Comme l’a magistralement mis en lumière Edmund Burke dans ses Réflexions sur la Révolution de France, il faut régulièrement livrer à la Gauche sa livre de chair humaine, faute de quoi elle en réclamera demain le double.
C’est à cette radicalisation de la Gauche éternelle — en réalité, cette gauche n’a que deux siècles et demi — que nous assistons derechef. La forme, le format, le prétexte et l’habillage théorique importent peu. Ce qui importe à la Gauche est de se donner régulièrement un nouveau prétexte pour retourner à ses sources : détruire, interdire, occire tout ce qui n’est pas elle.
Révolutions française et russe
Les premiers furent les Révolutionnaires français qui, acharnés à la destruction de tout ce qui rattachait la France à l’Ancien Régime, s’employèrent à égaliser les droits — très louable ! — avant de confisquer les biens des anciens privilégiés, bouter le feu à leurs églises, emprisonner, pourchasser, bientôt tuer tout ce qui ressemblait à l’aristocratie — et s’en prenant, enfin, aux civils qui ne partageaient pas leur vision. Ce furent les ‘colonnes infernales’ lancées à travers la Vendée telles un fouet satanique, pour tuer ; ce furent ces civils, dans le Sud-Ouest, qu’on entassait sur des embarcations de fortune, avant de les saborder pieds et poings liés en pleine mer. « Vive l’égalité ! » Enfants, femmes, vieillards : rien n’arrêtait le glaive vengeur du Révolutionnaire français occupé à ‘combattre l’Ancien Régime’ — qui n’existait plus.
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On oublie souvent que les révolutionnaires russes de 1917 massacraient en français : c’est de la révolution française qu’ils se revendiquaient, c’est en Robespierre, Marat qu’ils se fantasmaient. À bon droit, car leurs méthodes étaient identiques ; leurs objectifs, si peu divergents. ‘On ne négocie pas, on tue !’ Cent millions de victimes par la Gauche communiste rien qu’au XXème siècle : pire palmarès d’aucune idéologie dans l’histoire de l’humanité. Ah ! Ces crânes civils défoncés à coups de pierre, ces civils rôtis tous vifs par les communistes cambodgiens, on n’est pas près de les oublier !
Las ! À chaque fois, la Gauche échoue ; ses idées, théories, prétentions et fantasmes se fracassent lourdement sur les récifs du réel, dans un jaillissement de cadavres. Les révolutionnaires français, grand égalisateurs qui furent en réalité les pires spoliateurs de l’histoire de France, enfantèrent Napoléon, l’empereur, vivante négation de toute idée d’égalité, qui entreprit aussitôt de massacrer à travers l’Europe entière.
La ‘belle’ et ‘noble’ idée du communisme — lisait-on dans la presse de gauche européenne de l’époque, collaborationniste au sens strict — engendra l’URSS, cet archipel du Goulag, négation absolue de l’égalité réelle ; le peuple crève tandis que l’élite se prélasse dans ses datchas, pour échafauder de nouveaux Plans économiques. (Toute ressemblance avec l’actuelle Commission européenne n’a rien de fortuit). Le soviétisme concentrationnaire a échoué, totalement, misérablement, irrémédiablement ; tellement, qu’il a rendu les armes, sans qu’un coup de feu ne soit tiré.
Nous sommes en 1989. La Gauche n’a pas bonne mine. Son dernier avatar, le communisme, s’effondre sous ses yeux — il s’en trouve même pour trouver des qualités à son adversaire mortel, le capitalisme, qui a sorti de la misère des milliards de nos semblables : un détail ! Cachez-moi cette péripétie !
L’écologisme, dernier avatar de la gauche totalitaire
Mais le feu de la Gauche éternelle ne pouvait s’éteindre. Ces âmes brûlantes, toujours en quête d’un nouveau prétexte pour contrôler, interdire, confisquer — on disait taxer — occire et morigéner, jetèrent bientôt leur dévolu sur le dernier arrivé au royaume des idées : l’écologisme !
L’écologisme, c’était le rêve éveillé de nos orphelins de la Gauche. Voici une idéologie qui se prétend fondée entière en science — comme le marxisme en son temps, qui se voulait scientifique (sic) — et qui exige de contrôler l’agir humain dans ses moindres détails. Cela, pour le bien de l’humanité et des générations futures.
De petit idéologie locale qu’elle était, l’écologisme s’offrit bientôt comme synthèse scientifique ultime, se revendiquant des travaux du GIEC. S’opposer au nouveau visage de la Gauche revient alors à s’opposer au progrès humain, aux exigences les plus élémentaires à la fois de la science et de la morale. Irrésistible !
Ce qui explique pourquoi les marxistes encore vivants sont tous devenus écologistes, et qu’il ne se trouve plus personne, à gauche, pour ne pas adhérer à l’écologisme. L’écologisme est le nouveau credo de la Gauche, psalmodié à satiété comme par un imam pakistanais au Parlement bruxellois — et peu importe que cet écologisme anti-production soit la négation parfaite du marxisme productiviste qui l’avait précédé !
L’important n’est pas le crédo ; l’important est que le crédo soit assez fort et bien monté pour justifier l’écrasement de la liberté, des individus et de toute opinion dissidente.
Nous en sommes là. Demain, les écologistes se radicaliseront d’autant plus volontiers qu’ils ont pris le contrôle de facto des rouages de l’Union européenne. Ursula von der Leyen, pourtant issue de la ‘droite’, ne sort guerre du treizième étage du Berlaymont dans lequel elle vit cloîtrée, entourée d’une fine équipe de fanatisants germanophones, que pour seriner le crédo vert. Vous devez ! Vous devez ! Nietzsche ne parlait pas autrement à son Chameau.
Les Allemands ont des qualités, mais ils n’embrassent jamais aucune idéologie qu’avec le plus rigoureux fanatisme, bien décidé à se suicider et à ‘suicider’ leurs voisins si cela permet l’avènement de leur crédo en ce bas-monde. Ce qui explique qu’après avoir imposé, en Allemagne, une transition énergétique (Energiewende) qui détruit l’économie allemande, ils imposent très exactement la même transition énergétique au niveau européen. Logisch!
En vérité, je vous le dis : si l’écologisme totalitaire, énième fanatisme de la Gauche, n’est pas arrêté, il laissera dans le sillage de son échec — dont on sait par avance qu’il sera total et parfait, car on n’injurie le réel qu’à ses dépens — des illusions perdues, des économies sacrifiées. Et puis des morts, beaucoup de morts.
Avant que la Gauche n’embrasse, demain, une nouvelle idéologie-prétexte à sa pulsion fondamentale : thanatos !