Depuis plus de trente ans, le Parti Socialiste (PS) belge a occupé une position dominante sur l’échiquier politique en Wallonie et à Bruxelles. Cependant, son hégémonie a été entachée par une série de scandales de corruption, de malversations et de mauvaise gestion qui ont terni son image. Désespéré et mauvais perdant, le PS fait aujourd’hui le choix de s’acoquiner avec le PTB (le cordon sanitaire ne s’appliquant pas au PS à une formation d’extrême gauche) pour tenter de conserver son emprise sur les institutions communales et régionales. Retour sur ces deux aspects majeurs de l’histoire contemporaine du PS.
Les scandales du PS : un passif lourd
Ces trente dernières années, le PS a été impliqué dans une succession d’affaires lamentables et condamnables qui ont marqué la vie politique belge, en particulier en Wallonie. Parmi les plus retentissantes, nous retiendrons par exemple :
Affaire Agusta-Dassault (années 1990)
Ce scandale de corruption impliquait le financement illégal du PS via des pots-de-vin liés à l’achat d’hélicoptères Agusta pour l’armée belge. Des figures importantes, comme Guy Spitaels et Guy Coëme, ont été condamnées, marquant une première onde de choc retentissante dans le parti.
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Affaire Publifin (2016-2017)
Ce scandale a révélé un système opaque de rémunérations excessives pour des administrateurs publics dans une intercommunale liée au PS en Wallonie. Stéphane Moreau, l’un des protagonistes, a symbolisé les dérives clientélistes, le manque de transparence dans la gestion publique… et l’enrichissement personnel à outrance !
Samusocial (2017)
À Bruxelles, des élus socialistes, dont l’ancien bourgmestre de la ville, Yvan Mayeur, ont été impliqués dans une affaire d’utilisation abusive de fonds publics destinés aux sans-abri. Cet épisode rocambolesque a, une fois encore, solidement confirmé la vision toute personnelle du progressisme au PS bruxellois !
Tout cela saupoudré par de très fréquentes affaires locales et des réseaux clientélistes, l’octroi de marchés publics douteux ou de favoritisme et de petits arrangements entre amis… Des scandales à répétition qui ont renforcé l’idée d’un parti sclérosé, ancré dans des pratiques politiques mafieuses au mépris du peuple. Pour de nombreux électeurs, cela a largement et malheureusement ouvert la voie à l’émergence d’alternatives extrêmes, dont le PTB et son bolchévisme de circonstance.
Les alliances post-électorales avec le PTB : une nouvelle ère stratégique
Face à la volée de critiques et à la progression du PTB, notamment parmi les classes populaires, le PS s’est ainsi retrouvé confronté à un dilemme : comment contenir et utiliser ce rival à sa gauche tout en conservant sa place dominante dans les institutions régionales ?
Contexte politique : montée du PTB
Le PTB a bel et bien connu une ascension fulgurante au cours des dernières élections régionales et fédérales. En Wallonie et à Bruxelles, le parti d’extrême gauche, prônant des politiques radicales comme la nationalisation des secteurs stratégiques ou la gratuité des services publics essentiels, est parvenu à séduire les électeurs déçus par les scandales du PS. Aux élections régionales de 2019, le PTB a obtenu des scores significatifs (13,7 % en Wallonie et 11,6 % à Bruxelles), devenant un partenaire incontournable pour certaines coalitions.
Les accords avec le PTB : pragmatisme ou opportunisme ?
Après les élections de 2019, plusieurs signaux ont montré un rapprochement clairement opportuniste entre le PS et le PTB…
Collaboration locale :
Dans certaines communes, des accords de gestion ont été conclus entre les deux partis pour garantir une majorité. Ces alliances témoignent d’une reconnaissance mutuelle de leurs forces électorales respectives, même si elles demeurent souvent conflictuelles sur le fond et incohérentes sur la forme.
Dialogue au niveau régional :
Bien que les relations entre Paul Magnette (PS) et Raoul Hedebouw (PTB) restent tendues (comme un combat de coqs entre deux beaux-parleurs populistes), des discussions sur des thématiques clés – comme l’augmentation du salaire minimum ou le renforcement des services publics – ont notamment rapproché les deux partis. Pour le PS, ces accords sont un moyen de minimiser l’impact du PTB tout en apparaissant à l’écoute des préoccupations sociales… et de couper l’herbe sous le pied des nouvelles majorités MR/Engagés.
Critiques et limites
Mais ces alliances avec l’extrême gauche sont cependant loin de faire l’unanimité au sein même du PS. Certains cadres du parti craignent que ces rapprochements ne légitiment davantage le discours du PTB et ne compromettent l’identité réformiste du PS. Par ailleurs, la confrontation idéologique reste vive sur des sujets tels que l’Union européenne ou le rôle de l’économie de marché que le PTB critique violemment et qui est pourtant incontournable pour financer ses rêveries communistes d’un autre temps.
Un avenir incertain pour le PS
Le PS navigue dangereusement aujourd’hui dans des eaux troubles. S’il reste un acteur clé de la politique belge, ses bases traditionnelles s’effritent, et les alliances avec le PTB, certes opportunes à court terme, pourraient exacerber les tensions internes. De plus, ces accords risquent de brouiller davantage son message auprès des électeurs, partagés entre les aspirations réformistes du PS et le radicalisme du PTB.
Le défi principal pour le PS sera alors de se réinventer tout en regagnant chèrement et malhonnêtement la confiance des électeurs désabusés. Cela devra passer par une fausse rupture avec les pratiques du passé, une gestion soi-disant plus transparente et une réaffirmation toujours plus agressive de son positionnement politique. Dans ce contexte, l’évolution de sa relation avec le PTB sera un indicateur clé de la stratégie recherchée et de sa nouvelle usine à magouilles pour les années à venir !
Vilain Coco