On sait quels sont les candidats qui ont les dents assez longues pour râper le poste de Procureur du Roi de Bruxelles.
Honneur à Caroline Vandresse pour commencer. Cette directrice stratégique au Parquet de Bruxelles, responsable en outre de sa section famille, était déjà une spécialiste du droit de la jeunesse. Elle est encore magistrate de référence « Nixon ». Ce qui, loin d’être de nature « Trumpienne », est une expérience unique à Bruxelles permettant la recherche d’alternatives à la mise en observation forcée des personnes souffrant, en apparence, d’une maladie mentale. Sans omettre que Vandresse fut auditrice au conseil supérieur de la justice, après avoir été avocate et fait de la recherche en criminologie. Un profil donc ouvert et séduisant.
La seconde candidate n’a laissé que d’excellents souvenirs à ses pairs, qui la regrettent, de ses premières années festives au barreau. Mais cette joviale Anne Karcher, c’était avant les années Sarkozy. Son expérience par la suite de conseillère parlementaire pour la commission justice du Sénat, pendant une dizaine d’années, pourrait être un atout dans sa relation avec le politique. Son passage de 3 ans au parquet de Halle-Vilvorde, soit du côté flamand de la force, pourrait séduire opportunément. Elle occupe actuellement des fonctions dans la section mœurs (elle est spécialiste du droit pénal sexuel) et le pool des affaires criminelles. Son ambition ne s’arrête pas là puisqu’elle aussi a postulé pour le conseil supérieur de la justice. Malheureusement, comme l’adorable conseillère d’appel Sophie Van Bree qui a raté le strapontin d’un fifrelin, elle n’a pas été élue à l’élection du 21 juin.
Last but not least, la terreur du parquet veut son poste de croquemitaine à tout prix : l’ambitieuse et douée star de la répression, Julien Moinil. Lui a évidemment été réélu au CSJ, avec un 3ème score sur les 11. Plus que satisfecit pour ce summa cum laude. Il peut se targuer d’avoir requis dans les plus gros dossiers. Comme celui des « gens du voyage », qui achetaient des voitures sans les payer pour blanchir le produit des larcins dans l’immobilier. Où il a « striké » tel Zorro en faisant envoyer en prison le bon Pablo (le notaire De Doncker … !). On vient de le réentendre en ondes libres pour faire condamner les vils mafieux de la drogue démasqués par leurs téléphones cryptés. Il avait déjà très médiatiquement fait pleurer Stéphane Pauwels sur sa pelouse. L’impitoyable magistrat fédéral part donc a priori favori pour revernir un Parquet qui, après les affaires de dossiers dormants dans les placards, doit absolument se ressaisir.
Surprise : le ténor hors catégorie Paul D’Haeyer, pourtant pressenti et soutenu discrètement par le politique, s’est désisté. L’emblématique président du tribunal de l’entreprise de Bruxelles avait vu son bon copain Frédéric Van Leeuw lui passer devant comme Procureur Général. A-t-il voulu ne pas prendre le risque de concourir face à Moinil ? Il ne reviendra donc pas à ses premières amours parquetières. Ses « commercialistes », qui savourent aux audiences d’introduction sa bonne humeur contagieuse et son humour, sont à la fête. Mais le gaillard, qui gère avec sourire et de façon volontariste sa crèmerie, doit probablement battre le beurre d’un autre plan caché.
Rendez-vous en décembre pour connaître celle ou celui qui rayera le Parquet.