L’interaction entre la politique énergétique, l’industrie automobile et les choix des consommateurs est souvent complexe, voire contradictoire. Cela est particulièrement évident dans le contexte de la candidature de Donald Trump à l’élection présidentielle et du soutien qu’il a reçu de la part d’Elon Musk, PDG de Tesla. Alors que Trump a exprimé son opposition aux subventions pour les véhicules électriques, Musk ne semble pas préoccupé par cette position.

Tesla qui gagne, Tesla qui perd ?

Donald Trump a annoncé que s’il était élu, il prendrait des mesures pour réduire les subventions accordées aux véhicules électriques. Nous savons qu’il croit fermement que l’avenir de l’énergie dépendra encore longtemps des combustibles fossiles, abondants et bon marché. En tant que libéral, il abhorre les subventions et autres incitations fiscales. Les fabricants de véhicules électriques, qui dépendent de ces subventions pour stimuler les ventes et réduire les coûts trop élevés pour les consommateurs, critiquent cette position. Malgré cela, Musk a exprimé son soutien à Trump, ce qui peut sembler paradoxal. Est-ce parce que Musk est convaincu que Tesla peut prospérer sans subventions gouvernementales, en raison de la qualité et de l’attrait de ses produits ? En effet, Tesla a réussi à établir une forte notoriété et une base de clients fidèles, ce qui pourrait lui permettre de maintenir ses ventes même en l’absence de subventions et donc de faire un tort considérable à ses concurrents.

Des réactions en chaîne ?

Cela soulève la question de savoir si la position politique de Musk peut nuire à la réputation de Tesla sur d’autres marchés, notamment en Europe, où les valeurs environnementales et les politiques de durabilité sont particulièrement mises en avant, contrairement à la vision de Trump. Par exemple, la chaîne de pharmacies allemande Rossmann vient de déclarer qu’elle n’achèterait plus de voitures Tesla pour sa flotte d’entreprise en raison du soutien de Musk à Trump. La chaîne de pharmacies, qui est l’une des plus grandes d’Europe, a notifié que sa décision prenait effet immédiatement et était due à ce qu’elle a appelé une « incompatibilité » entre les déclarations de Musk et les valeurs que Tesla représente. Rossmann, qui compte plus de 62.000 employés et plus de 47.00 magasins en Allemagne, est l’une des principales chaînes de pharmacies allemandes. 

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La réaction de cette entreprise sera-t-elle suivie par d’autres ? Cela arrangerait les entreprises allemandes concurrentes de Tesla, d’autant plus qu’elles bénéficient souvent de subventions gouvernementales qui rendent leurs produits plus attractifs pour les consommateurs (temporairement supprimées, Robert Habeck, ministre fédéral de l’Économie et de la Protection du Climat a promis de les réintroduire en 2025 pour sauver le marché de la crise actuelle). Bien que les chiffres de vente en Allemagne soient significatifs, puisqu’il s’agit du plus grand pays de l’UE, ils ne représentent pas nécessairement une menace existentielle pour Tesla, car dans le reste du monde il n’y a pas le type d’écolos « Allemands ».

La surtaxe sur les véhicules électriques chinois

La décision de la Commission européenne d’imposer une surtaxe sur les véhicules électriques chinois, en réponse aux inquiétudes concernant la concurrence déloyale, constitue un autre développement marquant. En juillet, par mesure de précaution, l’UE a imposé des droits de douane supplémentaires allant jusqu’à 38 % sur les importations de véhicules électriques chinois. Cette décision a récemment été suivie par une plainte de la Chine auprès de l’Organisation mondiale du commerce, soulignant ainsi les tensions croissantes dans le secteur des véhicules électriques imposés par la haine du pétrole, et donc subventionné partout où l’on en vend.

La Commission espère ainsi protéger un secteur qui emploie 14,6 millions de personnes dans l’UE, mais cette décision risque d’envenimer les relations avec son deuxième plus grand partenaire économique, la Chine, qui estime que cette taxe manque de « base factuelle et juridique ».

Toutes ces contradictions démontrent la précipitation avec laquelle l’UE et le tandem Biden-Harris ont imposé des objectifs infondés en matière d’énergie verte. En l’occurrence, l’interdiction dans l’UE des véhicules à combustion interne d’ici 2035 est une véritable imposture que Giorgia Meloni dénonce. Tout cela entraîne des déséquilibres sur le marché, favorisant certaines entreprises par rapport à d’autres et créant des tensions géopolitiques. Qui doute que la Chine vende ses véhicules électriques à grand renfort de subventions ? Mais l’UE fait de même, tout comme Joe Biden et Kamala Harris. Notons que seul le mal-aimé Donald Trump croit encore à la loi du marché, avec… Elon Musk.

Le candidat vice-président parle à tort et à travers… 

du moins pour l’énergie 

Les questions énergétiques sont toujours d’actualité, même si l’on n’en parle plus autant qu’il y a deux ans. Les prix ont baissé, mais les contradictions et les utopies sont toujours là. Pour preuve, malgré les oppositions de tous bords, Ursula von der Leyen a été réélue pour poursuivre son utopie verte. Aux États-Unis, le colistier de Kamala Harris, le gouverneur du Minnesota Tim Walz, fait pire que von der Leyen. Il a proposé de faire naviguer la marine militaire américaine avec des biocarburants produits à partir d’algues. Il ignore donc qu’ExxonMobil a renoncé à ses recherches sur les algues après avoir dépensé plus de 100 millions de dollars. Peut-être avez-vous vous-même vu leur énorme panneau publicitaire sur la droite dans le hall des départs à Zaventem, car une partie du budget de ExxonMobil consistait à faire de la propagande. Tim Walz a probablement absorbé ce verdissement d’image. Vous trouverez plus d’informations à ce sujet au chapitre 6 de mon livre, où je donne tous les détails de ce rêve d’algues. Bien entendu, Walz n’a pas lu mon livre (bien sûr) ; mais il est incroyable qu’il ne suive pas ce qui se passe dans son propre pays, et annonce des illusions vertes.

Donald Trump ne jouit pas d’une image positive dans l’UE, mais cela ne doit pas nous empêcher de dénoncer les idées déconcertantes de ses adversaires. Quand les politiciens parlent d’énergie, il est rare qu’ils ne disent pas une bêtise. Ils devraient faire comme pour, par exemple, le traitement de la sclérose en plaques : se taire !