Fatshi veut l’entrée du Congo au Conseil de Sécurité

Le développement est un sujet récurrent de préoccupation sur tous les continents. Comme toujours, à défaut de résultat, l’on a adapté le verbiage, histoire d’enjoliver le récit. Les pays sous-développés sont devenus des pays en voie de développement, qualifiés actuellement de pays moins avancés. 

Au registre des réalités, Mobutu avait cru qu’en distribuant les réalisations d’étrangers à des Congolais, ceux-ci allaient développer le pays. Nenni, les happy few ont tout détruit après avoir dilapidé les avoirs d’autrui ainsi accaparé arbitrairement. Du pillage ! Une faute significative de mentalité : produire ne va pas de soi, culturellement.

Cet instinct de prédation plane encore. Il a pris une autre forme : la loi relative à la sous-traitance. Plutôt que l’accaparement immédiat de la zaïrianisation, les vautours y ont substitué un accaparement graduel, au coup par coup. En guise de sous-traitance, l’on impose à l’investisseur des intervenants congolais et des modalités de taxation si floues que cette législation ouvre la voie à l’arbitraire, à la prédation. Résultat, les investisseurs étrangers ne se bousculent pas au portillon sauf en provenance de pays leur permettant de s’adapter à la corruption locale : Chine, Turquie, Liban, etc. De ce fait, la corruption est alimentée tandis que les ressources de la Nation sont galvaudées. C’est un engrenage pernicieux, sans fin à moins d’un changement politique de cap. Fatshi va-t-il décider cela ?

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Le développement en faveur des Congolais, cela s’entend. Toutefois, sur place, la question se pose : développer, oui mais quoi et avec quels Congolais ?
Un déficit généralisé de formation et trop peu de ressortissants du pays capables d’investir, cela incline à la pauvreté. Et ça, c’est une responsabilité congolaise. Conscient de la nécessité de remédier à cette carence de ses prédécesseurs, Fatshi a fait appel à l’équipe, si l’on peut dire. Il escompte que le multilatéralisme entre États facilite l’arrivée d’opérateurs étrangers s’inscrivant en perspective de développement, pas uniquement la recherche d’un retour sur investissement. Le profit n’a rien d’illégitime. Mais si la population n’y trouve aucun intérêt, sauf un minuscule microcosme, et que celle-ci n’a plus d’autre horizon que la pauvreté ou, tout au plus, la débrouille dans le secteur informel, cela finira dans le sang. À l’Est, c’est déjà le cas quoique cette discrimination ne soit pas la seule cause de la guerre. Le Président de la République n’a pas manqué de fustiger « le rôle déstabilisateur et néfaste du Rwanda ». 

Reste à rendre le Congo attractif pour l’investisseur : la possession de ressources naturelles ne suffit pas à inspirer confiance. Fatshi ne pourra pas se dispenser de structurer la société congolaise de sorte que ceux qui produisent, étrangers ou congolais, ne soient plus aussitôt vampirisés. Néanmoins, il a posé le bon diagnostic : « Il est essentiel de remédier à la déconnexion entre une population jeune en forte croissance et le marché de l’emploi en fournissant les compétences nécessaires à leur intégration ».
Autrement dit, si la croissance démographique n’est pas canalisée, la situation va rapidement devenir explosive. À défaut de disposer de moyens particuliers, le Chef de l’État a saisi l’occasion de la 79ième assemblée générale des Nations-Unies pour jouer de leviers internationaux en invoquant, au passage, le multilatéralisme et ses orientations officielles telles que la Déclaration sur les Générations Futures, le Pacte pour l’Avenir et le Pacte Mondial Numérique ; ajoutant que « des réformes globales sont nécessaires ».
Le pays dispose d’atouts.

Un esprit chagrin pourrait être tenté de relever qu’il est sans doute prématuré de vouloir s’immiscer en une gestion mondiale pour y impulser des réformes globales alors que le pays se situe dans le peloton des derniers à l’échelle mondiale en dépit de la possession de ressources inouïes. Par la même occasion, le Chef de l’État a soutenu la réforme du Conseil de Sécurité des Nations-Unies de sorte que deux sièges permanents soient attribués à l’Afrique. Il a également annoncé la candidature de la RDC à l’élection de membre, non-permanent à ce stade, du Conseil de Sécurité pour 2026-2027, rappelant que le pays l’avait déjà été en 1982-1983 et 1990-1991. Fatshi s’est engagé à ce que ce mandat soit assumé « avec honneur et responsabilité ».