Le musée de l’Armée (MRA), lieu emblématique de l’histoire du pays, sera la principale plaque tournante du bicentenaire de la Belgique, qui sera célébré en 2030. Le problème ? Le MRA est prié de vider les lieux ! Plusieurs ASBL craignent que ce master plan signe l’arrêt de mort du devoir de mémoire. A 300 mètres des Institutions européennes, du passé on ne fait pas table rase, surtout en ces temps troubles ! Quel est le vrai du faux ? Nous vous l’annoncions, PAN mène l’enquête.

Un non-sens historique

Dans le cadre du master plan de « revalorisation du parc et des musées du Cinquantenaire », le gouvernement a décidé de supprimer la présentation d’une grande partie des collections du musée de l’Armée, plus de 45.000 pièces, sans solution de remplacement, dénoncent plusieurs associations, dont Art&Heritance, la société royale des amis du musée royal de l’armée et d’histoire militaire de Bruxelles (Srama) ou le comité de quartier Tervueren-Montgomery. Ce faisant, le MRA ne pourra plus présenter les objets du XVIIIème, du XIXème et de la Seconde Guerre mondiale. Exit aussi les expositions permanentes consacrées à la montée des extrémismes, à la déportation et à la Shoah. Exit donc la mémoire de ces périodes douloureuses en un moment où renaissent les extrêmes. En outre, aucun espace n’existe aujourd’hui pour conserver en archives de manière optimale ces collections reléguées dans l’oubli ! Transformer ce site en « agora publique » est un non-sens. Ce faisant, le politique détruit la seule présentation complète, cohérente, nuancée et scientifique consacrée aux crimes politiques et racistes du régime nazi, alors même que ce sont des parties du musée abondamment visitées par les écoles dans un cadre pédagogique. Au passage, on balaie d’un revers de la main des millions d’euros récemment investis en rénovation dans une scénographie moderne et didactique qui fait référence à l’international dans ce domaine.

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Un non-sens politique

La décision est passée en catimini. Le 17 mai 2024, le Conseil des ministres a marqué son accord sur ce « master plan » proposé par l’Asbl Horizon 50/200. Budget prévu : 107 millions d’euros, dont il est avoué que l’on n’en possède pas la totalité à ce stade. Le président du conseil d’administration : Bruno van Lierde, proche de Thomas Dermine (PS). Est nommée directrice du projet de revalorisation du Cinquantenaire, Isabelle Casteleyn, ancienne porte-parole du Cabinet Melchior Wathelet

Le projet prévoit un axe Schuman-Mérode, qui devient une esplanade métropolitaine avec un espace souterrain. L’espace vers Schuman contient une réserve centrale du musée, soit 2500 m2, dont l’accès se fait par la halle Bordiau. Elle contient du matériel rare et sensible sur le plan de la sécurité (environ 15.000 armes à feu portatives. Le domaine est militaire. L’accès est réduit, sous alarme. Déplacer ceci supposerait la construction d’une nouvelle réserve dans des conditions identiques. Où est la proposition et où est l’argent ?

Il est fort à parier que la rénovation du site coûtera un demi-milliard d’euros, dont 80 millions seulement sont disponibles aujourd’hui. A l’heure où le pays est à l’économie, la question des priorités utiles ne semble pas se poser pour tout le monde !