Le Congo paye militairement sa faiblesse économique ; Kagame engrange.

Kinshasa tance Varsovie. Aucune chance d’être entendu par Andrzej Duda, Président de la République polonaise. L’accord militaire est conclu. Le Rwanda est nettement plus attractif au regard des entreprises polonaises. À l’inverse, au Congo, la législation traduit une profonde incapacité à comprendre ce qu’entreprendre signifie. Au paroxysme de cette calamité mentale, l’autorité de régulation de la sous-traitance démontre avec constance, à qui ne l’aurait pas encore compris, que l’investisseur étranger doit être soumis à ses interlocuteurs congolais. D’aucuns y voient du nationalisme alors que c’est de la prédation caractérisée. Des Congolais qui se servent, ce n’est pas le Congo qui se développe. Celui qui incarne cette autorité administrative ruineuse, Miguel Katemb Kashal, est un personnage qui s’affiche égocentriquement pour tenter de s’attribuer quelques mérites; là où il sape la confiance de l’investisseur. 

Sa dernière gesticulation internationale aurait fait pleurer de rire si elle n’avait été si dramatique pour l’image du pays. Au Forum minier Indaba, en Afrique du Sud, son passage a donné lieu à une sorte de messe de glorification personnelle, ridicule, où il s’était fait porter aux nues par un commentateur congolais idolâtre, multipliant les superlatifs. Le héros est apparu sur scène, triomphant, se félicitant de ce dont il se vantait. Spectacle pathétique. Heureusement, au gouvernement, Eustache Muhanzi Mubembe, ministre de l’Entrepreneuriat, Petites et Moyennes Entreprises, a judicieusement soulevé la nécessité de réformer la législation. En son état actuel, les entreprises ne se bousculent pas au portillon, et parmi celles qui s’y sont aventurées, l’on avertit d’un départ probable. Le spectacle «Kashalesque» a cessé de faire illusion, et exaspère. Trop de Congolais s’imaginent que les ressources naturelles du pays suffisent à la croissance les autorisant à soutirer n’importe quoi aux investisseurs. Mais il n’y aura jamais de développement sans de nombreuses entreprises, et pas d’entreprise tant que subsistera ce parasitage atavique. Observons qu’il dépasse largement la classe politique… 

Aujourd’hui, Varsovie se moque de Kinshasa. Si ses entreprises avaient choisi le Congo, il en aurait été tout autrement. C’est au Rwanda qu’elles s’installent. Un choix qui donne à réfléchir, car ce pays n’a aucune ressource à opposer au riche Congo. Alors, qu’est-ce qui fait la différence ? À vos plumes, les potaches, vous avez deux heures pour rendre vos dissertations. Cela fait soixante-quatre ans que les stratèges congolais sèchent à ce sujet. Les conséquences de leur incurie sont gravissimes, y compris au plan militaire. La situation à l’est est certes due à des ingérences étrangères, mais les culpabilités congolaises n’ont pas à être occultées pour autant. Combien de condamnations de corrompus ? Combien d’incapables sanctionnés ? Combien de Congolais tués, violés, déplacés, démunis de tout ? La faute d’autrui ? Uniquement ? Indépendance, tcha-tcha…

Le Président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo a engagé une refonte des capacités militaires congolaises. Et grâce à lui, l’Est devient l’enjeu de tous. Mais ces jours-ci, des émeutes à Kinshasa ont visé la MONUSCO et les Occidentaux: «agissez ou partez». Un slogan qui révèle à quel point cette pernicieuse mentalité est ancrée: encore et toujours, la faute est imputée à autrui, la solution en est attendue aussi tout en le menaçant. Tandis que si l’étranger en décidait, cela lui vaudrait d’être traité de colonialiste. De son côté, le Rwanda s’organise. Varsovie en a tiré les enseignements: l’accord prévoit l’armement et le renforcement des capacités logistiques rwandaises. Andrzej Duda l’a précisé: en passe d’accéder au titre de première Armée d’Europe, la Pologne fournira un soutien défensif à Kigali en cas d’attaque militaire. Une réponse à ceux qui rêvaient d’envoyer les nouveaux drones chinois dans le monde de Kagame.