L’Environmental, Social and Governance (ESG), autrefois perçu comme une force puissante dans le monde de la finance, montre des signes d’essoufflement. Ce changement est particulièrement visible chez BlackRock, l’un des plus grands fonds de placement au monde, qui gère un portefeuille d’environ 9 310 milliards d’euros.

Dans son dernier rapport « BlackRock Investment Stewardship. Global Voting Spotlight », BlackRock révèle une approche plus nuancée envers les critères ESG. Sur six propositions ESG soumises par des actionnaires, seulement deux ont été acceptées, les quatre autres ont été rejetées. Ce changement marque une rupture significative avec le soutien historiquement fort de BlackRock aux initiatives ESG.

Larry Fink, PDG de BlackRock, a récemment exprimé une vision plus équilibrée des initiatives ESG. Bien qu’il continue de souligner l’importance des critères ESG pour la viabilité à long terme des entreprises (il faut bien rester politiquement correct), il reconnaît également la nécessité de les équilibrer avec les attentes de rentabilité des investisseurs. Cette évolution reflète une réévaluation stratégique face aux pressions politiques croissantes et à la nécessité de maintenir des rendements financiers solides.

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Le contexte politique américain a joué un rôle crucial dans ce changement. Plusieurs États américains, notamment le Texas, la Floride, le Kentucky, et l’Oklahoma, ont adopté des lois limitant la collaboration avec des gestionnaires de fonds qui priorisent les critères ESG. Ces mesures visent à protéger les industries locales, particulièrement celles liées aux énergies fossiles, considérées comme menacées par les politiques ESG.

Pas seulement la finance

Ce revirement ne se limite pas au secteur financier. Des géants de la technologie comme Google et Microsoft, qui s’étaient positionnés comme leaders en matière d’ESG avec des objectifs ambitieux de consommation sans émission de CO2, font face à des défis similaires. L’essor de l’intelligence artificielle, gourmande en énergie, met à mal leurs engagements environnementaux. Selon Forbes, seulement 4 % de ces entreprises sont en passe d’atteindre leurs objectifs de réduction des émissions.

La réalité énergétique mondiale joue un rôle crucial dans cette évolution. L’électricité ne représente que 22 % de la consommation finale d’énergie dans l’UE, les transports 27 % et la chaleur environ 50 %. En se concentrant uniquement sur l’énergie nucléaire et les éoliennes, les politiciens négligent l’énergie thermique, essentielle pour de nombreuses industries et services. À court ou moyen terme, il n’est guère possible de remplacer le gaz et les produits pétroliers dans ces secteurs par des énergies renouvelables, ni n’en déplaise, à mes amis nucléariste avec l’énergie nucléaire.

Les fonds de placement, conscients de cette réalité, continuent d’investir dans le secteur des énergies fossiles, reconnaissant leur rôle crucial dans le mix énergétique mondial pour les décennies à venir. Ce pragmatisme contraste avec l’approche de l’UE et de ses banques, qui restent attachées à la doxa ESG, risquant d’impacter négativement leur rentabilité.

BlackRock souligne dans son rapport que certaines grandes compagnies pétrolières accordent désormais plus d’importance à la rentabilité pour les actionnaires et à l’amélioration des valorisations, tout en rationalisant leurs segments non essentiels, entendez laisser tomber les énergies renouvelables. Cette approche pragmatique vise à équilibrer la demande à court terme des consommateurs en matière de sécurité énergétique avec les objectifs à long terme de durabilité.

La décision de BlackRock et d’autres acteurs financiers de réduire leur soutien aux résolutions ESG reflète une prise de conscience que ces critères n’ont qu’un impact limité sur la consommation globale d’énergie et sur les nécessités énergétiques des pays en développement. Pendant que l’UE et son système bancaire s’efforcent d’imposer des politiques ESG à coup de milliards, les pays BRICS+ poursuivent leur croissance économique sans ces contraintes.

On observera que le secrétaire à l’énergie britannique, Ed Miliband, est sur le point d’abandonner son slogan de campagne qui promettait de construire 55 gigawatts de capacité d’éoliennes en mer avant 2030, soit 1,5 éolienne par jour. C’est tout simplement impossible, car il n’y a pas de machines en nombre suffisant, pas de barges suffisantes pour installer ces machines en mer et pas de lignes électriques en suffisance pour transporter cette quantité d’électricité. Tout était faux, mais il a quand même été élu.

Ce revirement en sourdine dans l’approche des critères ESG des acteurs majeurs de la finance et de l’industrie, et pas seulement les compagnies pétrolières, marque un tournant significatif dans la perception de la transition énergétique. Il souligne la nécessité d’une approche plus équilibrée, qui tienne compte de la réalité économique et de la géopolitique de l’énergie mondiale. Ce changement de paradigme pourrait avoir des implications importantes pour l’avenir des politiques ESG et de la transition énergétique à l’échelle mondiale. Ce n’est pas encore le cas en Belgique et dans l’UE, car celles-ci sont encore engluées dans l’utopie verte.