L’évolution du secteur Horeca en Belgique au cours des dernières années révèle une situation critique, exacerbée par des augmentations de coûts et des pressions fiscales accrues. Les foudres et les incohérences de l’administration auront un jour tristement raison de l’esprit d’entreprise !
Entre 2019 et 2023, le coût total des travailleurs dans ce secteur a augmenté de 27 %, principalement en raison des ajustements liés aux indices barémiques et à l’ancienneté. Le salaire net des employés a lui aussi progressé de 3,1 % grâce aux bonus à l’emploi, mais cette hausse a été absorbée en grande partie par les employeurs, dont le coût total par rapport au net versé aux travailleurs a augmenté de 2,3 %. En d’autres termes, si les salaires nets ont bien augmenté, cette augmentation a été obtenue en partie au détriment des marges des entreprises du secteur.
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Acharnement fiscal
La pression fiscale et salariale dans l’Horeca pèse lourdement sur des employeurs qui doivent faire face à des marges en chute libre. En effet, selon le Bureau du Plan, les prix dans le secteur Horeca ont augmenté de moins de 15 % entre 2019 et 2023. Cependant, avec une hausse des charges salariales de 27 %, cela entraîne une réduction des marges de plus de 10 % en moyenne, les coûts salariaux représentant jusqu’à 42 % des charges totales. Cette érosion des marges survient alors même que les crises successives — dont la pandémie de COVID-19 — ont fragilisé les trésoreries, creusé les dettes, et laissé de nombreuses entreprises avec un cash-flow quasiment inexistant.
Si la fréquentation des établissements Horeca semble être à un niveau relativement stable aujourd’hui, les difficultés financières restent nombreuses. Les propriétaires et les gestionnaires peinent à maintenir leur activité face à des dettes accumulées qui, pour beaucoup, semblent insurmontables. Travailler d’arrache-pied pendant encore dix à quinze ans simplement pour rembourser des dettes devient, pour certains, un projet sans issue. Nombre d’entre eux préfèrent donc mettre la clé sous la porte plutôt que de s’engager dans une décennie d’efforts sans garantie de bénéfices.
SPF Emploi : fossoyeur par facilité
Le rôle du SPF Emploi, loin de faciliter une reprise ou un accompagnement des entreprises en difficulté, suscite par ailleurs des critiques. Nous savons de sources bien informées que, pour « assainir » ses statistiques, l’administration semble privilégier les faillites des entreprises en difficulté, ce qui lui permettrait d’exclure ces dettes de ses comptes… La mauvaise foi et l’acharnement chronique atteignent des sommets !
Plutôt que de soutenir activement ces entreprises et de les aider à retrouver un équilibre financier, nous constatons avec effroi que les autorités publiques adoptent une approche purement comptable et indigeste (voire malhonnête et inhumaine) qui aboutit à des faillites « arrangées » : des plans de redressement judiciaire simplifiés (mini-PRJ) sont ainsi approuvés par les tribunaux du travail, excluant notamment les créanciers publics comme le SPF Emploi et les services des finances, ce qui permet de réduire artificiellement la dette publique… Un comble !
Cette situation traduit un malaise profond dans le secteur Horeca en Belgique, où les entreprises se sentent prises en étau entre des charges en augmentation constante, des marges réduites, des dettes croissantes, et une aide publique perçue comme insuffisante, voire contre-productive.
La survie du secteur nécessite une fois pour toute un réexamen urgent des politiques de fonctionnement et de soutien des entreprises, pour éviter une désertification progressive des établissements Horeca en Belgique et pour préserver des emplois dans un secteur toujours aussi fondamental pour un économie belge qui bat le beurre !
Vilain Coco