Belges et Congolais, autrefois en perspective d’Eurafrique.

Lorsque les relations sociales ont la famille pour référence, le sens des termes choisis doit retenir l’attention. Au Congo, monsieur se dit papa, madame, maman, et le Belge est un oncle (noko, en lingala). De plus, un Belge épousant une Congolaise est un beau-frère. Ce n’est pas du folklore, c’est la trace linguistique profonde, transmise de génération en génération, du tissu humain belgo-congolais. 

Voici plusieurs décennies, déjà, n’importe quel Belge, pris au hasard, avait lui-même, ou par un parent, ou par un ami, un lien avec des Congolais ou concernant le Congo. Puis, à cause d’intrigues flamingantes anti-francophones au sein des Affaires étrangères notamment, en passant par une instrumentalisation des droits de l’Homme afin de s’offrir une posture démagogique en Flandre surtout, car le Maréchal Mobutu avait le dos large, la coopération s’est distendue. Il aura fallu attendre Louis Michel, un francophone, l’héritier par alliance de l’empire Damseaux, belgo-congolais également, pour que s’amorce le début d’un renouveau entre le Congo et la Belgique. La preuve que l’intérêt personnel est plus constructif que les divagations humanitaires et le sirop de guimauve.

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Actuellement, ce tissu humain belgo-congolais a été littéralement régénéré par la diaspora congolaise de retour au pays. Il y a maintenant de nombreux Belges, binationaux, exerçant d’importantes fonctions en République Démocratique du Congo. Une occasion unique de multiplier les échanges. La nostalgie ne suffira pas. Justement, cette nouvelle génération de Congolais est animée d’autres projets. Issus de Belgique et d’ailleurs en Europe, mais aussi d’Amérique du Nord, au Canada comme aux États-Unis, ces Congolais sont ouverts aux synergies. Singulier renvoi à l’Histoire. Aux bureaucrates européistes, rappelons qu’à l’origine, les fondateurs de la CEE, préfiguration de l’Union européenne, avaient inscrit leur projet d’intégration en perspective qualifiée à l’époque d’Eurafrique. Le Congo serait aujourd’hui au sein de l’Union européenne s’il n’y avait eu l’indépendance.

Le Congo manque cruellement d’entreprises et regorge de parasites. Ce potentiel humain est, en lui-même, un formidable atout de développement. Encore faudrait-il que notre microcosme politique mise sur les entreprises, des vraies : pas des satellites de cette clique politicarde, abreuvés de financements publics. Et de même, il serait grand temps de recycler nos diplomates de sorte qu’ils comprennent enfin que leurs gesticulations diplomatico-administratives sont dérisoires, aux antipodes des nécessités socio-économiques belgo-congolaises. Les entreprises ont besoin de mieux que des gratte-papiers.

L’Union européenne a longtemps servi de prétexte à l’inertie de gouvernements successifs belges au refrain classique : « ce n’est pas moi, c’est l’autre », ou plutôt « nous aimerions mieux coopérer avec Kinshasa mais il faut un consensus européen ». D’où, une politique de mollusques dont Kigali a profité, des années durant. L’arrogance de Paul Kagame a pris une telle ampleur qu’il prétend sanctionner la Belgique en s’adressant à l’Union européenne pour tenter de la dissuader de nommer un Belge au titre de représentant spécial pour les Grands Lacs. Le potentat de Kigali n’a pas supporté que le gouvernement belge ait contesté les actions des services spéciaux rwandais menées en Belgique pour réprimer des opposants à son régime. La médiocrité politique belge était jusque-là à l’avantage du tyran qui sévissait impunément sur le territoire depuis plus de dix ans. La molle et tardive réaction belge résultait de l’impossibilité de nier l’évidence établie par le collectif Forbidden Stories et dix-sept médias internationaux de onze pays. Enfin, oui enfin, la Belgique vient d’enjoindre le Rwanda de retirer ses troupes du territoire de la République Démocratique du Congo ; un nouveau pas franchi. Courage, petit politicien. Le gouvernement des nokos va-t-il enfin renouer les liens ancestraux avec la grande famille belgo-congolaise ?