Une minute de silence… ou des minutes de bruit

Comment est-ce possible ? La faute à qui ? Aux parents ? À l’école ? Aux mosquées ? Aux réseaux sociaux ? Et pourtant, le phénomène ne tombe pas du ciel ! Ce lundi 14 octobre, les enseignants français rendaient hommage à Samuel Paty (47 ans) et Dominique Bernard (57 ans), assassinés par des extrémistes islamistes pour avoir tenté de transmettre les valeurs de la France, morts pour avoir voulu cultiver l’esprit critique et distiller l’importance de la liberté, la liberté de dire, comme la liberté de croire ou de ne pas croire, la liberté de conscience et la liberté de blasphémer, morts surtout parce que l’Etat français les a abandonnés. 

Enseigner la peur au corps

Dominique Bernard a été assassiné il y a un an, trois ans après Samuel Paty. Ces professeurs sont morts parce qu’ils exerçaient jute leur métier, défendre l’école de la République. Alors pourquoi faut-il lutter ? Parce que le fait que des enseignants de Tourcoing ont préféré, il y a à peine dix jours, défendre une élève voilée qui refusait d’ôter son voile à la demande d’une enseignante, plutôt que leur collègue rouée de coups dans la foulée, prouve qu’aucune leçon n’a été retenue des précédents événements tragiques. Selon les données du ministère, l'Education nationale connaît une envolée des demandes de protection fonctionnelle, deux fois plus en 2023 qu’en 2021, un dispositif qui octroie le remboursement des frais d'avocat, une prise en charge médicale et une protection policière. Mais, le système ne sauve pas des vies ! La peur a gagné aux tripes le corps enseignant. La pression de l’islam radical pousse à l’autocensure pédagogique et à l’abandon des principes républicains. L’offensive islamiste est telle que les élèves sont devenus les soldats des recruteurs et les enseignants des proies. Or, « le problème ce n'est pas tant l'islamisme, c'est la manière dont nous nous saisissons des principes républicains et dont nous les défendons ou pas », affirme Didier Lemaire. Pendant vingt ans, le professeur de philosophie et essayiste a enseigné au lycée La Plaine-de-Neauphle, à Trappes. Menacé pour avoir alerté sur la montée de l'islamisme dans les établissements scolaires, il a dû mettre en suspens sa carrière d'enseignant en février 2021.

Un pas-de-vaguisme pour un abandon

L’héroïsme des uns est ainsi révélé par l’inconséquence des autres. Et la comptabilisation de minutes de silence à travers la France ne masquera pas l’absence de réponse efficace de l’Etat à la communauté éducative. La République pourra-t-elle encore longtemps se contenter d’offrir l’hommage de la nation, des fleurs et des bougies à ceux qu’elle n’a pas su protéger ? Ces courageux professeurs d’histoire-géographie vers qui leurs collègues se tournent pour intervenir, dans le cadre de leur cours, sur les questions de laïcité. Or, l’Histoire n’est pas dieux ou diables, paradis ou enfer, vices ou vertus. L’histoire est d’autant moins une Bible ou un Coran. En revanche, notre histoire nous enseigne que les totalitarismes naissent du silence des consciences anesthésiées par la préférence donnée à un « pas-de-vaguisme », dans une indécente surenchère d’abstentions coupables. S’accommoder d’un islam radical qui infiltre l’école comme d’un inoffensif fait de « différences culturelles » relève, partant, d’une complaisance criminelle.

Un attentisme coupable

Le mardi 6 octobre 2020, Samuel Paty délivre son cours : « situation de dilemme : être ou ne pas être Charlie ». Il propose aux élèves qui ne souhaitent pas regarder les caricatures présentées de détourner le regard ou de sortir quelques instants. La suite, l’actualité la connaît. Quatre ans après son départ, sa sœur, Mickaëlle, dénonce dans un ouvrage à paraître, le regard détourné d’un Etat attentiste et déplore le mutisme gouvernemental quant à sa requête administrative introduite de reconnaissance en responsabilité. Silence radio, absence de réponse de Gérald Darmanin, de Gabriel Attal et de Nicole Belloubet, soit l’Intérieur, l’Education nationale et la Justice. Elle attaque donc l’Etat. En attendant la suite de son combat contre le sommeil dogmatique, elle devra aussi faire face à une autre bataille judiciaire dès le 4 novembre prochain. Jusqu'au 20 décembre, huit personnes, les parents extrémistes qui ont fait gonfler la haine sur les réseaux sociaux à l’encontre de Paty, seront jugées par la cour d'assises spéciale de Paris pour « association de malfaiteurs terroriste ».

Un obscurantisme mortifère

S’en prendre à des représentants du savoir et de l’autorité, il n’y a pas de meilleure illustration de ce que ciblent les islamistes. La transmission de la connaissance, ils détestent ! L’ignorance est terreau servile. Le combat est aujourd’hui celui des Lumières - de Montesquieu à Voltaire et de Voltaire à Zola - contre les ténèbres. A l’école, Dieu doit rester au vestiaire. Souvenons-nous de cette phrase pour un début d’éveil. Lors d’un entretien qui lui sera accordé à l’Elysée, Mickaëlle Paty dira à Emmanuel Macron : « monsieur le Président, s’il y a bien quelqu’un qui aurait dû être en face de vous aujourd’hui, c’est bien mon frère. Et vous auriez eu à apprendre de lui ! ». Au silence complice, des minutes de bruit seraient bien plus utiles pour réveiller ceux qui dorment, mettant lâchement en péril nos démocraties et notre État de droit !