Deux modèles s’offrent de nos jours en alternative à la démocratie représentative : la démocratie participative verte, et la démocratie autoritaire russe.

La démocratie participative

La démocratie participative bénéficie des faveurs d’une certaine gauche et surtout de l’extrême gauche de type ECOLO & GROEN, qui bâtit des temples de démocratie participative à tous les niveaux de pouvoir, avec une vélocité proportionnée à sa chute dans les sondages. Ces organes participatifs, censément composés de citoyens tirés au sort, sont présentés comme complémentaires aux organes de la démocratie représentative. 

Des questions, des politiques, des projets sont soumis à ces nouveaux organes ‘participatifs’, pour valider les orientations envisagées par le politique. Et là, ô miracle, ces organes participatifs valident de façon systématique et massive les orientations politiques écologistes des partis qui les ont mis en place ! Oui au bannissement progressif de la voiture ! Non à la viande ! Oui à la multiplication des contraintes au nom du ‘climat’ !

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Il ne s’agit pas d’une technique gadget. On la retrouve au niveau de l’Union européenne. Dans son plus récent rapport d’impact visant à l’Europe zéro carbone en 2050, la Commission européenne propose mille interdictions et autant de taxes, en soulignant que chacune de ces interdictions, taxes et contraintes sont approuvées par 82,7% des citoyens européens, 91,4% d’entre eux, et même 98,6%. Quel triomphe ! En réalité, lorsque l’on consulte l’annexe 2 dudit rapport d’impact, on constate que ces pourcentages sont issus d’une gigantesque enquête d’opinion auprès de …903 personnes. Sur 500 millions d’Européens ! Mieux : il ne s’agit pas même d’une enquête d’opinion, mais de réponses à un questionnaires qui avait été diffusé par la Commission. Quand, par qui, auprès de qui, par quelles voies et moyens, quels contrôles sur le profil des personnes qui ont répondu ? Aucune info. ‘Cette enquête est sans valeur scientifique’, précise la Commission. Et sans la moindre valeur démocratique, ajoutera-t-on.

La démocratie participative est une imposture féroce. Elle sert à nimber d’une fausse légitimité des politiques extrémistes rejetées par l’immense majorité de nos populations. À quoi bon organiser des élections tous les quatre ans, si ECOLO/GROEN est capable de vous sortir de son chapeau vert une ‘assemblée participative’ toute neuve chaque semaine, laquelle sera favorable à 99,9% aux politiques écologistes ? Vous n’allez quand même pas contester la volonté de 110% de la population ?!

La démocratie autoritaire

‘La Russie est une démocratie autoritaire’ déclarait le weekend du 3 mars Éric Zemmour, reprenant en d’autres termes le diagnostic de l’intellectuel Luc Ferry selon lequel ‘le demos russe soutient Poutine’ (ça sonne toujours mieux en grec !). On se demande par quels moyens Luc Ferry est arrivé à la conclusion scientifique et rigoureuse selon laquelle le demos russe soutient Poutine, étant donné que c’est précisément le rôle des élections de mesurer le degré de soutien de la population au gouvernement en place. On nous dit que l’absence de révolte est la preuve du soutien russe à Poutine. Peut-être un peu la peur, aussi ? Car, cet étrange ‘raisonnement’ conduit à considérer que toute dictature dans l’histoire bénéficie du soutien de son ‘demos’ par le seul fait de son existence.

Pourquoi ce refus de nommer le régime russe pour ce qu’il est, ie une simple dictature ? Il existe en Europe une certaine droite qui se figure que la Russie va revitaliser la civilisation occidentale décadente, et que nos systèmes démocratiques ‘libéraux’ (dit Zemmour) sont de toute façon épuisés, cabossés, dépassés, bons pour la casse. Soit très exactement le discours d’une certaine droite dans les années trente du siècle dernier, qui attendait de l’Allemagne national-socialiste — autre beau cas de ‘démocratie autoritaire,’ MM. Zemmour et Ferry ? — la revitalisation de nos démocraties fatiguées.

Pas de morale à deux sous. Il ne s’agit pas que disqualifier moralement le régime de M. Poutine. Simplement de constater qu’on ne revitalise par la démocratie par la dictature, surtout venant de l’étranger. Jamais, nulle part, d’aucune façon. 

Il y a d’ailleurs un beau précédent. Après que Sparte a vaincu Athènes au terme de la Guerre du Péloponnèse, Sparte s’est évertuée à mettre en place un régime aristocratique (de type spartiate) à Athènes. Cela, pour régénérer Athènes tombée dans le travers de la démocratie excessive. Cette constitution ‘laconisante’ est instaurée chez les Athéniens par le général spartiate Lysandre suite à la reddition d’Athènes négociée par Théramène, l’un des futurs Trente tyrans, en 404 avant J.-C. Malgré l’opposition de l’Ecclésia, assemblée du peuple athénien, les Trente, soutenus par une garnison spartiate et dirigés par Critias, imposent bientôt un régime de terreur, accordant les pleins droits de citoyenneté et tous les avantages y afférents seulement à leurs 3 000 partisans. Leurs opposants sont condamnés et exécutés sans procès. Ceux qui s’opposent à cette dérive sont impitoyablement éliminés, comme Théramène lui-même, condamné à ingérer de la ciguë. Après sept mois de règne, les Trente Tyrans sont renversés par Thrasybule. C’est en réaction à la période des Trente qu’Athènes mit en place des réformes qui en firent la première démocratie ‘constitutionnelle’ de la glorieuse histoire de l’Occident.

La démocratie est directe (référendum) ou représentative (parlementaire). Les démocraties participative et autoritaire, à l’instar des démocraties ‘populaires’ (communistes) du XXème siècle, sont démocratiques en nom, et tyranniques en fait.