Dans un discours au Parlement européen le 18 juillet 2024, l’Allemande Ursula von der Leyen a présenté son programme à la tête de la Commission européenne pour les cinq prochaines années. En voici quelques aspects saillants, qui inscrivent son projet dans la stricte continuité de son mandat précédent :
1. L’objectif délirant de néantisation des émissions de gaz à effet de serre — 90% de réduction en 2040, 100% en 2050 — est maintenu. Cette réduction structure et détermine par définition l’ensemble du programme de la Commission, car toute activité humaine — industrielle, commerciale, privée — est émettrice de gaz à effet de serre. De fait, dans un document programmatique publié par la Commission en février 2024, déjà sous l’égide de Mme von der Leyen, il était prévu d’investir 1500 milliards par an ( !) dans la décarbonation de l’Europe, et de prendre des mesures autoritaires à cet effet. 1500 milliards par an. C’est équivalent à 10% du PIB européen. Par an ! Hors l’effort de guerre, il n’existe aucun objectif d’aucune sorte qui ait jamais commandé le détournement de 10% du PIB d’un continent, par décret politique. La verte Allemande —von der Leyen est une écologiste assumée, sur le modèle intransigeant, comme il s’en trouve en Allemagne et Belgique dans tous les partis — confirme cette orientation, unique au monde, pour les cinq prochaines années ;
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2. Les fonds européens qui, à différents titres, sont distribués aux États membres, seront désormais ‘conditionnés au respect de l’État de droit’. Par État de droit, l’UE entend une notion très particulière, et vague à la fois, permettant de disqualifier les régimes et personnalités qui lui disconviennent, principalement mais non exclusivement M. Orban, en Hongrie. Dit autrement, tout éloignement de la ligne idéologique de l’UE, dans tous les domaines, fera l’objet d’une sanction financière — ce qui est déjà le cas avec la Hongrie. Cette nouvelle orientation de l’UE conduira à imposer l’idéologie de l’Europe de l’Ouest à l’Europe de l’Est : ‘open borders’, écologisme, lutte contre la ‘haine’, mais seulement à droite du spectre politique (Rima Hassan quant à elle continuera à cracher son venin, menaces et imprécations antisémites depuis les bancs de l’extrême gauche). Reste à savoir si l’Est européen s’en laissera conter…
3. « Nous avons commencé à appliquer activement la loi sur les services numériques et la loi sur les marchés numériques. Nous allons intensifier et intensifier notre application au cours du prochain mandat », explique Mme von der Leyen. Il s’agit de sanctionner les réseaux sociaux qui refusent de censurer leurs utilisateurs ou, plus précisément, qui refusent de sanctionner leurs utilisateurs dans le sens voulu par l’UE. Premier visé, X, ex-Twitter, comme le commissaire Thierry Breton ne s’en est pas caché : soit X se soumet à l’idéologie et la censure de l’UE, soit X se verra confisquer une fraction de son chiffre d’affaires mondial ;
4. Est annoncé, comme c’est le cas depuis 80 ans, la construction d’un authentique ‘Europe de la défense’. Ce sont encore et toujours les mêmes velléités de bâtir une armée européenne, essentiellement portée par des États tels l’Allemagne et la Belgique qui consacrent un royal 1% de PIB à leurs défenses militaires et qui seraient déjà bien incapable de défendre leurs propres frontières sans l’assistance américaine ;
5. Mme von der Leyen annonce le triplement des garde-frontières FRONTEX, à 30.000 hommes. Le problème étant que du fait du droit de l’UE et de la jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) ces garde-frontières quel que soit leur nombre assument un service de ferry gratuit entre l’Afrique et l’Europe. En effet, conformément à la délirante jurisprudence de la CEDH, tout clandestin intercepté en Méditerranée, même en vue des côtes africaines, doit être amené en Europe pour y exercer ses ‘droits’. On multiplierait par dix le nombre de garde-frontières, que cela ne changerait rien; tant que le droit ne sera pas réformé, l’anarchie migratoire en Europe demeurera. Mme von der Leyen rappelle d’ailleurs: ‘We will always respect human rights and will ensure that those who have a right to stay can do so, and can receive essential support to integrate into communities.’
6. Sont enfin annoncées toute une série de nouvelles réglementations à prétention globale, qui confirment l’UE dans sa prétention de légiférer non pour la seule Europe, mais pour le monde. Un exemple : est annoncé un European Oceans Pact : notez le ‘s’ à Oceans, car l’UE prétend réguler tous les océans de la planète, tandis qu’elle ne baigne le bout des pieds que dans un seul.
Calculé en parité de pouvoir d’achat, c’est-à-dire abstraction faite de la force de la monnaie dollar, le PIB moyen par habitant en Europe était en 2022 à 72% du PIB moyen par Américain. L’Américain gagne 100, quand l’Européen gagne 72. Sachant que la croissance économique est chaque année supérieure aux Etats-Unis par comparaison avec l’Europe, ce différentiel ira s’accentuant. Cette arriération est du reste confirmée par l’extrême vitalité créative de l’économie américaine — un seul exemple : l’intelligence artificielle — par comparaison avec l’absence de créativité de l’économie européenne. Une réussite telle NVIDIA est inconcevable en Europe.
Trois facteurs expliquent cette arriération économique de l’Europe par comparaison avec les Etats-Unis : le coût de l’énergie, de cinq à dix fois supérieur en Europe par rapport aux USA, la plus grande difficulté en Europe de concentrer le capital privé pour investir en R&D, enfin le tropisme du ‘législateur fou’ qui sévit bien pire encore en Europe qu’aux Etats-Unis.
Comment expliquer, alors que tous ces faits sont connus, que Mme von der Leyen ait été reconduite dans ses fonctions, tandis que les Verts ont perdu les élections européennes, et que les partis de droite toutes tendances confondues les ont remportées ? Cela s’explique par le fait que le centre-droit, premier parti du Parlement européen, est idéologiquement soumis à la gauche, à deux niveaux : 1) en adhérant à la plupart des dogmes de la gauche, à commencer par l’écologisme et 2) en refusant par principe toute majorité avec les partis de droite réelle tels Fratelli d’Italia (Meloni) ou le parti de Mme Le Pen.
Le citoyen européen, qui vote plus que jamais à droite, et récolte au niveau de l’UE des dirigeants qui gouvernent à gauche et l’extrême gauche, en conçoit un sentiment d’aliénation démocratique : quel que soit son vote, cela ne change rien — et ne changera jamais rien. L’histoire nous commande de prendre cette aliénation démocratique au sérieux. Car la raison d’être de la démocratie est de changer de dirigeant de façon pacifique.