Statbel, l’agence statistique du gouvernement fédéral, a analysé l’origine de la population belge. Elle révèle qu’environ un tiers des personnes vivant en Belgique sont d’origine étrangère. Il y a dix ans, c’en était un quart. Le Vlaams Belang a saisi l’occasion pour mettre en garde contre les dangers de l’«omvolking », un terme dont l’équivalent en français serait le « grand remplacement ».
Dans un article du 23 janvier, De Morgen dénonce le fait que le Vlaams Belang ait une fois de plus recours à « la théorie du grand remplacement » pour attirer l’attention. « D’où provient l’attrait d’une théorie qui a été tant de fois réfutée ? » écrit-il. Suit un article qui explique qu’il n’y a vraiment pas de conspiration visant à remplacer la population européenne par une autre.
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Dans son éditorial du Pallieterke du 25 janvier, Jurgen Ceder dénonce l’article comme se livrant à une fraude intellectuelle. Il définit ce type de fraude par l’expression « stropopredenering » dérivée de l’anglais « straw man fallacy », le sophisme de l’épouvantail qui consiste à déformer la position d’un adversaire afin de donner l’impression qu’elle est indéfendable. Quiconque prétend que la transformation démographique en cours est une théorie est de mauvaise foi, juge Ceder, car ce changement est un fait.
Il n’y a pas de théorie du complot à voir dans l’UE un projet idéologiquement anti-identitaire ou à constater que les élites cosmopolites, les « anywhere », sont peu confrontées aux problèmes que l’immigration pose aux gens ordinaires, les « somewhere ». Certes, il n’y a pas de réunions secrètes où l’on planifie de remplacer les peuples européens, poursuit Ceder, mais le tabou idéologique qui empêche de considérer l’immigration comme un problème et d’agir pour y remédier a le même effet dans la pratique. Si ça ne participe pas d’une intention, ça n’en reste pas moins une tragédie.
La population est un fait objectif. De nombreuses personnes ordinaires doivent désormais admettre, comme Conner Rousseau à Molenbeek, qu’elles ne se sentent plus chez elles dans leur propre pays. Ce sentiment est souvent exacerbé par l’inquiétude face aux problèmes spécifiques liés à la montée de l’islam. Les élections le montrent : la question de la population est au centre des préoccupations en Occident. Une erreur historique a été commise. Ceux qui nient le problème, dit Ceder, refusent en fait d’en débattre.