Les partis de la coalition dite « Arizona » ont du mal à s’entendre. Surtout sur les questions sociales et économiques, où les convergences que l’on avait cru discerner ne sont pas aussi évidentes que cela. Notamment, sur le plan fiscal, le point de vue du MR paraît difficilement compatible avec celui de Vooruit, mais aussi avec celui du CD&V qui, rappelons-le, est le parti de l’actuel ministre des finances, l’ultra taxateur Vincent Van Peteghem …

En revanche, il semble que les cinq partis s’entendent mieux sur les questions dites de « sécurité ». On annonce la création d’un ministère de la « sécurité », plutôt que le classique ministère de l’intérieur, ce qui n’est sans doute pas bien grave. En revanche, la conception générale des questions de police et de justice que l’on voit apparaître dans les intentions déclarées des partis de cette éventuelle majorité sont forts inquiétantes pour ceux qui veulent défendre les libertés.

L’idée est sans cesse d’accroître les compétences de la police, c’est l’idée du « meer blauw op straat », alors que, quoi qu’on en dise, la police belge est, en proportion de la population, une des plus pléthoriques au monde.

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Et puis il y a cette obsession de nos gouvernements de construire de plus en plus de prisons. Pour aller plus vite, on va même jusqu’à envisager d’en installer dans des bateaux ou des bâtiments qui ne sont manifestement pas faits pour cela. L’échec manifeste de la prison de Haren, et l’incapacité à fermer celle de Saint-Gilles, pourtant insalubre, montre l’incapacité de l’État à agir. Pendant ce temps, les prisons sont surpeuplées malgré l’augmentation du nombre de places.

Les peines prononcées par les tribunaux sont de plus en plus lourdes, et cela correspond manifestement à la conception de l’ancienne majorité comme de l’éventuelle majorité Arizona :  réprimer toujours plus.

Pourtant, personne ne peut sérieusement imaginer que la prison soit une solution pour la plupart de ceux qui s’y retrouvent. Presque tous en sortent toujours dans un pire état, et plus dangereux qu’ils y sont entrés. L’exemple américain, où l’on emprisonne massivement une personne sur cent dans l’ensemble de la population, montre l’inefficacité du système.

La solution est au contraire de dépénaliser des infractions qui ne justifient pas des sanctions aussi lourdes que la prison, ou de prévoir un autre système répressif pour les infractions qui ne figurent pas parmi les plus graves. On ne cesse de dire qu’on va le faire mais on ne le fait jamais.

La responsabilité, cette fois, incombe à tous les partis, en en ce compris ceux qui devraient défendre la liberté et parfois l’affirment. Le libéralisme, ce n’est pas seulement une doctrine économique, c’est d’abord cesser d’enfermer des personnes sans utilité pour quiconque.

Le problème le plus grave est celui de la drogue. Un prisonnier sur deux, en Belgique, est enfermé, comme prévenu ou comme condamné, pour des questions de drogue. C’est le taux le plus le plus élevé de toute l’Union Européenne.

Et pourtant, on ne cesse de vouloir accroître encore la répression de ce phénomène, y compris, même au MR, pour les simples consommateurs.

Il faudrait leur rappeler, pour ce qui concerne ceux-ci, que « les vices ne sont pas des crimes » : un drogué se cause incontestablement du tort, mais sa seule victime, c’est lui-même et il doit rester maître de son propre corps, et aussi en supporter les conséquences.

On n’envisage plus nulle part que la répression puisse être une solution au problème de la drogue. Au contraire, c’est elle qui, en raison des sanctions, fait de ce marché l’apanage des criminels. On augmente ainsi artificiellement les bénéfices de ceux-ci, au détriment des simples particuliers, et on accroît la violence dans l’ensemble de la société.

L’échec de la prohibition de l’alcool, aux États-Unis, montre qu’interdire ne sert à rien pour ce type de produits. Dans ce domaine comme partout, un marché libre avec une aide aux victimes des assuétudes est infiniment préférable sur le plan sociétal et en définitive moins coûteux pour les pouvoirs publics.

Le message que devrait faire passer ceux qui défendent les valeurs libérales dans un éventuel futur gouvernement c’est que la liberté doit prévaloir, pas seulement pour les questions d’argent.