En 2024, le Digital Services Act (DSA) et le Digital Markets Act (DMA) sont entrés en vigueur dans l’UE. Ces textes visent à « endiguer les contenus illégaux et la désinformation sur le net » et « à lutter contre les abus de position dominante des plateformes numériques ». Outre-Atlantique, les intentions européennes ne semblent pas vouloir être suivies d’effets. 

Fact-checkers : Marc Zuckerberg fait voler en éclats la pensée unique

Dans une vidéo sous forme de « mea culpa » partagée sur ses réseaux, le patron de Meta regrette l’existence de biais sur Facebook et Instagram et promet de rétablir une liberté d’expression absolue. Marc Zuckerberg entend se rapprocher de la vision d’Elon Musk sur X. La presse mainstream s’emballe et parle de vision Trumpiste. Or, comme dans les réponses apportées par ChatGPT et les recensions Wikipedia, les fact-checkers ont un parti pris politique orienté à gauche de l’échiquier. C’est donc plutôt une bonne nouvelle !

Exit les vérificateurs tiers

Meta rémunère actuellement plus de 80 médias à travers le monde - dont l’AFP qui y participe dans plus de 26 langues - pour alimenter en modérations son programme de Third Party Fact-Checking (3PFC) lancé en 2016. Exit donc ! Ces journalistes censeurs seront prochainement remplacés par un système de « notes de la communauté » similaire à celui de X. Un changement que Marc Zuckerberg estime indispensable à la préservation de la liberté d’expression. « Les gouvernements et les médias traditionnels ont fait pression pour censurer de plus en plus. Les vérificateurs de faits ont tout simplement fait preuve de trop de partialité politique et ont détruit plus de confiance qu’ils n’en ont créé », a-t-il déclaré. 

Marc Zuckerberg regrette que son entreprise n’ait pas été plus franche. Il ne veut donc plus de « ces tribunaux secrets qui peuvent silencieusement ordonner à une entreprise de supprimer des contenus sur les plateformes numériques ». Et les aveux sont de taille quant à un niveau de désinformation jamais égalé. Le PDG de Meta affirme que durant la crise sanitaire, l’administration Biden a exercé des pressions sur ses réseaux sociaux pour censurer des millions de publications concernant la pandémie de Covid-19. Le FBI lui aurait également demandé de rétrograder les partages en ligne relatifs à Hunter Biden, embourbé dans plusieurs affaires judiciaires et scandales, et désormais « blanchi » à la faveur d’une grâce présidentielle controversée accordée par son père en fin de mandat (LOL)

Sus aux faiseurs de vérités

C’est dit et cela dérange ! Marc Zuckerberg, comme Elon Musk d’ailleurs, pose la question du « monopole du vrai ». Une publication (opinion, prise de position politique) bloquée avec la mention « contenu inapproprié », sans autre explication. Chacun d’entre nous en a déjà fait les frais, ne fusse qu’une fois. Inappropriée par rapport à qui ou à quoi ? Les standards Facebook en faveur d’un comportement sûr et respectueux bannissent le langage vulgaire, comme les images pédopornographiques, l’incitation au racisme, à la criminalité et au terrorisme et les violences envers autrui ou des animaux. Au-delà de ce cadre, toute censure est dès lors abusive. 

Et pourtant, si vous êtes conservateur et anti-woke, vous êtes d’office complotiste ou d’extrême droite, voire les deux, et vous partagez de facto de « faux contenus ». Votre opinion est déclassée et dans le pire des cas, si vous « osez » récidiver, votre compte est suspendu sine die. 20% des contenus sont ainsi en moyenne bannis. Cette sanction concerne aujourd’hui des millions d’internautes qui se voient interdits de débat en ligne par le jugement couperet de journaleux faiseurs de vérités qui étouffent de manière arbitraire les pensées divergentes, à savoir si elles ne sont pas de gauche. Meta a donc promis de « lever les restrictions sur les sujets qui sont exclus du discours dominant ».

Avec ce virage pris à 180 degrés, le message de Mark Zuckerberg sonne aussi comme une déclaration de guerre économique à l’UE. De fait, il conclut sa vidéo en annonçant collaborer avec Donald Trump dans le but de « repousser les gouvernements du monde entier qui s’en prennent aux entreprises américaines ». 

Zenzursula mise à l’épreuve

Face à ces déclarations, la parade actuelle de l’UE est le silence radio. Ursula von der Leyen essaie de tenir tête, sans vouloir toutefois froisser les géants de la Tech, alors qu’elle est bien plus prolixe lorsqu’il s’agit d’afficher de la fermeté à l’encontre du réseau social chinois TikTok. Et pour cause ! Son absence de réaction officielle souligne notre évidente dépendance !

A. d’A.

Des velléités à l’auto-sabotage : L’UE permet à Elon Musk d’offrir une tribune à la droite

À l’approche des élections fédérales, Elon Musk appelle sans détour à voter pour l’AfD, le parti nationaliste allemand. De quoi faire trembler le gouvernement en place. Et pas seulement ! 

L’effet Streisand

La presse traditionnelle évoque « un entretien propagande ». Mais en dénonçant, à coup d’appels au boycott, le podcast Musk-Weidel (AfD) sur X, les censeurs européens se sont tirés une sérieuse balle dans le pied. Comme lors de son soutien à Javier Milei ou à Giorgia Meloni, Musk a attiré efficacement tous les regards médiatico-politiques sur son live. Une armée d’« experts », dont 150 fonctionnaires européens (sic !) spécialisés en législation numérique, ont surveillé la discussion en ligne pour vérifier qu’elle respectait bien les standards du Digital Services Act (DSA). Comme il n’y a guère qu’un régime à la chinoise (tentant pour certains) qui puisse empêcher les internautes de surfer sur le net, ce faisant, les opposants au milliardaire ont fait jouer l’effet Streisand, un effet qui suggère qu’en essayant de censurer quelque chose, on ne fait qu’accroître la sensibilisation du public à ce sujet et le nombre de vues. 

Pourquoi tant de haine ?

En tant que libéral pur et dur, Elon Musk nourrit un profond mépris pour les régulations qu’il considère comme des entraves à la prospérité. Son approche de la liberté, qu’elle soit économique ou d’expression, courrouce la gauche. L’argent de l’innovateur audacieux a pourtant longtemps été, à foison, en soutien aux démocrates. Son récent revirement à l’avantage des républicains date d’octobre 2022, lorsqu’il a racheté Twitter/X. Au moment où il reprend en main le réseau social, il découvre alors que les démocrates en ont fait un objet de censure. La plateforme compte 2/3 de démocrates contre 1/3 seulement de républicains. Comment est-ce possible ? Tout simplement parce qu’il y avait eu une éradication de ces derniers par (sup)pression de leurs comptes dans une vaste opération de « modération » subjective orchestrée par Joe Biden. On peine à mesurer l’ampleur du « gate » car la censure est ancrée dans les mœurs des démocraties européennes, mais pour les Américains, c’est alors un véritable scandale qui viole le 1er amendement de la Constitution des Etats-Unis, celui-là même qui sacralise la liberté d’expression et sanctionne l’ingérence gouvernementale. Musk fait alors sauter tous les verrous. Dans son sillage, les plus démocrates de la Silicon Valley basculent vers le camp Trump.

Le nouvel empire de la force

Censurer X est désormais l’objectif politique majeur, l’ancien commissaire européen au marché intérieur Thierry Breton en tête (sans étonnement !). Mais à s’engager dans un bras de fer avec Elon Musk, l’UE prend toutefois le risque d’un second effet, boomerang celui-ci, laissant potentiellement l’Europe plus vulnérable encore !

A. d’A.