Ce lundi 19 août, le formateur Bart De Wever présentera un nouveau rapport au Roi. Plus de Flandre ou plus de Belgique, à quoi ressemblera le prochain gouvernement ? « La question n’est plus de savoir si le MR et Les Engagés vont vendre les francophones, mais à quel prix ! », dézingue François De Smet (DéFi). Le leader de la N-VA va-t-il rationaliser ou dépecer l’Etat fédéral est LA question. Les paris sont ouverts. Et si l’on tenait aussi compte de l’avis des citoyens. Le Belge se positionne. Et c’est du gratiné !

Depuis 1970, le pays a déjà connu six réformes institutionnelles, soit une tous les 9 ans. Fédéralisme de dissociation, évolutif, mixte, asymétrique, de superposition, les adjectifs, parfois des plus nébuleux ne manquent pas. Couches et super couches s’accumulent. Mais, pour quels bénéfices au fil des réformes ? Selon une enquête d’opinion « Baromètre de la démocratie » (2023), les Belges en ont ras-le-bol de manger de la lasagne. Ils ne font plus confiance à leurs gouvernants. On efface tout et on recommence ? Apparemment ! 67,7% sont en tout cas favorables à une 7ième réforme de l’État (75,1% des néerlandophones et 60,0% des francophones) (*)

Une opacité addictive

Vous reprendrez bien un peu de lasagne? La complexité institutionnelle, avec des compétences éclatées du fédéral au local, opacifie les responsabilités pour 86,9% des Belges. Pour 90,5%, la crise du coronavirus et ses 9 ministres de la Santé, dont les pouvoirs sont fragmentés, est LA preuve flagrante que la structure actuelle de l’État ne permet pas de gouverner efficacement le pays, avec des décisions prises « en urgence » dans des situations de crises, alors que les problèmes sont posés depuis longtemps. Sur l’entêtement de certains politiques, pour 92% des répondants, le pouvoir serait aussi
« addictif qu’une drogue ». En corollaire, 86,3% des Belges estiment que les politiques s’accrochent envers et contre tout à un ou plusieurs mandat(s) et que leur (sur)nombre devrait être limité.

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Une boulimie pathologique

Le « sentiment général » est que nos élus se servent de leur position pour se sucrer grassement. Pour 93,4% des Belges, accepter des pots de vin, soit un enrichissement personnel, serait le plus grave. Créer des lois qui privilégient le bien-être, le statut ou le pouvoir personnel des élus serait aussi une forme grave de corruption pour 88,1% des répondants. La question des ASBL est également pointée du doigt par 86,6% des Belges. Notamment les ASBL « bidon » dont l’objectif - sous l’apparence d’une indépendance et d’une neutralité pour s’occuper d’une question de société - est exclusivement de servir le pouvoir en place, pouvoir qui finance cette servitude. 

Une (in)justice de classe et de Régions

Côté justice, ou plutôt justesse, 92,2% des répondants estiment aussi que le politique joue de son pouvoir d’influence pour classer des scandales sans suite en sa faveur. Pour 48,5% des Belges, soit un sur deux, les lois seraient rarement ou jamais respectées par les dirigeants politiques. Cette opinion est identique pour les francophones (46,8%) et les néerlandophones (49,8%). 

Une très grande majorité de Belges éprouve aussi un sentiment d’injustice face à des lois qui ont des effets différents selon les Régions. Un Belge d’une région n’est pas égal à un Belge d’une autre Région, alors que l’article 10 de la Constitution stipule que tous les Belges sont égaux devant la loi. Pour 8 Belges sur 10 (80,7%), c’est inacceptable. Une grande majorité (61,7%) estime aussi que même dans un État fédéral ce n’est pas normal.

Stop ou encore ?

A l’évidence, le Belge ressent le besoin d’une autre forme de gouvernance. Même si tous les partis semblent d’accord pour que la structure de l’État devienne plus transparente, moins lourde et moins chère - et que pour le MR et les Engagés, la porte communautaire pourrait s’ouvrir sur certaines matières - dans sa note de départ, Bart De Wever survole la question, sans doute pour ne pas crisper les esprits autour de la table. Le formateur est aussi confronté à un dilemme : un gouvernement rapidement ou négocier son confédéralisme de manière ordonnée. Et plus le temps s’égrène, plus les communales se rapprochent et plus les affrontements partisans vont reprendre. Sous couvert de bonne volonté, une mise en route rapide des trois gouvernements à constituer - et sous une forme allégée - demeure bel et bien aléatoire. Les temps sont durs pour les rêveurs…

(*) réalisée via un questionnaire en ligne (système CAWI) sur un panel de 2151 belges, dont 1051 francophones et 1100 néerlandophones, présélectionnés dans une base de données représentative, ont été questionnés. La marge maximale d’erreur sur 2151 questionnaires est de 2,11%.