Dans un récent rapport, le conseil scientifique de l’éducation nationale (CSEN) propose de réformer le français. L’orthographe serait « un vecteur de discrimination, un système arbitraire et incohérent pour être une base légitime de sélection scolaire ou d’un quelconque jugement sur les mérites d’une personne ». Une simplification favoriserait aussi l’accès aux études supérieures. 

Dans « La Fabrique du crétin. Vers l’apocalypse scolaire » (2022), Jean-Paul Brighelli, professeur agrégé de lettres, éprouve sans langue de bois notre système éducatif :
« la transmission des savoirs est à l’agonie. Adaptée aux nécessités du marché, l’école fabrique à la chaîne une masse de consommateurs semi-illettrés et satisfaits d’eux-mêmes ». Education nouvelle, méthode globale, suppression des cours d’histoire et de géographie et catégories « fourre-tout » sont autant de causes endogènes. De même, moins de mots et l’usage abusif des onomatopées sont des coups mortels portés au sens critique, alors que les sciences cognitives ont démontré un lien direct entre l’augmentation des faits de violence et l’incapacité à mettre des mots sur les émotions. 

Si un cri de ralliement doit se faire entendre, c’est celui de l’excellence, non pas dans son sens se rapportant à l’élite, mais dans celui qui s’oppose au nivellement par le bas. Reste la question de l’effort. Même s’il semble compliqué, surtout s’il est compliqué, c’est dans l’effort que se trouve la liberté. Et il n’y a pas de liberté intellectuelle sans exigences. 

Vilaine Cocotte