagrance ou de situations analogues. Soulignons qu’il ne s’agit pas d’une loi de circonstance, car elle remonte à 1978. Et ils n’ont pas de passé d’angelot. Ah, ces jeunes ! Nos bobos ont l’indignation complice. Pas un mot de leur part à propos des victimes dont, voici une quinzaine de jours, un jeune homme à qui le bras a été coupé et les intestins mis à jour à la machette pour lui voler son téléphone. En attente de jugement, 1000 autres kulunas déjà arrêtés. Il y a assez de chanvre au Congo pour toutes les cordes qu’il faudra.
Le concert des vierges entonne ses classiques, au secours des kulunas. Amnesty International, par sa directrice régionale, Sarah Jackson, s’inquiète : « Nous craignons que les autorités ne procèdent de manière imminente à des exécutions massives ». Mais oui, bobo, c’est même pour cela que la juridiction compétente a condamné ces criminels, souvent récidivistes. Et alors, bobo, aucun respect envers l’État de droit où le pouvoir judiciaire applique la loi ? Foncièrement incohérent ! Relevons le procédé mensonger utilisé par l’humaniste de service. Elle lance l’accusation d’exécutions massives comme s’il s’agissait de massacres arbitraires. Faux ! En l’espèce, c’est tout le contraire : il s’agit d’exécution de condamnations individuelles judiciaires. S’il y a du nombre, c’est le fait des kulunas eux-mêmes puisqu’ils sont si nombreux. Franchement, bobo, à tout confondre, cela rend l’indignation ridicule. Les kulunas, moins il y en aura et mieux cela vaudra. En réalité, l’injustice du sort de leurs victimes mérite davantage d’être considérée que les pudeurs d’humanistes en chambre. Songeons-y également en Europe où la sauvagerie sanguinaire s’étend. Nos humanistes pourrissent cette situation ; c’est-à-dire notre vie concrètement.
C’est la pendaison qui attend les kulunas ; leurs comparses policiers et militaires seront fusillés. Du moins, en fin de parcours, car l’appel est possible suivi de recours en cassation. Mais nul ne concevrait que tout ce processus se solde un jour sans aucune exécution car cela signifierait que les condamnations judiciaires se seront entre-temps toutes avérées bancales. L’opération Ndobo n’a de sens que par son effet électro-choc d’assainissement. Si cela valait au système judiciaire une aggravation de son discrédit, à défaut d’effectivité de peine, ce serait alors explosif.
Guillaume MOKENGELI