La radicalisation de la campagne pour les élections européennes, en France, atteste de l’importance des élections qui vont renouveler le Parlement européen.
Tout se passe comme si M. Macron était prêt à déclarer la guerre à la Russie pour focaliser le débat sur les affinités supposées entre le Rassemblement national de Mme Le Pen et M. Bardella avec la Russie.
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Il est vrai qu’en Belgique la situation budgétaire est si dramatique qu’on parle peu de l’enjeu européen. Pourtant, rappelons inlassablement que tout ce qui est décidé au niveau de l’Union européenne ne le sera plus jamais par les démocraties nationales. Le droit européen, ce monstre légistique en hyperinflation galopante, avance tel une moraine sur les démocraties nationales qui n’en peuvent mais.
Rétroactes
Les cinq dernières années ont vu l’Union européenne multiplier les législations les plus extrémistes, particulièrement dans le domaine de l’énergie — mais pas seulement. Le très récent Nature Restoration Law, par exemple, n’a aucun rapport avec l’énergie, et tout à voir avec la volonté féroce des écologistes d’imposer leur vision punitive décroissante dans tous les compartiments de l’activité humaine sans la moindre exception. Les écologistes haïssent l’agriculture, qu’ils perçoivent comme l’empoisonnement de Gaïa, comme ils haïssent le nucléaire.
L’intéressant est que ces législations extrémistes ont été adoptées par un parlement dont le premier parti est le PPE, parti censément ‘de droite’ ! Que n’aurait-on subi avec un parlement dominé par la gauche et l’extrême gauche écologiste ! Car, on pense ce que l’on veut de la gauche, mais au contraire de la pseudo-droite elle reste fidèle à ses idées du moment, aussi funestes soient-elles.
En réalité, le parti qui a tenu la dragée haute à tous les autres durant la législature qui s’achève est RENEW, parti ‘libéral’. C’est dans ce parti qu’ont siégé les membres de Renaissance, le parti de Monsieur Macron. Le premier d’entre eux est un certain Pascal CANFIN que même en France presque personne ne connaît, et qui a fait carrière dans le parti Les Écologistes avant de rejoindre le macronisme. Idéologue sectaire intransigeant, aimable comme une porte de prison désaffectée, M. Canfin a porté à bout de bras au sein du Parlement européen toutes et chacune des mesures du European Green Deal. Cinq années durant, Canfin aura été le relais le plus sûr, le plus convaincu et le plus radical du Kommissar Frans Timmermans au sein du Parlement européen.
La vitalité et la vérité d’une démocratie représentative se signalent par la notoriété de ses représentants dans la population qui les a élus. Tous, nous sommes capables de nommer le Premier ministre et l’un ou l’autre ministre ; de même, des parlementaires. Les Américains sont même capables de nommer des juges de la Cour suprême !
Rien de tel en Europe. 99% de ceux qui lisent ici le nom de Pascal CANFIN n’en ont jamais entendu parler. Or, pendant cinq ans, Canfin a joui d’un pouvoir effectif infiniment supérieur à celui de la totalité des parlementaires nationaux. Car, je le rappelle, un texte adoubé par Canfin et son affreuse majorité hétéroclite allant de la pseudo-droite à l’extrême gauche haineuse s’impose à tous les parlements, gouvernements et cours de justice des États membres de l’UE, cela pour toujours. Magie de la primauté du droit européen ! Ainsi le niveau de pouvoir le moins démocratique et le moins représentatif au sens authentique — l’UE — écrase-t-il les démocraties véritables.
Parlons d’avenir
On annonce au Parlement européen une vague de droite et, comme le dit notre presse inimitable, ‘d’extrême droite’. De fait, cela paraît probable. Un sondage confidentiel réalisé par Le Républicains en France (centre, ex-droite) indique qu’en cas d’élections nationales aujourd’hui, le Rassemblement national deviendrait majoritaire à l’Assemblée nationale. Les sondages concordent par ailleurs à offrir une large victoire à la droite dans de nombreux pays européens.
Si cela suffira à renverser la vapeur - pardon, l’éolien - c’est ce que personne ne peut dire actuellement. En effet, trois facteurs majeurs assurent aux extrémistes de gauche écologistes une rente de situation au sein de l’UE.
D’abord, le fait qu’au niveau européen comme en Belgique, on considère tout à fait normal de voter avec l’extrême gauche, tandis que voter avec la droite radicale reste équivalent à taper un bisou au Diable. S’il n’existe pas d’équivalent européen strict à l’ineffable cordon sanitaire — cette exclusivité wallonne — il n’en reste pas moins que les pseudo-libéraux de RENEW ont par exemple systématiquement mêlé leurs votes à ceux de l’extrême gauche, tandis qu’ils crachant par terre puis s’évanouissent à la seule idée de voter avec la droite.
Ensuite, les ONG écologistes les plus extrémistes (telles Greenpeace) sont institutionnellement associées à la décision au sein même des institutions européennes. Le plus récent Rapport d’impact de la Commission européenne (6 février 2024), qui prévoit la réduction de 90% des émissions de CO2 pour 2040, texte délirant, pourrait avoir été publié à 99% par Greenpeace, tant il en relaie servilement la détestable Weltanschauung antihumaniste et anti-économique. Ces ONG ne se laisseront pas déloger facilement ; elles sont engrammées dans le fonctionnement des institutions européennes qui les financent par ailleurs (leur monde est bien fait).
Surtout, l’idéologie écologiste porte bien au-delà des partis écologistes, qui déjà ne représentent que 10% au Parlement européen et qui vont prendre une râclée mémorable, car même le plus naïf des électeurs comprend confusément que des gens qui veulent le tondre et l’empêcher de respirer ne lui veulent pas du bien. Ce sont les écologistes de tous les partis qu’il faut déloger, et non les seuls partis écologistes.
L’avenir de l’Europe et de nos enfants est à ce prix.
Drieu Godefridi, PhD