Au parc des Virunga (ex-parc Albert), un signe d’efficacité

Cinquante kilomètres de clôture sur l’axe Beni-Kasindi, rien de spectaculaire et pourtant cela a déjà donné des résultats tangibles. Une initiative qui devrait être développée. Au Nord-Kivu, plus précisément dans la cité frontalière de Kasindi-Lubiriha, la population constate l’utilité de cette frontière électrique: les éléphants ont été tenus à l’écart des champs; les rebelles aussi. Ces derniers se sont probablement pris de solides décharges; l’électricité est une fort belle invention. Les communautés riveraines se félicitent d’avoir enfin été protégées des incursions des ADF, ces rebelles musulmans de sinistre réputation en raison particulièrement de leur barbarie. Des chèvres ont été électrocutées; ce qui donnent une idée de la puissance des décharges… Tant qu’il n’y a pas de coupure d’électricité ! 

Les champs locaux ont été préservés. C’est évidemment essentiel. La malnutrition résultant des troubles à l’Est a causé plus de morts que les troubles eux-mêmes. Tenir éloignés les djihadistes d’ADF, qui s’en plaindra ?
Le déploiement de ces premiers kilomètres de clôture électrique implique des travaux d’envergure: ils avaient débuté en octobre 2022 à l’initiative de l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature (ICCN). Son porte-parole s’en félicite: «nous voyons le retour des troupeaux d’éléphants dans cette zone; preuve qu’ils s’y sentent en sécurité. Cette situation renforce la paix sociale et la bonne cohabitation entre le parc et les populations riveraines». Propos convenu, répétition banale malheureusement de la doxa des ONG internationales, mais ne boudons pas notre plaisir puisque l’essentiel est ce résultat positif au bénéfice de tous. Le Congo a besoin d’agriculture; nul ne l’ignore, mais la faune préservée pourrait également favoriser le développement grâce au tourisme outre la nécessité de respecter l’environnement.

Le service de protection civile de Béni recommande à la population de « s’abstenir de toucher les fils électriques ». Sage prescription ! Il faut vraiment tout expliquer à l’être humain lambda; triste constat d’un niveau désespérant. Et c’est mondial: quiconque a un jour lu un mode d’emploi rédigé à la façon anglo-saxonne a pu constater que les évidences les plus criantes y donnent lieu à des explications inouïes. Non, non, il ne faut pas mettre un bébé dans la machine à laver. Néandertal était plus autonome, intellectuellement, que nos contemporains. Il comprenait tout seul qu’il ne fallait pas chatouiller l’auroch sans précaution, ni l’ours d’ailleurs.

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Prolonger cette clôture électrique serait bénéfique pour tous. Pour les petits cultivateurs, la préservation de leur champ est vitale. Des éléphants en vadrouille, cela se traduit vite par des dégâts d’envergure. Un seul de leurs passages, par exemple, s’était traduit par la destruction de douze hectares de diverses cultures: maïs, manioc, arachides et haricots. Et à l’inverse, l’Homme a décimé la faune de cette réserve, le parc national des Virunga. 

Rappelons qu’autrefois, c’était le parc Albert (huit mille kilomètres carrés) en hommage au roi éponyme. Dès 1925, les Belges avaient constitué cette réserve naturelle. À l’époque de Mobutu, ce précieux acquis avait été globalement préservé. Mais après la chute du maréchal, c’est à la mitrailleuse que des troupeaux entiers ont été massacrés. Il n’est plus que l’ombre de ce qu’il était. Des centaines de milliers d’antilopes et tant d’autres animaux ont été effacés du monde. La RDC serait mieux avisée de s’inspirer d’exemples africains, notamment l’Afrique du Sud, la Namibie ou le Kenya. Là où la faune a été respectée, l’Homme y trouve son propre développement. Alors, puisque l’électricité est un atout pour la paix… pourvu que l’ICCN prolonge les clôtures.