La Banque mondiale établit que le facteur humain est la première carence

Le fait est que 75 Congolais sur cent ont moins de 2,00 euros par jour pour vivre. Le pays se situe parmi les 5 plus pauvres du monde. Sa production agricole a ralenti, passant d’une faible croissance (2.4% en 2022) à encore plus faible (2,2% en 2023). L’alimentation est la base de tout, une évidence qui ne semble pas être connue sur place puisque le travail qu’elle exige est dénigré : le moins que l’on puisse dire, c’est que peu de Congolais s’activent dans le secteur agricole. Bref, le développement, oui, mais par l’œuvre de qui ?

Quelle est la mesure du possible ? 

La Banque mondiale a élaboré un indice de capital humain; une façon d’évaluer la capacité d’une population à se développer en son cadre de vie. Selon une échelle de 0 à 1, le Congo est classé à moins de la moitié: 0,37. Ce taux, à l’échelle de toute l’Afrique subsaharienne, est légèrement plus élevé: 0,40%. Concrètement, cela se traduit par ceci: le futur d’un enfant congolais est bouché au point qu’il est pratiquement condamné à ne jamais dépasser le niveau de 37% d’autres enfants élevés en des conditions de santé et de formation optimales. Tel est le réel. À défaut d’assumer sa jeunesse, le pays entretient la pauvreté depuis 64 ans. Et même il l’aggrave. Le Congo connaît l’une des croissances démographiques les plus rapides du monde: 3,3% en 2022 alors que le taux mondial n’était que de 0,8%. En moyenne, les femmes congolaises ont 6 enfants. UN FUTUR BOUCHÉ, PLAFONNÉ À 37%…

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Que dire de l’inconséquence parentale ?

La culture ne peut exonérer de tout, car c’est l’aide internationale qui y supplée. Par exemple, l’UNICEF explique l’une de ses méthodes d’assistance publique: «Lorsqu’un enfant est diagnostiqué comme souffrant de malnutrition aiguë sévère dans un centre de santé à Manono dans la province du Tanganyika, sa famille est enregistrée et reçoit un téléphone ainsi qu’une carte SIM en plus des aliments thérapeutiques prêts à l’emploi. Ce téléphone lui permet de retirer chaque mois 140.000 francs congolais auprès d’un opérateur mobile durant six mois » soit 45,00 euros mensuels, outre le coût des aliments et du téléphone. Cela n’empêche pas de nouvelles naissances dans les mêmes familles, au contraire puisqu’elles n’ont plus à « chercher l’argent ». Il tombe du ciel. 

Encore plus de prochains pauvres !

Théoriquement, une population massivement jeune est un atout, mais si son futur est entravé, la déstabilisation du pays s’en trouve accrue. Or, il est déjà en guerre et menacé de balkanisation. Gardons-nous des postures convenues: il n’y a pas un gouvernement présumé fautif à stigmatiser et un peuple présumé innocent à plaindre. S’il incombe à tout État de mettre en place le cadre de développement, celui-ci n’a pas pour autant vocation à prendre les individus en charge. Ceux-ci s’activent peu dans le secteur agricole; c’est une faute collective. Culturellement, l’agriculture est déconsidérée. Culturellement aussi, la notion du temps freine l’initiative privée: l’idée d’investir sans bénéfice immédiat est peu répandue. Parallèle affligeant avec la natalité: l’on vit au présent, négligeant le futur. Il en résulte qu’il n’y a quasiment aucune entreprise privée congolaise d’envergure. Les plus importantes sont greffées sur des investisseurs étrangers ou sur des marchés étatiques. 

L’impérative nécessité de se libérer d’entraves

En revanche, l’esprit de débrouille a permis le développement de « l’informel »,
qualification pudique du tout et n’importe quoi pourvu que la subsistance puisse être générée par de petites opérations de profit immédiat sans avoir besoin de grands moyens. Les plus débrouillards subsistent sans s’enrichir, car ils sont aussitôt tirés vers le bas par les assistés de tout poil: famille, amis, etc. Bref, les meilleurs sont vampirisés. Malheureusement, cela signifie aussi que les plus entreprenants sont ainsi empêchés de constituer graduellement une classe de vainqueurs, des précurseurs capables de développer une véritable économie grâce à la multiplication de leurs initiatives individuelles. Des avancées, il y en aura néanmoins, car un jour naîtra une classe productive qui prendra conscience de l’impérative nécessité de se libérer d’entraves socio-culturelles anachroniques, mais ce sera au prix de la neutralisation des laissés pour compte sinon la déstabilisation et la guerre emporteront tout.