Le 28 avril dernier, la N-VA publiait la version définitive de son programme pour les élections du 9 juin. Qu’en est-il au niveau fédéral ? PAN l’a examiné pour vous !

REDUIRE LES DEPENSES PUBLIQUES

Le premier objectif de la N-VA est de réduire les dépenses publiques. Cela se traduit par plusieurs mesures, notamment la diminution des coûts de fonctionnement de l’État. Parmi ces mesures figurent la réduction du nombre de députés et l’abolition du Sénat, ainsi que le gel de l’indexation des allocations des partis politiques (80 millions par an, cas unique en Europe !). De plus, il est proposé d’abolir les gouvernements provinciaux, et de réaliser des économies significatives pour le gouvernement fédéral, y compris au niveau des cabinets ministériels pléthoriques. Les dépenses liées à la couronne, telles que la liste civile, seraient également revues à la baisse.

En ce qui concerne les innombrables subsides distribués par cette corne d’abondance qu’est le gouvernement fédéral belge, une approche similaire à celle adoptée par le gouvernement flamand serait mise en œuvre, consistant à passer au crible toutes et chacune des subventions existantes afin de réaliser des économies partout où c’est possible. Par exemple, des économies pourraient être réalisées dans des domaines tels que le contrat de distribution de journaux et la coopération au développement. D’autres mesures d’économies incluraient la fusion de différents ministères et services publics fédéraux, la réduction du nombre de conseils consultatifs fédéraux — qui permettent aux partis de faire siéger leurs créatures non élues, contre rémunération — et une utilisation plus efficace des espaces de bureau. 

Enfin, la N-VA propose de mettre fin au financement public des piliers sociaux, tels que la sous-traitance aux syndicats du payement des allocations de chômage, les subventions aux syndicats et les frais de gestion de la sécurité sociale. La N-VA considère que le gouvernement n’a pas à financer les syndicats, d’autant que ces derniers ne jouissent même pas de la personnalité juridique !

AUGMENTER LE POUVOIR D’ACHAT

Le deuxième objectif de la N-VA est le pouvoir d’achat. Plusieurs mesures sont proposées à cet effet. Tout d’abord, il est suggéré de supprimer immédiatement la contribution spéciale de sécurité sociale. De plus, une franchise totale serait instaurée pour les frais de garde d’enfants, ce qui allégerait la charge financière des parents. Les entrepreneurs bénéficieraient également d’un soutien accru, notamment par le biais d’une déduction entrepreneuriale de 20 % sur les revenus des indépendants, ainsi que d’une augmentation de la déduction pour investissement. 

Pour stimuler le marché immobilier, la N-VA suggère de rétablir l’application généralisée de la TVA à un taux réduit sur les opérations de démolition et de reconstruction (6%). 

En ce qui concerne les pensions, l’objectif de la N-VA est de renforcer celles qui sont modestes ou moyennes, en utilisant l’intégralité de la partie «pensions» de l’enveloppe sociale. Un saut d’index serait effectué sur les pensions les plus élevées (plus de 3500 euros/mois), pour garantir le financement de l’intégralité des pensions : leur payement, donc.

STOP FISCAL

Fait rare dans une Belgique particulièrement prédatrice sur le plan fiscal, le programme de la N-VA ne prévoit aucun impôt supplémentaire. Comme Bart De Wever le déclarait à la presse la semaine dernière, la Belgique est le pays au monde qui taxe le plus les revenus du travail, et l’un des trois pays européens qui taxe le plus sévèrement les revenus du capital. Rappelons, à cet égard, que ce précompte immobilier qui flambe n’est pas un impôt sur les revenus du capital, mais un impôt direct sur le capital, de toutes les formes de l’impôt la plus confiscatoire. Le contraste avec le programme du PS — 15 milliards d’impôts supplémentaires, aucune réduction de dépenses publiques ! — ne pourrait être plus grand.

STOP ASILE

Enfin, la N-VA plaide la mise en place du système australien au niveau européen, c’est-à-dire qu’une personne qui atteint le territoire européen par des moyens illégaux — un clandestin — n’y pourra jamais résider. C’est depuis des années l’un des leitmotivs de Theo Francken ; c’est également devenu depuis quelques mois le programme du PPE, le ‘centre-droit’ européen (la N-VA siège quant à elle dans le groupe ECR, avec Giorgia Meloni, qui préside le Conseil des ministres de l’Italie depuis le 22 octobre 2022). Par ailleurs, la N-VA propose en Belgique un moratoire sur l’asile, c’est-à-dire ne plus accepter aucun demandeur d’asile, le temps de remettre notre système en ordre (ce qui est possible dans le nouveau système européen, en payant la prise en charge du demandeur par un autre pays).

CONCLUSION

Ce programme, ambitieux en effet, est-il réaliste et réalisable ? Réaliste à n’en pas douter, car aucune de ces mesures ne paraît contraire au droit (contrairement au programme du Vlaams Belang ou du PTB, par exemple). Réalisable, c’est autre chose. Car, au lendemain des élections du 9 juin, la N-VA devra négocier avec la gauche wallo-bruxelloise…

Pourtant, le temps presse. Le déficit de la Belgique est le pire d’Europe ; si rien n’est fait on sera à 6% de déficit en 2024, ce qui implique à terme un scénario de faillite à la grecque, c’est-à-dire la mise sous tutelle de la Belgique par l’UE et le FMI, qui imposeraient des mesures d’économie infiniment plus drastiques que tout ce qu’envisage la N-VA.

En somme, la question qui se pose est de savoir si les électeurs flamands, bruxellois et désormais aussi wallons donneront dans les urnes un poids suffisant à la N-VA pour imposer son programme dans les négociations fédérales.