Kinshasa devra naviguer dans la tourmente, ou couler.

Le spectre de Washington est apparu en Angola, en présence de Félix Tshisékédi, à l’occasion de la remise en service du corridor de Libito : une structure ferroviaire capitale pour les transferts de minerais critiques. Non, Fatshi n’a pas vu la Vierge, à peine Sleepy Joe, enfin ce qu’il en reste. La visite américaine, dernière apparition de Joe Biden, soulignait l’importance de l’événement. Aucun déplacement officiel en Afrique auparavant. 

Le Chef de l’État congolais était incontournable car ce géant régional est le premier fournisseur mondial de minerais critiques ; c’est-à-dire ceux qui sont indispensables aux stratégies menées par les grandes puissances. Officiellement, l’on salue l’accélération des exportations favorisant la transition énergétique mondiale. Louable préoccupation écologique. Traduction : avec le concours des États africains concernés, dont la RDC, il s’agit de damer le pion à Pékin (Bejing pour les initiés) en lançant ainsi un accès aux marchés occidentaux en alternative aux investissements chinois. Rappelons que si le Congo est un géant africain, c’est en raison de ses frontières dont les contours avaient été dessinés par le Roi Léopold II qui en avait obtenu ensuite la reconnaissance par la Conférence de Berlin ; celles-ci ayant été ultérieurement arrêtées par l’Union africaine. Merci qui ?

L’économie internationale des vingt à trente prochaines années se décidera au Congo grâce aux minerais critiques. Dommage que l’État congolais soit dépourvu de substance. Vivement que se constitue une élite congolaise, une vraie, d’envergure et d’un niveau adaptés aux défis mondiaux. Elle émerge, pas assez vite. De Kolwezi vers le monde, en passant par l’Angola, le Congo dispose maintenant d’un axe majeur de développement : 1.500 km de voies ferrées à construire. Et même davantage puisque la Chine y développe son propre réseau ferroviaire. Le pactole pour le pays, théoriquement. Encore faudra-t-il que les profits ne soient pas complètement accaparés par les réseaux classiques, les mêmes poches. Une évidence ? Prenons date… 

Cuivre, cobalt, lithium, coltan, germanium, terres rares, etc., les Occidentaux ont baissé la garde. Profitant de la médiocrité de nos petits hommes gris et de la dévastation intellectuelle issue de la repentance, du wokisme, d’un humanisme mièvre et d’autres fanges intellectuelles gauchistes, la Chine s’est largement implantée. Les chancelleries africaines y ont vu une opportunité. Les Chinois payent cash, là où les autres s’encombrent de postures d’ordre moral. La transition énergétique, ben voyons ! Essentiellement, si Pékin parvenait à maîtriser les flux de minerais stratégiques, ce sont les Armées d’Occident qui seraient neutralisées, sans parler d’incidences économiques catastrophiques. Or, comme il est évident qu’aucune puissance américaine ou européenne ne se laissera mener à ce degré d’affaiblissement, le ton monte. La question des minerais critiques est désormais centrale. En conséquence, il appartient à Kinshasa de tirer adroitement les marrons du feu. À l’inverse, toute maladresse pourrait s’avérer fatale à ce pays faible, en réalité, c’est-à-dire sans moyens développés ni État effectif, pris maintenant entre le marteau et l’enclume.

Félix Tshisékédi a l’intelligence de qualifier le Congo de « pays solution ». C’est vrai, mais peut-on raisonnablement compter sur des affairistes incultes pour œuvrer véritablement en ce sens. Parmi eux, combien n’étaient que des assistés sociaux avant d’occuper leurs fonctions actuelles ? Il y a pourtant des Congolais de très haut niveau, et des internationaux pourraient être engagés en renfort. Le pouvoir a horreur du vide. Et cela vaut a fortiori à l’heure où les principales puissances mondiales s’affrontent. En réalité, de quelles structures de véritable organisation dispose le Chef de l’État ? Poser la question donne le vertige. Ces gens ne maîtrisent même pas au quotidien leur emploi du temps ; et ça se pique de diriger…