Dans ‘t Pallieterke, Jurgen Ceder a estimé qu’Israël était le vainqueur moral de la récente édition du concours Eurovision. Dès la demi-finale, le jeudi précédent, il était clair - car les résultats du vote du public italien étaient apparus par mégarde sur la RAI - que le public soutenait massivement Israël. La chanteuse russo-israélienne Eden Golan (née d’un père juif d’origine lettone et d’une mère juive d’origine ukrainienne, elle a passé 13 ans de sa jeune existence en Russie) avait remporté 40% du vote du public italien, le représentant des Pays-Bas, deuxième, ayant dû se contenter de 7%.

Ceder dit ne pas croire aux théories du complot, ni à ce que les jurys d’experts en charge d’attribuer la moitié des points lors de la finale aient conspiré ensemble pour empêcher Israël de gagner. Ce serait plutôt l’effet de l’instinct grégaire en vue de sauver le festival de la chanson face à l’aversion dont Israël faisait l’objet en coulisses. Dès le jeudi, écrit-il, les experts de ces jurys, qui ne sont pas isolés du reste du monde comme dans un procès d’assises, ont dû avoir conscience aiguë du danger qui les guettait. Individuellement ou non, ils s’en sont protégés. Le résultat fut trop frappant pour être le fruit du hasard : la Suisse a reçu le maximum de 12 points de presque tous les jurys d’experts.

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On pourrait se demander, poursuit Ceder, pourquoi les jurys ont choisi la Suisse et non la Croatie, que les parieurs considéraient comme favorite. En effet, en demi-finale, la Suisse s’était classée à la quatrième place. Ça s’explique, dit-il, dans le mesure où l’on s’efforce de moins en moins de cacher que le concours consiste en la version scénique de la « gay pride »

Le candidat croate n’était pas outrageusement viril, mais le candidat suisse (Nemo, qui chantait The Code) se dit « non-binaire » et se présenta dans un accoutrement qui eût été considéré jadis comme un persiflage malveillant d’une personne homosexuelle ou transgenre.

L’élément le plus marquant de la finale est néanmoins le triomphe d’Israël auprès du public dans tous les pays d’Europe occidentale. Belgique, Pays-Bas, Luxembourg, Allemagne, France, Italie, Espagne, Portugal, Saint-Marin, Suède, Finlande, Suisse et Royaume-Uni lui ont attribué 12 points. En Irlande et en Autriche,

il est arrivé en deuxième position. D’où vient cette unanimité ?
Ceder y voit une réaction du public par rapport à l’« islamo-gauchisme »
- selon l’expression du philosophe français Pierre-André Taguieff - omniprésent dans les médias ouest-européens, un doigt d’honneur contre l’unilatéralisme et la haine vis-à-vis d’Israël. Le vote étant payant, le grand public a, comme il se dit en anglais, « put its money where its mouth is ».