Le 27 mai dernier, le bourgmestre Close se gargarisait une dernière fois (durant cette législature) des merveilleux résultats financiers de « sa » ville-monde aka Bruxelles-ville. Il faut dire que claquer 1 milliard d’euros dans une commune de moins de 200.000 habitants (194.291 au 1er janvier 2023), relève de l’exploit. Le tout assorti de déficits récurrents et de plusieurs dettes abyssales. L’écolo-progressisme est un grand banquet financier.

On en vient à se demander s’il ne serait pas plus efficace de virer 5.000 € à chaque habitant inscrit à la commune: ça dépenserait de même mais les citoyens seraient sans doute plus heureux. En attendant l’avènement de cette utopie, écoutons notre excellent bourgmestre.

Bonus onirique

Au pas de course, Close annonce les résultats du compte 2023 : « nous sommes heureux de vous annoncer que les comptes 2023 sont à l’équilibre comme ceux de 2022. Nous enregistrons un solde budgétaire positif, en 2023, de 232.799,31 €. Rappelons que plus de 10 communes sur 19 sont actuellement en déficit. Nos prévisions budgétaires sont donc justes et rigoureuses. L’activité économique est soutenue, nous avons fait des efforts significatifs sur les dépenses, tout en préservant les emplois, assurant le soutien à la police et au CPAS, maintenant un d’enseignement de qualité et en développant les activités culturelles et évènementielles.» Circulez, y’a rien à voir.

Même pas du tout d’accord

David Weytsman (MR) n’est, à l’évidence, pas d’accord. « Nous n’avons pas du tout la même analyse que vous. Les comptes reflètent votre gestion, la gestion de votre collège. Je me suis permis une analyse plus détaillée. Malgré l’augmentation massive des redevances et des taxes ( stationnement, occupation de voirie, surfaces de bureau, reprise de l’IPP sur 14 mois au lieu de 12…), je compte un mali de 2,3 millions. Votre budget 2023 n’était pas à l’équilibre puisque 2,6 millions ont ponctionnés sur les fonds de réserve pour obtenir votre petit boni. » Ce qui fera réagir Close à la bonne franquette socialiste : « les  provisions sont faites pour être utilisées, on ne va pas les cumuler  dans un arbre comme un écureuil. » Sauf peut-être si l’on est fortement endettés ?

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Close, propriétaire terrien ?

En attendant, la PME Bruxelles-ville compte 356 équivalents temps plein… en plus ( !) depuis 2018. Du côté des frais, l’augmentation s’élève à 50 % sur 5 ans. Weytsman : « Les comptes sont faussement à l’équilibre non pas par rationalisation mais par augmentation de taxes. » Le MR n’a pas tort de taper sur le clou sur l’octroi des subsides tous azimuts ou les dotations du CPAS. Pour ce dernier, il est rappelé qu’il détient un « modeste » parc immobilier : 311 millions bâtiments, 76 millions de terrains à bâtir et 35 millions de terres agricoles. Weytsman : « La vente de ces terrains permettrait de rembourser la dette mais surtout d’alléger la dotation communale toujours présentée comme une fatalité. » Close se renfrogne, pas question de liquider les actifs de la ville. Presqu’un aristocrate en fait, préférant la dette à la liquidation de ses terres arables. 

Pourtant, avec une charge de dette qui a évolué de 66 à 83 millions au cours des 12 derniers mois et, particularité bruxelloise, une dette court-terme (743 millions) beaucoup plus élevée que la dette à long terme (427 millions), la situation ne permet plus de faire la fine bouche.

Bien mieux: Close le banquier !

Avec une foultitude d’autres signaux d’alerte comme une trésorerie chroniquement faible (10 millions en caisse), un mali cumulé de 589 millions au service extraordinaire… sans compter les garanties accordées aux hôpitaux de l’entité, Philippe Close finit par reconnaître que la situation est complexe : « mais reconnaissons  tout de même que, après les dettes du covid, l’augmentation de la population et des entreprises sont des signes encourageants pour notre politique. »

Le bourgmestre est d’ailleurs tellement encouragé qu’il prévoit bientôt… la création d’une banque bruxelloise pour gérer l’ensemble des trésoreries de l’entité « ville de Bruxelles ». Fils de banquier, le juriste Close est prêt à relire Pagnol et la gloire de son père.

Foster Laffont