Bart De Wever a donc — temporairement ? — échoué. Alors que la N-VA a nettement remporté les élections, étant en voix le premier parti du pays, et tandis qu’en Wallonie le MR remportait le triomphal 30% que l’on sait. Deux partis de centre-droit, s’appuyant sur un parti recentré et rénové — les Engagés — dans le même temps que l’extrême gauche PS, ECOLO et PTB était enfoncée : difficile de fantasmer meilleure conjonction planétaire.
Comment expliquer l’échec ? Cet échec tient à deux facteurs : la rigidité idéologique de la gauche, et la volonté de Bart De Wever de « lier » la négociation des différents niveaux de pouvoir.
Cette liaison des négociations est vénéneuse. Elle oblige par définition à entrer dans des combinazione qui firent la misère de la politique italienne pendant un siècle, au terme desquelles plus un seul électeur n’y retrouve ses envies, et moins que tous les autres ceux qui ont voté pour le programme qui l’a emporté.
La négociation fédérale est assez complexe en soi — sur le double plan idéologique et linguistique — pour y mêler des matières, compétences et considérations de personne qui lui sont étrangères.
Surtout, cette combinazione mène à des concessions étrangères au fédéral, M. De Wever étant désireux de ménager son partenaire socialiste à Anvers et probables partenaires au gouvernement flamand.
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Fédéralisme à la belge
Ces combinaisons sont, par définition du fédéralisme, étrangères aux Wallons. Le fédéralisme belge est une revendication flamande depuis un siècle, wallonne également, ce fédéralisme est aujourd’hui une réalité, alors maintenant il faut assumer. La formation du gouvernement flamand n’a rien — en droit, et nous sommes un État de droit, pas plus qu’en fait — rien, absolument rien à voir avec la formation du gouvernement fédéral. Pour ne rien dire de la majorité locale à Anvers !
Mettons-nous un instant à la place du MR. Le MR vient de remporter le plus triomphal succès électoral de son histoire, virtuellement seul contre tous, sur un programme, une charte et une idéologie de réduction des impôts. Pourquoi le MR devrait-il faire des concessions au fédéral pour faciliter la collaboration avec les socialistes flamands radicaux à Anvers ?
Certes, dans un système proportionnel, tout le monde doit transiger. Mais dans « le pays le plus taxé du monde développé » (© Bart De Wever, 2 mai 2024), c’est déjà une concession majuscule pour le MR de ne pas réduire substantiellement la charge fiscale globale : concession du clair vainqueur des élections le MR (et la N-VA dans son programme) à VOORUIT, dont le résultat en sièges est stable. Il faudrait encore accepter de les majorer et en inventer de nouveaux ? Partout dans le monde c’est vae victis, malheur au vaincu, quand en Belgique ce devrait être vae victori, malheur au vainqueur ?
(Forgive my Latijns)
Le mélange des négociations est la première cause de l’échec de la mission De Wever, et lui est imputable, car rien ne l’y obligeait.
Les diktats de la gauche
La seconde et principale cause de cet échec déplorable pour le contribuable est la rigidité idéologique des socialistes flamands. Orpheline de toute idéologie consistante, la gauche européenne en est à considérer toute augmentation des impôts comme bonne (morale), quand n’importe quelle réduction serait mauvaise (immorale). Pourquoi ? Parce que. Il n’est de meilleur représentant de cette rage taxatoire — d’autant plus haineuse qu’elle est sans consistance idéologique — que Frank Vandenbroucke, négociateur en chef des socialistes flamands.
Frank Vandenbroucke qui, rappelons-le, est ce socialiste qui a brûlé de l’argent et qui a agressé physiquement l’un de ses collègues en Conseil des ministres, quand le collègue libéral en question n’accédait pas à ses vues. Dans n’importe quel pays normal, Frank Vandenbroucke ferait l’objet d’un suivi médical régulier, ou serait interné dans un sanatorium.
Pas en Belgique. Parce qu’en Belgique, Flandre comprise, la gauche peut tout. Si Bouchez avait ne serait-ce que levé le petit doigt en kern en direction d’une éminence écologiste, il aurait été ligoté sur place, avant d’être exfiltré vers Guantanamo.
Mais la gauche a tous les droits. Alors Frank Vandenbroucke, sentant que Bart De Wever du fait de sa grande combinazione était idéologiquement fragilisé, a imposé son diktat versaillais : ce sera l’impôt sur les plus-values, ou pas de gouvernement. Peu importe que ces plus-values soient déjà taxées, et copieusement : il fallait un nouvel impôt, car Frank had a dream.
Au terme des négociations, entre exceptions et rétrécissement, ce nouvel impôt aurait rapporté des clopinettes à l’État, dans le même temps que sa mise en place exigeait de nouvelles usines à gaz : la plus-value (pour l’État !) aurait été dérisoire. Mais il fallait aux socialistes leur butin : un nouvel impôt !
Dont le taux et l’assiette auraient immanquablement été majorés à l’avenir, contribuant grandement à l’aggravation du tabassage fiscal du contribuable belge, cet esclave.
C’est donc vers un bain de sang taxatoire que l’on se dirigeait, dans un pays qui est déjà un abattoir fiscal.
L’échec de la mission De Wever était évitable, car le formateur avait plutôt bien travaillé. Oubliant un détail : les électeurs ont voté massivement en faveur d’une réduction drastique des dépenses publiques. Ils ne comprendraient pas qu’on augmente des impôts déjà délirants. Le politique ne retrouvera sa noblesse que s’il remet ses actes en adéquation avec ses paroles… Un vœu engagé qui prévaut désormais pour l’ami Maxime !