Le commissaire européen à l’agriculture et au développement rural, le Polonais Janusz Wojciechowski, a écrit à un député européen qui l’interrogeait sur la crise actuelle : « Stop aux importations, Green Deal dehors ! ». Lorsque cette lettre a été divulguée, le commissaire a dû rétropédaler, expliquant que sa déclaration n’était pas la sienne, mais un résumé des demandes qu’il avait entendues de la part des agriculteurs lors de plusieurs réunions et interactions au cours des dernières semaines.
Difficile à croire quand on sait que ce commissaire a été nommé par l’ancien gouvernement polonais, qui n’appréciait pas la politique écologiste européenne. Il faudra sans doute attendre qu’il ne soit plus commissaire pour comprendre ce qu’il pense vraiment sur ce sujet. Car tant que les politiciens sont en poste, il ne faut pas s’attendre à ce qu’ils disent la vérité sur le Pacte vert. C’est trop risqué et ils n’ont pas envie de se retrouver à la une des journaux accusés par les écologistes de ne pas protéger la planète et la santé des enfants.
À la Commission européenne, comme dans tous les gouvernements, il n’y a pas que les commissaires et les ministres qui sont aux commandes. Il y a surtout les chefs de cabinet et les membres du cabinet. Les dossiers sont tellement compliqués, tellement imbriqués, tellement techniques que le responsable politique ne peut pas les maîtriser, on peut le leur reprocher. Ils sont donc surtout des communicateurs. Pourtant, l’entourage d’Ursula von der Leyen et de l’ancien commissaire responsable du Pacte vert — le Néerlandais Frans Timmermans — est composé d’écologistes. Le chef de cabinet de ce dernier, Dieterik Samsom, est un militant de Greenpeace (vous trouverez sur Internet des photos de son arrestation par la police française). Le commissaire Wopke Hoekstra, qui a remplacé Timmermans, a maintenu Samsom à son poste.
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Le fiasco de l’Élysée
Acculé, craignant d’être sifflé — comme son prédécesseur François Hollande — lorsqu’il devait ouvrir le fameux Salon de l’Agriculture pour calmer les agriculteurs en colère, Emmanuel Macron a proposé la veille d’organiser un « grand débat ». Pas un débat, parce que ce serait banal. Non, un « grand débat », pour discuter de grandes idées, de grandes solutions, de grandes visions. Les syndicats d’agriculteurs, la grande distribution et les écologistes devaient être invités à prendre part à ce « grand débat ».
Michel-Edouard Leclerc, le patron de la grande distribution du même nom, a refusé d’y assister, arguant qu’il n’avait pas besoin du président de la République pour négocier avec les agriculteurs ; on le sait, la grande distribution est accusée de se tailler la part belle des bénéfices. Les syndicats agricoles, exaspérés, ont refusé ce « grand débat ». Bien sûr, nous savons tous que la crise agricole ne se résoudra pas par des paroles françaises — même de la part du président de la République — car c’est Bruxelles-Strasbourg qui est responsable de cette politique historique de l’UE. Mais ce n’est pas pour cela que le grand débat a été annulé.
Quand on sait qu’une des causes majeures du malaise de l’agriculture européenne est le fait d’écologistes qui se cachent derrière leurs organisations, on comprend qu’il y a un problème. Les agriculteurs ne sont pas dupes, ils savent que les interdictions de molécules autorisées dans d’autres États membres, mais interdites en France sont le résultat de la toute-puissance des organisations écologistes. Pour couronner le tout, lors d’un point presse la veille de l’ouverture du salon, la présidence de l’Élysée a indiqué aux journalistes que parmi les organisations vertes, elle allait inviter le groupe des « Soulèvements de la terre». Ces extrémistes écologistes sont connus pour avoir manifesté violemment contre les bassines (réservoirs d’eau pour les agriculteurs), au point que le gouvernement a demandé la dissolution du mouvement, mais le Conseil d’État a annulé la procédure de dissolution.
Le président de l’Élysée et la présidence de l’Élysée, ce n’est pas la même chose. Emmanuel Macron n’a évidemment pas invité des écologistes fanatiques. Il était d’ailleurs très en colère lorsqu’il a appris cette bévue et a fini par avoir un débat impromptu et tendu avec les agriculteurs en colère. En l’occurrence, plusieurs sources attribuent ce fiasco à deux conseillers écologistes de l’Élysée qui suivaient le dossier. Le premier est Mathias Ginet, également conseiller agricole du Premier ministre. Le second est Benoît Faraco, ancien porte-parole de la Fondation Hulot et ancien conseiller de Pascal Canfin, le président macroniste de la commission environnement du Parlement européen. Canfin a défendu à Strasbourg l’horrible loi sur la restauration de la nature. Il cristallise à lui seul une partie de la colère des agriculteurs, car on sait qu’il a dirigé l’organisation écologiste WWF France et a été membre d’Europe Écologie Les Verts jusqu’en 2015, avant de se convertir au macronisme. Et Macron l’a maintenu comme son conseiller à l’agriculture tout en le confirmant comme numéro deux sur sa liste pour les élections européennes... un véritable camouflet !
Des écologistes dans tous les partis
Selon le proverbe «dis-moi avec qui tu es, je te dirai qui tu es», ces collaborateurs du président de la République sont des écologistes qui sont tout le contraire des agriculteurs. C’est précisément le problème de l’Union européenne. Depuis trop longtemps, on laisse les écologistes, souvent d’anciens marxistes (voir l’article de Drieu Godefridi dans ce numéro de Pan), opposants à la loi du marché, s’infiltrer dans les rouages du pouvoir. C’est le cas à l’Élysée, c’est le cas à la Commission européenne, c’est le cas dans tous les partis belges jusqu’à la NVA, sans oublier le MR. D’ailleurs, lors du débat à Lasnes sur le programme énergétique du parti, il est apparu que le conseiller en énergie du président du MR est un écologiste convaincu.
La triste conclusion que l’on peut en tirer est que les écologistes se retrouvent dans les cabinets des écologistes de tous les partis. C’est pourquoi les prochaines élections européennes sont cruciales si l’on veut éviter que l’UE ne s’enfonce de plus en plus dans l’écologie punitive qui détruit notre agriculture, notre bien-être et nos emplois. Choisissez des candidats qui s’opposent ouvertement à l’écologie punitive.