On lit dans la presse de droite que le Nouveau Front Populaire (NFP) du sieur Mélenchon n’aurait pas « vraiment » remporté les élections législatives françaises du 7 juillet, que c’est qu’à la faveur d’une sorte de concours de circonstances mâtiné de manipulations diverses que la pire clique extrémiste depuis 1945 semble avoir remporté les élections.

Certes, on se console comme on peut mais, dans la durée, on gagne rarement à vivre au large du réel : habituellement, le réel revient et l’emporte. Car, s’il est un fait indubitable, c’est que le NFP du sieur Laval, pardon Mélenchon, a remporté les élections. Le fait que ses idées islamo-gauchistes antisémites ne soient partagées que par 10% des Français ne rend sa victoire que plus éclatante.

La clef du succès de l’extrême gauche est d’avoir su tirer profit du système français, en s’y adaptant sans la moindre réserve pratique, politique ni morale. D’abord en montant un improbable Nouveau Front Populaire en quatre jours, consistant à faire élire et pousser vers le second tour un maximum de candidats de gauche. Si LFI, le PS, les Écologistes et les communistes (ouf !) étaient allés au premier tour en ordre dispersé — sans désistement réciproque — ils auraient été pulvérisés, quasiment sans élu direct, et peu de qualifiés au second tour. La stratégie du front leur a permis, tout au contraire, de faire élire directement un nombre appréciable de députés, et surtout de qualifier pour le second tour un nombre autrement considérable de candidats. Le prix à payer par la gauche classique étant de faire élire des extrémistes délirants qui sont la négation vivante de ce que prétend incarner la gauche laïque depuis un siècle.

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C’est ici que se dresse la deuxième porte du succès de l’extrême gauche, qui réside pour le dire de façon aimable dans la très grande plasticité des convictions du président de la République M. Macron. Si le NFP et le parti de M. Macron — qu’il vaut mieux ne pas nommer, car il change de nom comme son chef de file, de conviction — étaient allés au second tour sans désistement, le RN de Mme Le Pen serait sorti largement premier du scrutin, la gauche et le parti présidentiel se faisant laminer. 

Un nouveau désistement réciproque s’imposait donc, cette fois au nom du ‘front républicain’  — encore un front ! — contre les ‘forces du fascisme’ (sic), consistant pour M. Macron à s’allier avec la pire fripouillerie extrémiste en Europe depuis 1945, en la personne de gens qui qualifient le Hamas de mouvement de résistance, qui invitent à la guerre des races, excitent la pire haine antisémite depuis Vichy (clin d’œil à Raphaël Glucksmann, que l’histoire retiendra comme le nouvel Ephialtès à Sparte ).

Ceci au prix du grand écart de M. Macron, qui embrasse ceux qu’il qualifiait hier de menaces contre la République. L’écart n’est pas moins grand dans le chef du NFP, qui considère M. Macron comme une sorte de valet du capitalisme apatride. 

Que pèsent ces menues contradictions, quand il s’agit de l’emporter (NFP) et de limiter les dégâts (parti présidentiel). 

Cette stratégie du double désistement n’aurait pas suffi à endiguer la victoire de la droite si, à l’instar de la gauche, la droite avait réalisé son union. Toutefois, cette union, c’est ce que cette droite si justement qualifiée de plus bête du monde, ne pouvait envisager, en raison de ses préventions à l’égard du parti de Mme Le Pen. Car, le RN a été fondé par des gens infréquentables ! Tellement que Mme Le Pen a exclu son père de son propre parti — réellement, non symboliquement — et qu’il n’existe pas un seul élément du programme, certes pâle, du RN qui égale en extrémisme et radicalité l’intégralité du programme démentiel du NFP. Toutefois, la vieille droite des Xavier Bertrand, Copé et autre Nadine Moreno ( !) préfère mourir seule, dans les ruines de la France, qu’embrasser la victoire.

Désistement à gauche dès le premier tour, désistement au centre au second tour, bêtise de la droite : tels sont les trois ingrédients de l’incontestable victoire de M. Mélenchon et ses sbires.

Vive la France. 

1 Éphialtès est un Grec Malien qui dévoila à Xerxès Ier le sentier de l’Anopée par lequel les Perses prirent à revers les positions des Spartiates du roi Léonidas Ier à la bataille des Thermopyles en 480 av.