Obama et Macron furent des OVNI politiques qui émergèrent en quelques mois. Un surgissement pareil est impossible en Belgique francophone où le champ politique est et reste verrouillé.

Sur les réseaux sociaux, le parti Chez nous, qui se définit comme « patriote », se classe numéro trois des comptes politiques les plus influents de Belgique francophone (après ceux de Bouchez et de Magnette). Soumis à un strict « cordon sanitaire » (décidé par qui ? Selon quels critères ? Nul ne le sait !), il n’a aucune visibilité dans les médias traditionnels (télévision, radio, presse écrite). Comme on l’a déjà signalé dans ces colonnes, ce parti est, au mépris de la Constitution belge qui garantit la liberté d’association, dans l’incapacité de tenir une réunion publique - même dans un lieu privé ! Pourtant, selon les sondages, ce parti représente une sensibilité correspondant à celle de 30% des électeurs en France et aux Pays-Bas et de 24% en Flandre.

DRIEU GODEFRIDI BOYCOTTE PAR LES TELES

La N-VA est le premier parti politique de Belgique. L’annonce du dépôt de listes francophones N-VA au niveau fédéral a, certes, été couverte par les médias, mais son leader francophone, Drieu Godefridi, qui a l’esprit analytique et est un bon débatteur, fait manifestement l’objet d’un boycott personnel sur nos trois chaînes de télévision, RTBF, RTL-TVI et LN24. Pourquoi ? Décidé par qui ? Selon quels critères ? Le mystère est total ! Cependant, le PTB, marxiste de la pire obédience, reste, quant à lui, traité comme un parti rien de plus normal.

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Sans passage à la télévision, qui reste le média le plus important au cours des campagnes électorales, il est impossible pour un parti d’émerger. La RTBF se permet même de laisser un « humoriste » insulter monsieur Godefridi et un autre se moquer de lui au nom de la liberté d’expression dont il est lui-même de toute évidence privé sur la chaîne publique.

TESTS ET SONDAGES ELECTORAUX SANS MENTION DE LA N-VA

Autre limitation, les très populaires « tests électoraux » que proposent la plupart des médias, censés révéler, comme le lapin sorti du chapeau du prestidigitateur, le parti dont vous êtes le plus proche. Un de ces tests montrait que les Flamands sont au plan économique proches du CD&V et de Vooruit ! Vraiment crédible ! Sous de fallacieux prétextes, du côté francophone du pays, la N-VA ne figure pas dans ces tests, malgré qu’elle soit la seule à formuler ses propositions de confédéralisme, de moratoire sur l’asile, d’équilibre budgétaire et de cohérence sur le nucléaire.

Il ne faudrait surtout pas perturber le consensus wallon qui existe sur trop de sujets. Sans débats télévisés abordant ouvertement ces questions, il est impossible de les faire émerger comme importantes pour l’électeur. En 2019, lors des dernières élections, tous les partis francophones représentés au parlement étaient pour la sortie du nucléaire en ...2025. Il n’y a donc eu aucun débat sur ce thème majeur. Il en sera, hélas, de même cette année avec les propositions uniques de la N-VA.

45% DES FRANCAIS ET DES FLAMANDS VOTENT PLUS A DROITE QUE LES WALLONS : WAAROM ?

En France, 45% des électeurs votent pour Les Républicains, le Rassemblement National ou Reconquête, trois positionnements politiques qui ne sont pas représentés en Belgique francophone, le MR étant proche des macronistes de Renaissance. Il suffit d’écouter François-Xavier Bellamy, la tête de liste des Républicains pour l’Europe, pour mesurer, sur l’immigration ou sur l’Europe, le gouffre qui le sépare du Mouvement réformateur, ce qui n’empêche pas des élus socialistes de qualifier le MR d’extrême-droite ! On ne fera pas croire que le Belge francophone est à ce point différent du Français ou du Flamand (qui vote à plus de 45% pour le Vlaams Belang et la N-VA). On aurait plutôt tendance à penser que, sans médias de droite et sans presque jamais entendre autre chose que le clapotis de la bien-pensance, le Belge francophone est endoctriné, biberonné, intimidé contre une « extrême droite » totalement fantasmée, qui commence avec l’aile droite (enfin, si cela existe !) du MR.

Nouvelle illustration de ce que la Belgique francophone est, selon l’expression du sociologue québécois Mathieu Bock-Côté, l’espace le moins démocratique d’Europe. Et la Wallonie, la région la plus pauvre et la moins développée du coeur de l’Europe, ajouterions-nous. Mais qu’importe, tant que la Flandre paye...