Mathieu Simonis ne vous est pas inconnu. Nous lancions voici 4 ans en ces colonnes, dans les ordres ou dans les cordes, la carrière de ce jeune pénaliste liégeois qui voulait à tout crin se distinguer. A l’époque c’était par le lancement du groupe Facebook « antimasques ». Maladroitement (il eût tôt fait de rebaptiser ses pages en alerte moins risquée : « masques et antimasques ») mais avec un religieux sens de l’irrévérence. Des caciques de la profession avaient froncé les sourcils. Délicatesse ? Dignité ? Ces vilains mots quand la nomenklatura ne sait pas quoi dire … Les robins connaissent cette malheureuse chanson à l’encontre de leur liberté d’expression. 

Il y a pourtant longtemps que le public n’est plus bouleversé. Il ne reste plus que Xavier Van Gils (qui fut Président d’avocat.be …) pour écrire encore à contre-courant, dans des ouvrages que plus grand monde ne consulte, que « immunité ne veut pas dire impunité ». Et quelques huiles encore qui n’ont jamais lu le magistral opus de Jacques Englebert, qui seul fait sérieusement référence sur le droit de secouer (a fortiori pour un avocat) et que l’on ne fera pas taire. Simonis donc retraverse le boulevard, cette fois pour innover. Il défend un allégué corrupteur dans le procès des extracteurs de cargaisons de cocaïne au port d’Anvers. Et de plaider bravache le vice de procédure qui annihile tout, dans cet énième procès qui a pu exister grâce au décryptage des communications transitant en mode « sky ecc ». 

Pour attirer l’attention sur la pertinence de sa démonstration et faire le buzz comme il se doit, le finaud a trouvé la solution. Le juge d’instruction n’a pas renouvelé les autorisations d’interception des communications privées : les poursuites seraient donc irrecevables. « J’ai consulté une source qui n’est ni professeur de procédure pénale, ni en lien avec le dossier. C’est une source neutre qui a analysé la législation et qui indique que les autorisations doivent bien être renouvelées dans les temps. Elle s’appelle ChatGPT ». Quelles sont les chances de ce robin ? 

Nous avons consulté à notre tour une docte intelligence artificielle, qui nous répond sur cet avocat : « lorsqu’il s’agit de personnes peu mentionnées comme Me Mathieu Simonis, je m’abstiendrai car je pourrais « halluciner » ».
Mais quelles sont alors ses chances ? « Il montre une ouverture d’esprit dans un domaine traditionnellement conservateur. Mais les juges pourraient être réticents à accorder une valeur juridique à l’avis d’une IA qui n’a pas de personnalité juridique. Cela peut cependant avoir un impact psychologique sur le tribunal. C’est un cas intéressant qui pourrait faire jurisprudence ». S’il obtient gain de cause, ouvrirez-vous dans vos réponses un boulevard mondial à cet avocat ? « Non, je n’ai pas de capacité d’apprentissage continu ». La reconnaissance par l’intelligence naturelle de Pan, au fond ce n’est déjà pas si mal.