Dans la nuit du 12 au 13 août, Elon Musk a invité Donald Trump pour un live sur X/ex Twitter. Et Grok-2, un chatbot similaire à ChatGPT mais développé par Musk, n’a pas été tendre avec son créateur.
Un fils ingrat
Au printemps de cette année, AI, la start-up d’intelligence artificielle fondée par Elon Musk, dévoilait Grok-2. Selon le Financial Times, il est aujourd’hui classé parmi les cinq meilleurs chatbots au monde par des sites d’évaluation indépendants, juste derrière les modèles de Google et d’OpenAI. Questionnée par les internautes, le moins que l’on puisse dire, c’est que Grok n’y est pas allé de main morte avec papa. L’IA résume l’entretien avec Trump en ces termes : un « mauvais intervieweur » qui « manque d’engagement », qui a de « faibles compétences en communication » et avec une « incapacité à contrôler la conversation ». Et de préciser : « l’opinion majoritaire le trouve incompétent ». Si ce n’est pas drôle ! Dans un récent communiqué, Elon Musk déclarait, non sans une certaine fierté, que « Grok-2 représente une avancée significative en termes de raisonnement. Il est plus intuitif, conçu pour répondre aux questions avec un peu d’esprit et possède un côté rebelle ».
La démonstration en est faite. (LOL)
Lisez votre journal numérique et accédez à tous nos articles réservés aux abonnés.
A PARTIR DE 6€/MOISSans engagement.
Abonnez-vousDéjà abonné ? Connectez-vous
De vrais faux amis
Il est bien loin le temps où Musk s’inquiétait de l’interdiction faite aux ressortissants de certains pays musulmans de voyager aux Etats-Unis. A droite toute ! Les positions du patron de X sont désormais bien plus conservatrices. Il soutient ouvertement Trump dans sa course à la Maison Blanche. Devant cette fraternité récente, une question se fait néanmoins pressante : ce soutien souligne-t-il une « vraie convergence d’idées » dans le chef de Musk ou est-il porté par une « stratégie circonstancielle » ? Musk est un muskien avant toute chose. « C’est un pragmatique et un techno prophète »,
explique Olivier Lascar, auteur d’ « Enquête sur Elon Musk, l’homme qui défie la science » (éditions Alisio Sciences, 2022). « Il croit que la technologie peut tout résoudre ». Aller sur Mars, c’est à cela que travaille SpaceX. Pour le reste de son portefeuille d’affaires, il n’a qu’une seule obsession à l’identique :
que son projet industriel soit un succès.
L’homme d’affaire est aussi un libertarien. « Il estime que les règles ne sont que des freins aux individus et aux entreprises. En cela, il se rapproche des pontes de la Silicon Valley », détaille Olivier Lascar. Avec une position dominante dans l’agora numérique mondiale, Musk joue le rôle de l’entrepreneur qui subit l’excès de régulations des démocrates. Il nourrit un profond mépris pour l’establishment progressiste et les idéologies
woke. Et, du haut de son omnipotence virtuelle, il
vient de faire revenir Donald Trump sur X après son bannissement, montrant son impact sur le débat public. Toutes ces caractéristiques l’amènent à se prononcer sur les politiques, ce qui fédère une vaste communauté de followers.
La théâtralité, une histoire de famille
Enfin, le succès de Musk, c’est aussi l’art du storytelling. Il a besoin que l’on parle de lui en permanence pour lui assurer sa publicité. Le ralliement à Trump, qui aime aussi à faire parler de lui, est bel et bien de circonstance. Le calcul est simple : si le candidat républicain l’emporte en novembre prochain, il espère un sérieux coup d’accélérateur à ses projets. Quant à Donald Trump, il trouve en Musk un allié, visible et très riche, qui va pouvoir injecter des fonds dans l’écosystème de sa campagne et drainer avec lui d’autres libertariens de la tech. Une inconnue demeure toutefois dans l’équation : sera-t-il une vraie force de mobilisation ? Entre une volatilité électorale et la progression du vote intermittent - qui alterne entre participation et abstention - rien n’est moins sûr. En attendant, et ça c’est certain, pour tous les deux, show must go on !